Présentation
Depuis les années 1980, la France a profondément changé de physionomie et le regard des photographes a été convoqué, à l’initiative d’une pluralité de commanditaires, pour rendre compte de ces métamorphoses.
L’exposition donne à voir les mouvements croisés entre réalité physique, politique, socio-économique et regards qu’y posent les photographes depuis plus de 30 ans. Le goût pour le pittoresque s’est effacé au profit d’une esthétique sensible à d’autres thèmes : transfiguration du banal, nature modifiée par l’homme, éloge de l’ordinaire…. Les écritures photographiques parlent du patrimoine du quotidien et proposent des manières nouvelles d’habiter poétiquement le monde.
Par son ampleur scénographique, le nombre de photographes et d’oeuvres présentés - plus de 160 auteurs et quelques 1000 tirages, cette exposition d’envergure, déployée dans deux galeries de la Bibliothèque, se présente comme une histoire récente des paysages français, qui déroule également une histoire de la photographie en France.
Le cheval de trait de Roger des Près sur le Grand Axe, Nanterre, 2008
© Cyrille Weiner
L'exposition en détails
Dans les années 1990, le paysage devient un élément central des politiques publiques d’aménagement du territoire, avec l’adoption de la loi « Paysage » en 1993 et l’ouverture à la signature de la convention européenne du Paysage en 2000. Devenu héritage à protéger, le paysage, en évolution permanente, est saisi par la photographie.On voit alors se dessiner deux dynamiques concomitantes : entre le banal et le sublime, la photographie tient à la fois le rôle de valorisation visuelle d’un patrimoine paysager considéré comme intemporel et celui d’outil documentaire permettant d’en observer les changements.
La photographie est convoquée en premier lieu pour contribuer à l’entrée de paysages dans le panthéon des sites exceptionnels et en faire de véritables monuments. Serge Sautereau et Martin Becka célèbrent ainsi les chantiers d’envergure des années Mitterrand. Dans un tout autre registre, la mission du Conservatoire du littoral témoigne elle de la beauté des espaces remarquables protégés par cette institution depuis 1975. Chaque campagne provoque la rencontre d’un site spécifique et d’une écriture singulière : avecJean-Christophe Ballot,Sabine Delcour,Josef Koudelka, Harry Gruyaert,Michael Kenna, John Batho, le noir et blanc alterne avec la couleur, l’épure avec le foisonnement des compositions, dans une exploration toujours minérale et surtout atemporelle, entre ciel et mer.
De missions en initiatives personnelles, la topographie s’inscrit progressivement dans les travaux d’auteurs comme une valeur créative à part entière. Entre sollicitation institutionnelle et engagement politique, les photographes investissent les territoires pour tenter de saisir les nouvelles facettes d’un paysage devenu humain, social ou économique. Ce n’est plus uniquement un genre ou un sujet dans lequel certains excelleraient, mais bien une pratique devenue incontournable, allant parfois jusqu’à l’exercice de style
Partant de l’homophonie existante entre lettre et l’être, cette dernière partie évoque la pluralité des propositions photographiques qui font la part belle autant au récit du paysage qu’à ses protagonistes, en l’occurrence les habitants attachés aux lieux photographiés. Dégagée de son carcan documentaire, la photographie assume désormais sa dimension fictionnelle pour devenir le lieu d’une véritable mise en récit. Argentiques ou numériques, constituées aussi bien de chimie, de pixels que de pigments, réalisées au téléphone portable comme à la chambre photographique, les photographies du projet France(s) Territoire Liquide, mises en résonance avec les préoccupations d’autres artistes, offrent une vision kaléidoscopique d’un territoire quotidien soumis au prisme de l’imaginaire.Le parti pris volontairement erratique laisse toute liberté à chacun des travaux photographiques d’exister dans la puissance de leur singularité plus que dans l’allégeance au groupe.
Commissariat :
- Raphaële Bertho, maîtresse de conférence en Arts à l’Université de Tours
- Héloïse Conesa, conservatrice du patrimoine, en charge de la collection de photographie contemporaine, département des Estampes et de la photographie, BnF
Bande-annonce
Galerie
Revue de presse
« Quelque mille images, 167 photographes. La BnF expose, à partir du 24 octobre, un voyage à travers la France où l’ordinaire et le banal sont sublimés. »
« Exposition sidérante de richesse, poignante parfois »
« Une vision du paysage comme patrimoine sublime et intemporel »
« La France a son album photo »