Avignon histoire d’un rêve
À la Maison Jean-Vilar, antenne avignonnaise de la BnF qui a pour mission de collecter, conserver et valoriser la mémoire du Festival d’Avignon, une nouvelle exposition permanente met en lumière l’histoire du Festival, depuis sa création par Jean Vilar en 1947 jusqu’à aujourd’hui.
Donner à voir et à comprendre comment le rêve de Jean Vilar a pris chair dans la cité des papes, s’y est développé, transformé et diversifié à travers crises et réformes, dans un dialogue constant avec la société et les cultures du monde. C’est là l’ambition de l’exposition portée conjointement par l’Association Jean-Vilar et la BnF sur son site avignonnais, dont le commissariat est assuré par l’historien du théâtre et du cinéma Antoine de Baecque.
Une exposition permanente sur le Festival
Parce que sa bibliothèque conserve les archives du Festival d’Avignon des origines à nos jours, la Maison Jean-Vilar était le lieu tout indiqué pour déployer un projet de cette nature. Elle accueille en effet chaque année dans ses locaux une grande exposition, souvent sur le Festival. La dernière en date, On ne fait jamais relâche. Hommage à Alain Crombecque (2024-2025), a été produite par le Festival lui-même, en coproduction avec la BnF et l’Association Jean-Vilar. Mais à la différence de celle-ci, la nouvelle exposition Les clés du Festival sera permanente, avec une attention particulière portée aux jeunes générations et aux publics néophytes.
Des archives de Jean Vilar au théâtre contemporain
Introduite par une grande frise chronologique s’ouvrant sur un premier espace consacré aux coulisses du Festival, l’exposition, conçue par la scénographe Claudine Bertomeu, fera la part belle aux intuitions prophétiques de Jean Vilar, s’appuyant sur les riches archives de ce dernier conservées à la Maison Jean-Vilar : ses notes manuscrites et sa correspondance bien sûr, mais aussi les photographies d’Agnès Varda et Maurice Costa, les maquettes de Léon Gischia et Mario Prassinos, les costumes du Théâtre national populaire portés par des acteurs et actrices de légende, sans oublier les esquisses colorées de Marcel Jacno pour le fameux logo des trois clés devenu l’emblème du Festival, entre autres trésors… La période post-vilarienne sera quant à elle abordée au moyen de focus thématiques, qui feront une large place aux artistes et où seront aussi questionnées la place des publics, la dimension internationale du Festival ou encore la manière dont celui-ci investit les différents lieux pour transformer Avignon en une « ville-théâtre ». Des sujets d’actualité tels que la place des femmes dans le spectacle vivant seront également abordés.
Ranimer les souvenirs des festivaliers
Les collections du département des Arts du spectacle de la BnF seront à l’honneur tout au long du parcours, au fil d’une iconographie témoignant du travail de plusieurs générations de photographes de spectacles – de Fernand Michaud à Christophe Raynaud de Lage –, et grâce à la présentation de pièces originales : manuscrits prestigieux, à l’image des carnets de Wajdi Mouawad récemment donnés à la Bibliothèque ; costumes chargés d’histoire, dont ceux de Chloé Obolensky pour le Mahâbhârata de Peter Brook – autant de pièces « fétiches » propres à ranimer les souvenirs du festivalier comme à susciter l’émotion du plus novice des visiteurs.
Jean-Baptiste Raze
Article paru dans Chroniques n° 103, avril-juillet 2025