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50 ans après la disparition de l’écrivain guatémaltèque Miguel Ángel Asturias, la BnF lui rend hommage
L’influence de la mythologie maya
Miguel Ángel Asturias est né au Guatemala en 1899 au sein d’une famille de la classe moyenne. Par l’intermédiaire de sa nourrice, Lola Reyes, il est en contact très tôt avec les contes et les légendes indigènes qu’elle lui raconte. Ces contacts nourris pendant sa plus tendre enfance auront plus tard une influence décisive sur ses écrits. Sa thèse de doctorat, publiée en 1923, qui porte le titre Le problème social de l’indien est d’ailleurs le reflet de cet intérêt tout comme sa traduction du Popol Vuh (1965), texte fondateur et sacré de la culture maya ou, pour reprendre les mots de Miguel Ángel Asturias, « la Bible quiché ». Dès le milieu des années 1920, un diplôme d’avocat en poche, il part en Europe, notamment en France où il poursuit des études universitaires.
L’écrivain nobélisé aux multiples talents
C’est en 1930 que paraît son premier livre, Légendes du Guatemala, une série de contes influencés par la cosmogonie maya. Miguel Ángel Asturias est également un écrivain engagé : en 1946, paraît Monsieur le Président, véritable chef d’œuvre des « romans du dictateur », genre narratif majeur qui accompagne le « boom latino-américain » jusque dans les années 70. Il y dépeint la réalité d’un régime autoritaire qui n’est pas sans rappeler celui de Manuel Estrada Cabrera, à la tête du Guatemala jusqu’en 1920 alors que l’écrivain y est étudiant.
Avec Hommes de maïs, publié en 1948, l’auteur revient aux mythes fondateurs de l’Amérique latine. Le titre du livre est puisé d’une légende maya selon laquelle l’homme est fait de maïs, aliment et plante sacrés. Asturias y dénonce avec lyrisme l’injustice faite au peuple indigène et met en lumière la richesse des traditions ancestrales mayas.
Auteur de contes et de romans, l’écrivain guatémaltèque est également poète et dramaturge. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1967, devenant le premier écrivain d’Amérique centrale à recevoir le prestigieux prix suédois et seulement le deuxième en Amérique latine, après la Chilienne Gabriela Mistral qui l’avait reçu en 1904.
Les liens étroits avec la France
Au milieu des années 40, Miguel Ángel Asturias entame en parallèle à son métier d’écrivain une carrière de diplomate, en devenant tour à tour ambassadeur de son pays en Argentine (1945-1951) et en France à deux reprises de 1952 à 1954, puis de 1967 à 1970. Lui qui avait été contraint à l’exil par le colonel Castillo Armas en 1954, avant d’être réhabilité par son pays en 1966, décide finalement de s’installer définitivement à Paris.
À la fin de sa vie, il fait don de ses archives à la Bibliothèque nationale de France qui les conserve aujourd’hui, au département des Manuscrits sur le site de Richelieu, sous la cote [Espagnol 648]. On y trouve des discours, sa correspondance, des écrits divers ainsi que deux objets : une canne en bois sculpté et un encrier. Est conservé également son prix Nobel de littérature (médailles et diplôme) qui consacre une œuvre foisonnante que l’on vous invite aujourd’hui, 50 ans après sa disparition, à découvrir ou à redécouvrir dans cette bibliographie.
Miguel Ángel Asturias repose aujourd’hui au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Le 9 juin dernier, 50 ans jour pour jour après le décès de l’écrivain, son fils, Miguel Ángel Asturias Amado, déclarait vouloir rapatrier les restes de son père et lui offrir une sépulture au Guatemala sous le gouvernement du nouveau président Bernardo Arévalo, en fonction depuis le 15 janvier 2024.