Pour accompagner l’exposition « Le merveilleux-scientifique. Une science-fiction à la française », la BnF accueille un colloque réunissant collectionneurs, écrivains et universitaires autour de la genèse et la filiation littéraires du merveilleux-scientifique. Il est suivi d’une soirée consacrée à la fortune visuelle du genre.
En savoir plus sur l’exposition Le merveilleux-scientifique. Une science-fiction à la français
Présentation
Le colloque du 5 juin 2019 se compose de deux temps forts :
- de 9 h 30 à 17 h, en salle 70, il réunit collectionneurs, écrivains et universitaires autour de la genèse du modèle littéraire et de sa filiation à la plus tardive science-fiction ;
- de 17 h à 19 h 40, en banque de salle et dans le petit auditorium, la soirée est consacrée à la fortune visuelle du genre et notamment à ses manifestations les plus contemporaines chez des auteurs de bandes dessinées à succès.
Cette journée offre l’occasion d’explorer une Atlantide littéraire qui n’a rien à envier à la science-fiction américaine.
Programme
Par Jean-Marie COMPTE, directeur du département Littérature et Art.
Contexte et épanouissement du mouvement merveilleux-scientifique
Par Fleur HOPKINS (Paris 1 Panthéon-Sorbonne / BnF)
Fleur Hopkins, commissaire de l’exposition, introduit le colloque en évoquant les textes théoriques qui ont présidé à la constitution du modèle littéraire du merveilleux-scientifique. Quelle généalogie, quels ancêtres et quelle étymologie donner au récit merveilleux-scientifique ?
Par Pascal ROUSSEAU (Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Pascal Rousseau, professeur des universités et spécialiste des avant-gardes, éclaire l’imaginaire merveilleux-scientifique renardien à l’aune des parasciences et de l’occultisme ambiant de la fin du XIXe siècle. Télépathie, quatrième dimension, photographie des auras et spiritisme intriguent les savants les plus réputés, de Camille Flammarion à Charles Richet, qui soutiennent qu’il y a là des « forces naturelles inconnues », non encore comprises.
Par Jean-Luc BOUTEL (chercheur indépendant)
Jean Luc Boutel, à l’origine du site Sur l’autre face du monde, présente la diversité thématique du merveilleux-scientifique français. Il serait en effet absurde de croire de nos jours que la « science-fiction » débuta d’une manière assez tardive en France et que ce genre, pendant si longtemps décrié par une majorité bien-pensante, ne connut qu’un réveil pénible et tardif. En raison d’une histoire incertaine, parce que peu de spécialistes se sont penchés sur la question, elle fut considérée comme un genre mineur, aux formes floues et imprécises, le fait de quelques exemples anecdotiques qui n’eurent pas de grandes conséquences sur l’énorme production littéraire de notre pays.
Paysage littéraire du corpus merveilleux-scientifique
Par Daniel COMPERE (Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3)
S’agissant du merveilleux-scientifique, se pose la question de son caractère populaire. Pour répondre, Daniel Compère, spécialiste de Jules Verne, s’appuiera sur une double généalogie : d’une part celle d’une littérature qui passe, du XVIIe au XIXe siècle, d’un merveilleux féérique à un merveilleux scientifique, d’autre part, celle de la naissance de publications populaires au XIXe siècle, c’est-à-dire destinées à un grand public (donc largement diffusées et peu coûteuses).
Par Jean-Luc BUARD (Université Paris 13)
Jean-Luc Buard, historien de la presse et du roman-feuilleton, s’interroge sur le degré de « visibilité », et donc d’invisibilité, du merveilleux-scientifique, selon les époques, et les critères permettant de le mesurer : c’est questionner sa mise en oubli périodique, sa discontinuité, voire son destin historique.
Conversation entre Philippe ETHUIN (directeur de publication / ESPE Amiens) et Fabrice MUNDZIK (directeur de publication), les Orpailleurs (maison d’édition)
Philippe Éthuin, directeur des publications ArchéoSF, et Fabrice Mundzik, directeur des publications Bibliogs, discutent avec la collection « Les Orpailleurs » de la BnF, afin d’évoquer leur travail archéobibliographique et leur engagement dans l’exhumation de textes merveilleux-scientifiques méconnus. Comment réédite-t-on les œuvres merveilleuses-scientifiques aujourd’hui ? Échange animé par Fleur Hopkins.
