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Cette exposition, précédemment présentée à Paris, sur le site François-Mitterrand de la BnF, rend hommage à la comédienne Catherine Sellers, figure marquante de la scène théâtrale du XXe siècle. L’exposition en Avignon, complétée par des pièces issues des collections de la Maison Jean Vilar, évoque son lien avec le Théâtre national populaire et le Festival d’Avignon de Jean Vilar, qui lui confia le rôle-titre d’Antigone, pièce jouée dans la Cour d’honneur du Palais des papes en 1960.
L’exposition en détail
Photographies d’artistes, lettres, carnets, costume, affiches et programmes de spectacle…, une centaine de documents sélectionnés parmi les 2 000 pièces léguées par le couple Sellers-Tabard à la BnF mettent à nouveau Catherine Sellers sous les feux des projecteurs, en Avignon. Interprète des plus grands auteurs, de Racine à Beckett en passant par Claudel et Michaux, Catherine Sellers (1926-2014) a vécu les 1001 vies propres aux comédiennes de grand talent, jalonnées par des rencontres déterminantes avec Albert Camus, Marguerite Duras, Jean-Louis Barrault ou Pierre Tabard, son époux, avec lequel elle créa une compagnie de théâtre.
Née à Paris en 1926, elle s’inscrit en 1951 au cours d’art dramatique de Tania Balachova. Devenue comédienne, elle joue avec les plus importants metteurs en scène de son époque. Dès 1953, le jeune Claude Régy la dirige dans La Vie que je t’ai donnée de Pirandello : la presse salue son jeu, au service d’une scénographie novatrice, « à travers des brumes nordiques, des silences suédois, des accablements danois et des ralentis finlandais », ainsi que l’écrit à l’époque le critique Jacques Lemarchand.
Sous le regard d’Albert Camus
À peine deux ans plus tard, Albert Camus, qui assiste à la représentation de La Mouette montée par André Barsacq, repère Catherine Sellers. Il lui donne un rôle dans deux de ses adaptations théâtrales, Requiem pour une nonne de Faulkner (1956) et Les Possédés de Dostoïevski (1959). C’est le début d’une collaboration théâtrale déterminante et d’une liaison amoureuse qui sera interrompue par la mort accidentelle de l’écrivain. De nombreux documents en témoignent, comme des carnets de notes où se mêlent le travail et l’intime, des épreuves d’éditeurs corrigées de la main de l’auteur, des photographies de répétitions, dont une signée Robert Doisneau, ainsi qu’une correspondance croisée contenant la dernière lettre de Camus à Sellers, datée du 30 décembre 1959, quelques jours avant sa disparition.
… et de Marguerite Duras
1960 est l’année de la consécration de l’actrice : l’affiche de la 14e édition du festival d’Avignon annonce Catherine Sellers dans le rôle d’Antigone, dirigée par Jean Vilar. La presse s’incline devant « la plus douée pour l’interprétation tragique de sa génération ». La manifestation est immortalisée par Agnès Varda, alors photographe du TNP (Théâtre national populaire). Sellers endosse également en 1962 un autre rôle mythique, celui d’Andromaque dans la pièce de Racine, sous la direction de Jean-Louis Barrault, qui sera plus tard un fidèle hôte de la Compagnie Pierre Tabard. C’est à cette époque que la comédienne rencontre Marguerite Duras qui fait d’elle l’une de ses actrices de prédilection, au théâtre puis au cinéma, comme en témoignent un script, une lettre de l’écrivaine datant de 1969, un extrait du tournage de Détruire dit-elle, ainsi que des clichés de Jean Mascolo. En 1974, Sellers est engagée dans Hamlet de Shakespeare, sous la direction de Marcel Maréchal.
La Compagnie Pierre Tabard
Catherine Sellers se lance dans la production avec son époux Pierre Tabard, metteur en scène et comédien, en créant la Compagnie Pierre Tabard en 1984. Plusieurs pièces sont montées dans lesquelles le couple joue parfois ensemble, elle est Phèdre et lui Thésée, en 1989 aux Bouffes du Nord ; elle est Claire et lui Pierre Lasne dans L’Amante anglaise, en 1997. Leur dernière production est l’adaptation de La Chute de Camus, jouée par Pierre Tabard en tournée nationale et internationale, de 1994 à 2001. Prix de la meilleure comédienne de théâtre de la saison 1981-1982 pour son interprétation dans Virginia d’Edna O’Brien, elle renonce à la scène à la mort de son époux, en 2003 et s’éteint en 2014. L’exposition que lui consacre la BnF permet de revenir sur l’intense carrière d’une actrice qui, selon Marguerite Duras, jouait « toujours plus loin que la scène, toujours. Et à la place toujours dangereuse ».
Ce nouvel accrochage à la Maison Jean Vilar d’Avignon, présente des pièces conservées au département des Arts du spectacle, le tout complété par des documents de la Maison Jean Vilar, collaboratrice de ce projet.
Commissariat
Lise Fauchereau, département Arts du spectacle, BnF
Informations pratiques
Entrée libre et gratuite
Horaires
Tous les jours
11 h - 19 h
Accès
Maison Jean Vilar
8, rue de Mons – 84000 Avignon
Autour de l’exposition
Visite commentée de la commissaire
Samedi 8 juillet 2023 | Maison Jean-Vilar - Avignon | 14 h 30 - 16 h