Archives de la Bastille

Le 14 juillet 1789, dans l’enthousiasme de la prise de la Bastille, les émeutiers précipitent dans les fossés de la forteresse ou répandent dans les salles de la prison les archives qui y étaient conservées et soigneusement classées. Au pillage - entrepris par les amateurs de curiosités historiques notamment -, succède une prise de conscience et un élan tout « républicains » : les archives sont progressivement rapportées et reconstituées.

Ameilhon, bibliothécaire et historiographe de la ville de Paris, alors en charge du dépôt littéraire de Saint-Louis la Culture, les réclame, et se les voit confier par le maire en 1791. Elles le suivront à la bibliothèque de l’Arsenal, dont il devient administrateur en 1798.

Au milieu du XIXe siècle, François Ravaisson, bibliothécaire à l’Arsenal, entreprend un premier classement des documents, alors laissés à l’abandon. Il en tire une importante publication, Archives de la Bastille, documents inédits (Paris, A. Durand et Pedone-Lauriel, 1866-1884), dans laquelle il décrit aussi des documents conservés dans d’autres institutions. Cette publication est interrompue par son décès. L’inventaire du fonds est finalement repris et terminé par Frantz Funck-Brentano qui en publie le catalogue en 1892. Celui-ci consacrera par ailleurs de nombreux ouvrages d’érudition ou de vulgarisation aux plus célèbres dossiers : Affaire des poisons, Affaire du collier de la Reine, le prisonnier Latude etc.

Comment être emprisonné à la Bastille

Jean Henri, dit Danry puis Latude, garçon chirurgien né en Languedoc en 1725 et monté à Paris en 1748, est l’archétype du prisonnier de la Bastille. Pour s’attirer la faveur de Mme de Pompadour il avait imaginé de lui envoyer une pseudo boîte explosive et de dénoncer lui-même ce complot imaginaire. Il fut arrêté le 1er mai 1749 et jeté à la Bastille. Dès lors il multiplia les évasions et les réincarcérations dans les diverses prisons parisiennes. Il se montra un prisonnier insupportable et extravagant, se répandant en suppliques et récriminations. En 1784, ayant réussi à apitoyer jusqu’à la reine Marie-Antoinette, il fut libéré et devint la coqueluche des salons. Après la prise de la Bastille, il remplit le rôle de victime exemplaire du despotisme de l’Ancien régime, écrivant des Mémoires pleins d’exagérations. Il mourut en 1805.

Ces papiers de la Bastille ne sont pas seulement les archives nées de l’activité quotidienne de la prison. Lieu royal très protégé, la forteresse servait aussi de dépôt à l’Administration, pour des documents d’importance. «Papiers de famille importants, traités de paix, plans d’attaque et de campement… », écrit Charpentier dans sa Bastille dévoilée, ajoutant : « C’est à ce cloaque infect qu’alloient se dégorger secrètement tous les canaux du despotisme ».

Les Archives se répartissent ainsi :

  • Archives de la Lieutenance de Police (correspondance, notes, procès-verbaux, gazetins de police, dossiers des divers bureaux)
  • Archives de la prison de la Bastille – et du donjon de Vincennes (livres d’écrou et dossiers concernant les prisonniers : procédures, consignes de détention, courrier reçu ou émis)
  • Archives des chambres de l’Arsenal, du Châtelet et du Parlement
  • Archives de la Maison du roi
  • Papiers privés de certains membres du personnel de la prison (en particulier la collection des documents généalogiques et patrimoniaux de son dernier gouverneur).

 

À noter

Tous les manuscrits de fonds sont décrits dans le catalogue BnF archives et manuscrits. On pourra consulter aussi le Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de l’Arsenal. T.9. Archives de la Bastille, par F.Funck-Brentano (Paris, 1892).

Une partie du fonds est déjà disponible dans Gallica. La numérisation des archives se poursuit. On accède aux documents numérisés à partir du catalogue BnF Archives et Manuscrits ou directement à partir de la bibliothèque numérique (menu Collections).

  

 

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