Les héritiers du genre merveilleux-scientifique
Conversation entre Robert DARVEL (écrivain) et Jean-Guillaume LANUQUE (directeur de publication), animée par Jean-Luc RIVERA (chercheur indépendant)
Jean-Luc Rivera, organisateur des Rencontres de l’imaginaire de Sèvres, interroge Robert Darvel, écrivain, et Jean-Guillaume Lanuque, anthologiste chez Rivière Blanche, sur leur travail de redécouverte de l’imaginaire merveilleux-scientifique. Entre pastiches, réécritures et hommages, ces deux figures montrent que le merveilleux-scientifique a encore de beaux jours devant lui !
Par Arnauld PIERRE (Université Paris Sorbonne-Paris IV)
Arnauld Pierre, professeur en histoire de l’art à Sorbonne Université, relit les mythologies avant-gardistes de l’homme-machine et de la « fille née sans mère » dans la perspective élargie de la culture populaire et du merveilleux-scientifique. Que doit l’art des avant-gardes à l’imaginaire du roman scientifique ?
Par Natacha VAS-DEYRES (Université Bordeaux Montaigne)
Natacha Vas-Deyres, enseignante et chercheuse à l’université Bordeaux Montaigne, lauréate du Grand prix de l’imaginaire, s’interroge sur l’héritage du merveilleux-scientifique : Régis Messac, Jacques Spitz et René Barjavel sont-ils vraiment les continuateurs de l’anticipation définie par Maurice Renard ? Une même dynamique de création relie ces trois auteurs, créateurs d’une science-fiction ironique qui marque l’achèvement de la période glorieuse de l’anticipation progressiste à la française et semble être à l’origine d’une science-fiction plus moderne, spéculant sur l’échec et la destruction.
Échange entre Gérard KLEIN (écrivain et éditeur), Philippe CURVAL (écrivain), Guy COSTES (chercheur indépendant) et Joseph ALTAIRAC (chercheur indépendant), animé par Claire BAREL-MOISAN (CNRS-ENS Lyon) et Natacha VAS-DEYRES (Université Bordeaux Montaigne)
Gérard Klein, écrivain et éditeur, Philippe Curval, écrivain, Guy Costes et Joseph Altairac, férus encyclopédistes, discutent de la naissance de la science-fiction française. Quelle place donner au merveilleux-scientifique dans cette généalogie et en quoi Maurice Renard et ses pairs ont-ils favorisé le développement du roman scientifique en France ? Échange animé par Natacha Vas-Deyres, chercheuse en science-fiction, et Claire Barel-Moisan, directrice de l’ANR Anticipation.
Par Fleur HOPKINS (Paris 1 Panthéon-Sorbonne / BnF)
Programme de la Soirée visuelle
Avec Amélie SARN, Alex ALICE et Serge LEHMAN (Borne d’accueil entre les deux salles)
Par Marc MADOURAUD (chercheur indépendant)
Marc Madouraud, spécialiste en littérature populaire et notamment en science-fiction ancienne, propose de revenir sur la fortune de l’imaginaire merveilleux-scientifique dans le cinéma des origines, de Georges Méliès à Jean Renoir, au travers d’extraits choisis d’œuvres survivantes.
Par Guy COSTES (chercheur indépendant)
Guy Costes, collectionneur et rédacteur de la Bible RétrofictionS, évoque les grands illustrateurs du merveilleux-scientifique, aussi bien dans les récits sous images (Nadal, G. Ri, Valvérane, S. Pania, etc.) que dans les feuilletons et romans (Starace, Atamian, Toussaint, Thiriet, etc.). Une occasion de se replonger dans la culture visuelle, riche et méconnue, du merveilleux-scientifique.
Conversation entre Serge LEHMAN (scénariste, critique et écrivain), Amélie SARN (autrice-scénariste) et Alex ALICE (scénariste et dessinateur), animée par Fleur HOPKINS (Paris 1 Panthéon-Sorbonne / BnF) et Clément Hummel (Université de Caen Normandie)
Serge Lehman (La Brigade chimérique, L’Œil de la nuit, L’Homme truqué), discute avec Amélie Sarn (Les Aventures fantastiques de Sacré-Cœur) et Alex Alice (Le Château des étoiles) de l’influence de l’imaginaire scientifique (Verne, Renard, La Hire, etc.) sur leurs bandes dessinées, entre métafiction et rétrofutur. Échange animé par Fleur Hopkins, commissaire de l’exposition, et Clément Hummel, spécialiste de Rosny aîné.
Informations pratiques
date et Horaires
Mercredi 5 juin
9 h 30 - 19 h 40
Accès
Bibliothèque François-Mitterrand – salle 70 et petit auditorium
Entrée Est, face rue Emile Durkheim
Paris 13
Image : Maurice Renard, L’homme truqué, couverture et illustration de Louis Bailly – « Idéal-Bibliothèque » Paris : Pierre Lafitte. [1921] 1923.