Un public d’habitués
En 1994, la BN accueille une population bien précise : un public universitaire, avec 83% de chercheurs, professeurs d’université et thésards. Les statistiques de l’étude révèlent une polarité chez les visiteurs avec, d’un côté, une importante cohorte de visiteurs occasionnels, et de l’autre, un petit noyau de lecteurs peu nombreux mais très assidus. En 1994, 18% des visiteurs représentent ainsi 60% de la fréquentation.
Une relation entre utilité et affect
À première vue, les lecteurs de l’époque décrivent leur relation avec la BN comme purement fonctionnelle. Ils s’y rendent dans une logique d’efficacité de recherche et d’optimisation de leur temps. Pourtant, de nombreux témoignages expriment le lien affectif profond qui unit les lecteurs à l’institution, avec un champ lexical de l’émotionnel, voire du sacré. « Dépositaire de la mémoire du monde et monument historique », la BN crée des liens immatériels avec ses lecteurs.
Une communauté universitaire
Cette fascination exercée par la BN est en partie renforcée par les étapes d’accueil et l’entretien d’accréditation, assimilables à de véritables rites de passages. Pour accéder à la BN, la détention d’un statut universitaire prime sur l’expression d’un besoin documentaire. Cette approche restrictive de l’accessibilité cause la perplexité des visiteurs étrangers, déjà nombreux à la BN en 1994. La bibliothèque est ainsi un espace à la fois sacré et professionnel, « l’un de ces lieux où l’université sanctifie son travail et, à travers son travail, son état. »