Alain Robbe-Grillet, né le 18 août 1922 et mort le 18 février 2008, aurait eu 100 ans cette année.
Novateur et provocateur, brillant et caustique, il aura été un personnage atypique mais incontournable des lettres françaises, qui déclarait lui-même « je suis surtout connu pour ma notoriété ».
« La fonction de l’art n’est jamais d’illustrer une vérité, ou même une interrogation. Elle est de mettre au monde des interrogations, qui ne se connaissent pas encore elles-mêmes. » Pour un Nouveau Roman
Diplômé en 1945 de l’Institut National Agronomique, Alain Robbe-Grillet a d’abord travaillé durant sept ans comme ingénieur spécialisé dans la prévision statistique et la pathologie végétale.
Après s’être vu en 1949 refuser son premier roman, Un Régicide, par les éditions Gallimard, il publie en 1953 Les Gommes aux éditions de Minuit. Il y entre en 1955 comme conseiller littéraire, y publie ensuite l’essentiel de son œuvre et assiste Jérôme Lindon durant trente ans. Il obtient la même année le Prix des Critiques avec Le Voyeur, un roman très controversé mais qui, soutenu par Barthes, Blanchot et Bataille, fait de lui le porte-parole des « romanciers du regard » ou « écrivains de Minuit ».
Nouveau roman
En 1963, un recueil d’essais critiques en forme de manifeste,
Pour un Nouveau Roman, lui permet de s’auto-proclamer chef de file du groupe qui devient dès lors celui des « nouveaux romanciers ». Autour de ce groupe par ailleurs assez informel et constitué d’écritures très diverses (
Nathalie Sarraute, Samuel Beckett,
Claude Simon, Michel Butor, Robert Pinget, Claude Ollier…), fleurissent dans les années 60 et 70 de nombreuses polémiques littéraires et des débats souvent féconds, dont la première
correspondance collective récemment publiée donne une idée.
Robbe-Grillet alterne ensuite romans (La Jalousie, 1957, La Maison de rendez-vous, 1965) et films (L’Année dernière à Marienbad, 1961, La Belle Captive, 1981), tout en enseignant aux États-Unis. En 1984, avec une série malicieusement intitulée Romanesques, dont le premier volume est Le Miroir qui revient, son œuvre prend une tonalité autobiographique et ironique assez éloignée du Nouveau roman tel qu’il l’avait lui-même défini.
Académie française
En mars 2004, il est élu, comme par revanche, au fauteuil 32 de l’Académie française, mais, refusant de sacrifier aux rites de la vieille maison (habit vert, épée, discours et dictionnaire), il n’y a, de fait, jamais siégé.
En 2001, pour son 80e anniversaire, Alain Robbe-Grillet donne à Christian Bourgois Le Voyageur, recueil de ses articles et entretiens réunis par Olivier Corpet et commentés par lui-même, et, en 2005, il publie au Seuil Préface à une vie d’écrivain. Mais son dernier livre, paru à la fin de l’année 2007, est une ultime provocation : un texte pornographique intitulé Un Roman sentimental et vendu non massicoté sous film plastique.
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