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Trouvailles monétaires
Le département des Monnaies, médailles et antiques de la BnF porte depuis 1978 le programme de recherche « Trouvailles monétaires », qui vise à étudier et valoriser les découvertes numismatiques faites sur le territoire national, notamment par le biais d’une série de publications Trésors monétaires – 30 volumes à ce jour – et d’une base de données en ligne accessible au public à partir de la fin 2023.
Le trésor (ou dépôt) se conçoit archéologiquement comme un ensemble d’objets, précieux ou non, qui a été volontairement rassemblé avant d’être enfoui. Le département des Monnaies, médailles et antiques, héritier du cabinet des Médailles, conserve de nombreux trésors, qui peuvent prendre la forme de dépôts monétaires ou de spectaculaires ensembles d’orfèvrerie, à l’instar du remarquable trésor de Berthouville exposé dans le nouveau musée de la BnF.
Publier les trésors monétaires
Quand un trésor monétaire ne peut être acquis par une institution publique, il est impératif de le documenter avant qu’il ne soit dispersé, c’est-à-dire d’en dresser l’inventaire, de réaliser une couverture photographique au moins partielle et, in fine, de le communiquer via une publication. Celle du trésor de Lattaquié (Syrie) par Joseph Pellerin, en 1765, constitue le premier exemple d’étude considérant un trésor monétaire dans son ensemble : auparavant, les savants s’intéressaient aux monnaies rares et inédites et négligeaient les autres. Un de ses fragments est d’ailleurs à découvrir dans le musée de la BnF, qui consacre une large section à l’Antiquité. Ce n’est qu’après la fin de la Seconde Guerre mondiale que les études détaillées de trésors monétaires se sont développées, notamment sous l’impulsion du cabinet des Médailles. En raison du volume considérable de ce type d’études, qui comportent d’imposants catalogues, l’idée d’une publication dédiée au sujet s’est rapidement imposée. C’est ainsi que naît en 1979 la série Trésors monétaires dont le volume XXX, consacré à l’argent gaulois, est paru aux éditions de la BnF en janvier 2023. À ce jour, 264 128 monnaies provenant de 224 ensembles (dont 209 trésors) y ont été publiées. Parmi tous ces ensembles, 10 relèvent de l’époque gauloise, 150 de l’époque romaine, 25 de l’époque médiévale, 33 de l’époque moderne et trois de l’époque contemporaine. Le volume XXXI, actuellement en préparation, a pour thème les trésors d’or romains et révèle celui, extraordinaire, de Fontaine-la-Gaillarde.
Recenser tous les trésors en France…
Outre l’étude physique de trésors, le département des Monnaies, médailles et antiques s’est récemment engagé dans un inventaire des trouvailles monétaires à l’échelle nationale. La tâche est colossale : les trésors monétaires découverts en France se comptent par milliers ; leur taille varie de deux monnaies à plusieurs dizaines de milliers de pièces. Le plus souvent mis au jour dans le cadre de fouilles, ils sont aussi trouvés de manière fortuite par des promeneurs, ouvriers ou agriculteurs. Leur recherche au moyen d’un détecteur de métaux est en revanche illégale, l’usage de ces appareils étant strictement encadré. Si des inventaires nationaux existaient avant le programme de la BnF, le numérique a permis d’envisager les bases d’un relevé englobant toutes les périodes.
… via une base de données nationale
Deux plans quadriennaux successifs de la recherche de la BnF (2016-2023) vont ainsi prochainement aboutir à la création d’une base de données nationale permettant le recensement exhaustif des trésors trouvés en France. Pour ce faire, un réseau de partenaires coordonné par la BnF a été mis en place dans le but de s’assurer de l’interopérabilité des données émanant des différents projets de recherche. Parmi eux, l‘inventaire rétrospectif des trésors découverts en France, engagé depuis 2016 par le département des Monnaies, médailles et antiques, qui dépouille toutes les publications et les abondantes archives qu’il conserve. Il compte aujourd’hui 8 610 entrées (trésors, ensembles de monnaies de fouilles ou monnaies d’or isolées). Dans un premier temps, l’effort s’est principalement porté sur l’inventaire des trésors de monnaies antiques, particulièrement nombreux. Par ailleurs, quelques trésors importants ont fait l’objet dans la base d’une saisie à la pièce. C’est notamment le cas des trésors de Saint-Germain-lès-Arpajon (34 000 monnaies romaines) et d’Auriol (2 000 monnaies grecques). Dès la fin de l’année 2023, chercheurs et grand public pourront accéder à cet inventaire sous forme numérique via une base de données en ligne créée sur Heurist®. Régulièrement mise à jour, elle continuera d’être alimentée par les découvertes récentes et le dépouillement des archives conservées à la BnF.
Ludovic Trommenschlager
Article paru dans Chroniques n° 98, septembre-décembre 2023