• Brèves de la BnF

Hommage à Annie Le Brun

L’Infini dans un contour d’Annie Le Brun - D.R.

Apprenant la disparition brutale d’Annie Le Brun, la Bibliothèque nationale de France s’associe à la douleur de son frère Alain Le Brun et de sa nièce. Elle rend hommage à cette personnalité exceptionnelle qui, pour avoir la liberté de construire son œuvre et défendre les valeurs, les artistes et les écrivains qui lui tenaient à cœur, a eu le courage de renoncer à tout confort matériel et professionnel.

Exégète du surréalisme, de l’œuvre du marquis de Sade, de Raymond Roussel, elle a publié de très nombreux ouvrages sur ces écrivains. Elle a également fait vivre l’œuvre de son mari, le poète et dramaturge croate Radovan Ivsic (1921-2009), réfugié à Paris en 1954 où il avait rejoint le groupe surréaliste, et celle de Toyen (1902-1980), artiste praguoise exilée à Paris en 1947. Annie Le Brun lui consacra une grande rétrospective en 2022 au musée d’Art Moderne de Paris, Toyen, l’écart absolu, la dernière des expositions dont elle se soit chargée après Cibles au musée de la Chasse et la Nature en 2012 et Attaquer le soleil en 2014 au musée d’Orsay.

Son œuvre commencée en 1967 est aussi diverse qu’abondante : poète et essayiste, historienne de la littérature et de l’art, éditrice, pamphlétaire, elle s’était particulièrement attachée ces dernières années à analyser la surabondance des images disponibles et à pourfendre l’instrumentalisation des chefs-d’œuvre de l’art à des fins commerciales. 
Plaidant sans concession pour les droits imprescriptibles de l’imagination, elle a mis tout son talent d’écriture à défendre avec la même intransigeance la liberté des écrivains et des artistes contre toutes les formes d’oppression et de censure.

Femme de cœur, elle était une femme profondément libre : farouchement ennemie de l’imposture et de la servilité, de toutes les espèces possibles d’aliénation. L’insoumission lui était une règle de vie, qui donnait à sa voix sa force singulière.

 

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