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François Chauveau et Baptiste Pellerin : de plume et d'encre
La BnF a acquis un ensemble de dessins du graveur François Chauveau et du peintre Baptiste Pellerin qui viennent compléter les collections de dessins des XVIe et XVIIe siècles conservées au département des Estampes et de la photographie.
Un exceptionnel ensemble de quarante-trois dessins du graveur François Chauveau (1613-1676) et neuf dessins du peintre Baptiste Pellerin (XVIe siècle), provenant très vraisemblablement d’un album issu de la famille Chauveau, vient d’entrer dans les fonds de la Bibliothèque.
Chauveau, un aquafortiste prolifique…
Le catalogue de François Chauveau compte près de 3 000 pièces, en majorité de son invention. Il est, avec Jacques Callot, Robert Nanteuil et Claude Mellan, l’un des seuls graveurs à qui Charles Perrault accorde l’honneur de ses Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle (1700) en soulignant qu’« il ne s’est presque point fait de livre considérable de son temps où il n’y ait quelques planches dessinées de sa main ». De fait, Chauveau a illustré les premières éditions d’auteurs classiques comme La Fontaine (132 vignettes des Fables), Molière, Racine, Corneille, Boileau, sans compter tous les auteurs de romans héroïques ou burlesques, de Scarron à Desmarets de Saint-Sorlin en passant par Scudéry ou La Calprenède.
… à l’imagination féconde
Les œuvres de Chauveau acquises par la BnF sont presque toutes des dessins préparatoires à des illustrations de publications réalisées à la fin de sa vie, vers 1670-1675, dans des domaines variés – livres religieux, livres d’histoire, de numismatique ou de littérature. On y trouve également deux vignettes des Fables de La Fontaine (seconde édition augmentée de nouvelles fables de 1671), ainsi que des études de costumes pour les livrets de l’Atys et du Thésée de Quinault mis en musique par Lully (1675-1676). Quelques dessins n’ont pas été gravés, à l’image de deux pièces d’actualité sur la vie du chancelier Séguier, montrant la proximité de l’artiste avec Charles Le Brun, ou d’une série de muses qui prouvent que son « imagination féconde », vantée par Perrault, s’appliquait aussi à donner des modèles à d’autres artisans. Cette acquisition fait de la BnF, qui possédait déjà treize dessins de sa main, l’institution détentrice du plus important corpus de dessins de François Chauveau, soit 250 pièces.
Pellerin, peintre de l’école de Fontainebleau
S’ajoutent neuf petits dessins en médaillons du XVIe siècle, personnifications de vertus ou de valeurs positives, figures féminines debout dans des paysages, avec leurs attributs, tracées très finement à la plume et encre brune : la Connaissance, l’Espérance, la Piété, la Prudence, la Tempérance, la Vérité, la Science, la Libéralité. Ils sont attribués à Baptiste Pellerin, peintre de l’école de Fontainebleau, actif à Paris vers 1550-1575. Ce dessinateur est très lié au monde de la gravure et des arts décoratifs à qui il a donné de nombreux modèles. Ces médaillons, préparatoires à des gravures de même format du célèbre buriniste Étienne Delaune, sont aussi à mettre en lien avec quatre autres dessins conservés au musée des Beaux-Arts de Rennes et à la BnF. Représentant les mêmes compositions, mises au net à la plume dans des dimensions plus larges et de patrons sans doute destinés à des réalisations de plus grand format, ces dessins révèlent comment l’artiste déclinait ses inventions pour différents arts décoratifs.
Vanessa Selbach
Article paru dans Chroniques n° 98, septembre-décembre 2023