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Diffusion en ligne jusqu’au 24 mai à 18 h 30 – Dans le cadre des « Rendez-vous des métiers du livre », la bibliothèque de l’Arsenal accueille une séance consacrée à la projection du film documentaire de Henry Colomer, Des voix dans le chœur, consacré à trois traducteurs de poésie – Sophie Benech, Danièle Robert et Michel Vokovitch. En présence du réalisateur.
De longue date, le vif goût de Henry Colomer pour la littérature imprègne ses réalisations et se transpose tant dans des portraits d’écrivains des XIXe et XXe siècles que des documentaires s’attachant à mettre en regard un auteur et son traducteur. Avec Des voix dans le chœur, distingué par une étoile à la SCAM, c’est un trio de traducteurs privilégiant la poésie qu’il met à l’honneur – Sophie Benech, Danièle Robert et Michel Vokovitch. Le film place le spectateur auditeur à l’écoute de leurs doutes, leurs hésitations et leurs trouvailles.
Des voix dans le chœur - Éloge des traducteurs
Un film de Henry Colomer - 2017 | 65 minutes - © Saraband Films
Les poètes réveillent la musique qui sommeille dans les mots et des virtuoses relèvent le défi d’en assurer la transcription.
Sophie Benech, Danièle Robert et Michel Volkovitch nous invitent à partager dans leur atelier l’exercice d’équilibrisme qu’est la traduction de poésie. La greffe d’une langue à une autre, l’échange entre deux voix singulières : un voyage au royaume de la nuance.
Sophie Benech
Peut-on réduire Sophie Benech à la passion, pourtant lumineuse, du mot, de la nuance qu’il faut bien se résigner à sacrifier, ou du ton juste, qu’elle prend le temps de partager dans Des voix dans le chœur ? Certes, de Pouchkine à la lauréate du prix Nobel de littérature 2015 Svetlana Alexievitch, surtout connue pour La Fin de l’homme rouge, c’est tout un continent qu’elle convoque ! Loin de se contenter de traduire, lorsqu’elle présente au public francophone une personnalité aussi exceptionnelle que la poétesse et traductrice Anna Akhmatova, Sophie Benech propose une véritable « étude de style » de son « Élégie du Nord » (2018).
Son style a été couronné par le prix Laure-Bataillon pour sa traduction des œuvres complètes d’Isaac Babel. À côté de ce sommet, on lui doit une partie des Récits de la Kolyma de Varlam Chalamov, mais aussi des traductions de Ludmila Oulitskaïa ou Lydia Tchoukovskaïa (dont La Plongée, traduite par ses soins, a été lue par Anne Alvaro dans le cadre du Printemps des Poètes 2021).
Atteignant à la qualité de critique, Sophie Benech n’a pas attendu aussi longtemps pour créer, dès 1992, une maison d’édition curieuse et passionnée comme elle, Interférences
À côté de la langue source qu’elle peut traduire elle-même, sont mis à l’honneur l’anglais et l’américain, le polonais, l’allemand, le yiddish et même quelques textes méconnus de grands auteurs français entrés dans le domaine public.
Danièle Robert
Danièle Robert offre quant à elle un éventail étonnant de langues sources touchées par son talent et sa curiosité multiforme. Après une dominante anglo-saxonne et singulièrement américaine (Paul Auster), souvent liée à l’univers du jazz, une évolution dans le domaine latin (au sens propre mais aussi vers l’espagnol et surtout l’italien) se confirme. Ovide, dont la traduction lui vaut les honneurs du prix Laure-Bataillon et du prix de l’Académie Française, est un poète vers qui elle revient régulièrement et il n’a rien d’étonnant que sa traduction des Métamorphoses ait été choisie pour accompagner un livre d’artiste au tirage très exclusif.
Dans Des voix dans le chœur, elle se livre à une exégèse précieuse de quelques passages de L’Enfer de Dante, qu’elle rend en vers français - comme elle le fera par la suite pour l’ensemble de La Divine Comédie, ce qui représente une première justement remarquée.
Omettre la création de sa maison d’édition Chemin de ronde serait une erreur. C’est en effet dans ce cadre qu’elle peut choisir des auteurs d’une notoriété moins universelle mais néanmoins d’un grand intérêt. On pourra ainsi sur cet essai écrit par un traducteur contemporain de Baudelaire en italien, Mario Prete. Sous le titre évocateur, À l’ombre de l’autre langue (2013), se donne à lire une réflexion aux frontières de la traductologie et d’une pensée poétique plus large.
Michel Volkovitch
Qui aurait imaginé qu’après de solides études d’anglais, Michel Volkovitch choisirait, une fois devenu traducteur professionnel, le grec moderne comme (unique) langue source ? C’est pourtant ainsi, et de nombreux prix témoignent de sa réussite : Nelly-Sachs, Laure-Bataillon, Amédée-Pichot, mais aussi le prix Dedalos décerné par la Société des écrivains grecs.
Poèmes et chants populaires, nouvelles, théâtre et récits, il ne néglige aucun genre pour faire rayonner en français la littérature grecque moderne (à partir du début du 20e siècle). On signalera tout particulièrement sa re-traduction intégrale de l’œuvre du grand poète Constantin Cavàfis.
Près de quarante ans après avoir publié ses premières traductions, il fonda une maison d’édition à son image, Le miel des anges. Rien d’étonnant à ce qu’en 2013, une première collection s’attelle à composer une anthologie des poètes grecs du 21e siècle.
Directement écrites en français, ses œuvres personnelles sont d’abord publiées chez M. Nadeau et l’on en retiendra tout particulièrement son Verbier, joli mot-valise désignant un herbier verbal pour des écrivants. Après un passage aux Vanneaux en 2011 et 2012, dès 2013, il franchit le mur invisible du numérique avec publie.net.
On ne saurait trop recommander la consultation régulière de son site personnel foisonnant, aiguisant la curiosité et cultivant un humour parfois féroce.
Informations pratiques
Diffusion en ligne jusqu’au 24 mai à 18 h 30
Date et Horaires
Lundi 17 mai 2021
18 h 30 – 20 h