Art minimal : sculpture ou objet spécifique ? - Bibliographie sélective

La première déclaration d’intention au sujet de l’art minimal est probablement l’hommage rendu par Carl Andre au peintre Frank Stella en 1959, dans « Preface to stripe painting », où l’auteur loue la réduction de la peinture par Stella à ses composants formels.
 

Introduction

Ses oeuvres témoignent d’un « matérialisme » prononcé. Elles se caractérisent par l’usage de matériaux préfabriqués, la disposition d’éléments identiques et séparés, le recours à des formes élémentaires. Carl Andre considère de façon novatrice ses sculptures comme forme, puis comme structure et enfin comme lieu. Il rompt ainsi avec des traits majeurs de la sculpture : verticalité, volume, hiérarchisation, sublimation du matériau par les techniques traditionnelles. Il s’agit d’un bouleversement profond du rapport à l’œuvre et à l’espace d’exposition.

La démarche de Carl Andre relève de « l’art minimal », mouvement artistique apparu à New York au milieu des années soixante avec pour principaux protagonistes Carl Andre, Dan Flavin, Donald Judd, Sol LeWitt et Robert Morris. En rupture avec l’expressionnisme abstrait, il se caractérise en effet par une simplicité radicale, une intervention limitée de l’artiste et le rejet de tout illusionnisme. Cette radicalité bouleverse les disciplines artistiques traditionnelles tandis que le rejet de l’illusionnisme conduit à insister sur la matérialité et la littéralité de l’œuvre et à privilégier la sculpture aux dépens de la peinture, voire à la transcender comme le proposent les specifics objets de Donald Judd. Par ailleurs, le sens tend à se déplacer de l’objet à son environnement et le rôle du spectateur change, de la contemplation à la perception active d’une œuvre partageant son espace.

En prolongement de l’exposition Carl Andre. Sculpture as place 1958-2010, qui s’est déroulée au Musée d’art moderne de la ville de Paris du 18 octobre 2016 au 12 février 2017, la Bibliothèque nationale de France propose en salle F, une sélection documentaire qui s’efforce de définir l’art minimal. Tout en se concentrant sur ses protagonistes, elle s’intéresse également à ses précurseurs et à sa postérité : la conception minimaliste de l’art ouvre en effet la voie à l’art conceptuel, au land art et au post-minimalisme.

Pour une première approche

Vergne, Philippe  ; Raymond, Yasmil

Carl Andre : sculpture as place, 1958-2010. New York : Dia Art Foundation, 2014. 398 p. Salle F – Art – [709.204 ANDRca c]

Cet ouvrage accompagne la première exposition rétrospective consacrée à Carl Andre depuis 1970. Il documente d’importantes installations et sculptures de cet artiste emblématique de la sculpture minimaliste tout en mettant en évidence son usage radical de matériaux standardisés tels que les plaques de métal, les planches de bois, les blocs de béton. Il propose par ailleurs une large sélection d’écrits ainsi qu’une interview de l’artiste.

 

Meyer, James

Minimalisme. Londres ; Paris : Phaidon, 2005. 200 p. Salle F – Art – [709.040 75 MEYE m]

L’auteur retrace l’évolution du courant minimaliste apparu aux Etats-Unis au cours des années 1960 en le replaçant dans son contexte historique et culturel. Il étudie tout particulièrement l’oeuvre de ses figures de proue : Carl Andre, Dan Flavin, Donald Judd, Sol LeWitt et Robert Morris, ainsi que les pratiques d’artistes associés au mouvement comme Larry Bell, Eva Hesse, John McCracken, etc.

 

Smith, Brydon E. ; Govan, Michael ; Bell, Tiffany

Dan Flavin : une rétrospective : exposition, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 9 juin-8 octobre 2006. New York : Dia art foundation, 2006. 206 p. Salle F – Art – [709.204 FLAV 6]

Ce catalogue d’exposition dresse un panorama détaillé de l’œuvre de l’un des protagonistes majeurs de l’art minimal. Il étudie plus d’une quarantaine de néons de l’artiste, en commençant par la série inaugurale des « icônes » et en s’intéressant aux œuvres intégrant la lumière à l’espace environnant, aux installations à grande échelle, etc. Il comprend des entretiens de l’artiste avec Phyllis Tuchman (1972) et Tiffany Bell (1982), ainsi qu’une autobiographie republiée.

 

Serota, Nicholas

Donald Judd. London : Tate Publishing, 2004. 288 p. Salle F – Art – [709.204 JUDD 6 d]

Cet ouvrage consacré à l’un des artistes les plus influents de l’après-guerre américain, Donald Judd, détaille son parcours depuis ses débuts comme critique puis comme peintre jusqu’à son passage à la tri-dimensionnalité au début des années soixante. Il témoigne de son évolution technique, avec un renoncement progressif au travail manuel au profit de procédés manufacturés. Il étudie également les écarts entre les interprétations critiques de Judd et sa propre compréhension de son œuvre etc.

 

Ressources