Une exposition du cycle «Dans les collections de la BnF».
Présentation
Marie-Madeleine Guimard (1743-1816) occupe une place incontournable dans le monde de l’Opéra au XVIIIe siècle. Née en 1743 à Paris elle commence sa carrière de danseuse en 1758 dans le corps de ballet de la Comédie-Française. En 1761 elle intègre l’Opéra de Paris où, selon les mots de Noverre, maître de ballet à l’Académie royale de musique, elle « fixe les applaudissements du public depuis son début jusqu’à sa retraite ».
Dès l’année suivante elle est remarquée dans le rôle de Terpsichore dans le ballet Les Festes grecques et romaines, sa réputation ne cesse alors de croître et elle obtient rapidement le plus haut statut de première danseuse. Se produisant pour les plus grands maîtres de son temps (Noverre, mais aussi Vestris ou Gardel), elle incarne des rôles nobles avant de se tourner vers le genre de demi-caractère, s’illustrant notamment dans Les Caprices de Galathée (1776), La Chercheuse d’esprit (1778) ou encore La Fête de Mirza (1781).
Les observateurs s’accordent pour souligner qu’elle n’a jamais été « ni belle, ni même jolie ». Pourtant, elle parvient à séduire le public par sa tournure incomparable et son ton exquis, occupant les devants de la scène pendant près de trente ans. Elle excelle dans la danse pantomime et porte aux plus hautes sphères le ballet anacréontique. La danse n’est pour autant pas l’unique raison qui contribue à la notoriété de la première danseuse. Sa vie galante a nourri dès ses débuts les gazettes en tous genres. Choisissant ses amants parmi la haute société elle s’assure ainsi de confortables revenus qui lui permettent de mener un train de vie remarquable. Elle se fait construire deux hôtels particuliers à Pantin et à la Chaussée-d’Antin dans lesquels elle organise de fastueux bals, opéras et autres spectacles auxquels accourt le Tout-Paris.
Elle fait ses adieux à la scène à Londres en 1789 et abandonne dans le même temps la vie libertine en se mariant à Despréaux la même année. Elle s’éteint dans l’anonymat en 1816.
Dans les collections de la BnF
Dans le cadre de l’opération « Dans les collections de la BnF », la Bibliothèque nationale de France poursuit son partenariat avec le musée des Beaux-Arts de Tours. Après avoir présenté l’an dernier des gravures de Mantegna qui ont pu ainsi être exposées à côté des deux chefs d’œuvres de l’artiste conservés au musée, la BnF a accepté cette année le prêt d’une sculpture et de plusieurs dessins représentant Marie-Madeleine Guimard. Cette exposition dossier permet d’évoquer cette célèbre danseuse de l’Opéra qui porta aux plus hautes sphères le ballet anacréontique sous l’Ancien Régime. La BnF présente un « trésor » ou une sélection d’œuvres de ses collections chaque année, dans quatre ou cinq établissements patrimoniaux en région, faisant ainsi partager à un plus large public ses richesses patrimoniales. Révélant des œuvres choisies pour leur valeur emblématique, leurs liens avec un événement ou avec les collections locales.
À Tours, le buste de Mademoiselle Guimard, réalisé par Gaëtan Merchi en 1779 et les maquettes de ses costumes dessinés par Louis Bocquet, s’inscrivent parfaitement dans les collections du musée des Beaux-Arts qui conserve une exceptionnelle collection de peintures du XVIIIe siècle et notamment plusieurs portraits de danseuses sous l’Ancien régime.
Sur son site historique de la rue de Richelieu à Paris, la BnF ouvrira en 2021 un musée pour présenter une anthologie de ses richesses patrimoniales, qui sont aussi celles de la Nation. L’opération « Dans les collections de la BnF » permet d’ores et déjà de faire connaître ces collections à un large public en région.
Commissariat :
- Benoît Cailmail, directeur-adjoint du département de la Musique, BnF
- Sophie Join-Lambert, directrice du musée des Beaux-Arts de Tours
- Gennaro Toscano, conseiller scientifique et culturel, BnF