Abdulrazak Gurnah Prix Nobel de littérature 2021

 

De Zanzibar à l’Angleterre

Abdulrazak Gurnah – Photo PalFest
Né en 1948 à Zanzibar, Abdulrazak Gurnah a fui dans les années 1960, pendant la révolution, pour s’installer en Angleterre. Étudiant, il commence à écrire en anglais, même si le swahili est sa première langue. L’Académie suédoise a récompensé l’auteur pour son œuvre traitant « avec empathie et sans compromis des effets du colonialisme et du destin des réfugiés pris entre les cultures et les continents ».

Un romancier postcolonial

Auteur de 10 romans et de plusieurs nouvelles, Abdulrazak Gurnah est resté relativement peu connu du grand public, même s’il est considéré comme l’un des romanciers postcoloniaux d’envergure. Sa nomination est alors une surprise pour plus d’un, y compris pour le romancier lui-même, qui pensait d’abord que c’était une plaisanterie.
Le premier roman de Gurnah, Memory of departure, publié en 1987, met en scène un jeune homme vivant dans une ville côtière quelque part en Afrique de l’Est. Il se rend compte en grandissant que sa communauté est trop étriquée pour ses désirs de vie urbaine. Ce livre annonce déjà des thèmes qui parcourent toute l’œuvre d’Abdulrazak Gurnah, tels que la migration, le voyage, la diaspora. C’est avec Paradise (1994, traduit en français: Paradis, en 1995), nominé pour le Booker Prize, qu’Abdulrazak Gurnah commence à être plus connu du public. Ce roman, dont l’intrigue se situe avant la Première Guerre mondiale et où le jeune Yusuf, vendu par son père à son oncle en règlement de dette, accompagne ce dernier lors de missions commerciales dangereuses à l’intérieur du continent noir. Il est souvent rapproché du roman de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres mais comme une révision postcoloniale de ce texte.

L’histoire du monde en Afrique de l’Est

Le dernier roman d’Abdulrazak Gurnah, Afterlives, publié en 2020 et non encore traduit en français, se déroule en Afrique de l’Est sous le régime colonial allemand avant la Première Guerre mondiale. Les prémisses de cette guerre y sont racontées depuis plusieurs perspectives. Comme le précise l’Académie Nobel à propos de l’œuvre de Gurnahn, ce roman s’éloigne des « descriptions stéréotypiques et ouvre notre regard à une Afrique de l’Est diverse culturellement qui est mal connue dans de nombreuses parties du monde ».

Écrivains africains lauréats du Prix Nobel de littérature

Abdulrazak Gurnah, qui était, jusqu’à sa retraite récente, professeur de littérature anglaise et postcoloniale à l’Université de Kent en Angleterre, est le cinquième lauréat africain et, après Wole Soyinka, le deuxième lauréat africain noir. Il a dédié son prix « à l’Afrique et aux Africains ». Il a ajouté que le prix met sur la carte la crise migratoire et le colonialisme. Espérons que ses trois romans traduits en français, Paradis (1995), disponible dans la salle G de la Bibliothèque tous publics, Près de la mer (2006) et Adieu Zanzibar (2009) seront bientôt de nouveau disponibles et que d’autres suivront.