Camille Laurens, de son vrai nom Laurence Ruel-Mézières, est née en 1957 à Dijon. Agrégée de lettres modernes, elle a enseigné à Rouen, puis à partir de 1984 au Maroc, où elle passe douze ans. Depuis septembre 2011, elle enseigne à l’Institut d’études politiques de Paris.
En entrant en littérature, Laurence Ruel choisit le pseudonyme au prénom épicène de Camille Laurens, car la structure en abîme de son premier roman, Index, l’impose. Elle débute en effet avec une tétralogie ludique mais hautement maîtrisée publiée chez P.O.L. (Index, 1991 ; Romance, 1992 ; Les Travaux d’Hercule, 1994 et L’Avenir, 1998), dans laquelle les chapitres sont classés par groupes de lettres et qui subvertit les schémas du roman sentimental et policier ; livre dans le livre, enquête en Mogdoulie, rébus et messages chiffrés y sont autant de jeux de miroirs où se confondent fiction et réalité, auteur et lecteur.
En 1994, elle traverse un drame personnel, la perte d’un enfant, qui est à l’origine de Philippe (1995) et plus tard de Cet absent-là. Cela l’amène à s’interroger sur les rapports de la littérature avec la vérité et à se rapprocher de l’autofiction, qu’elle préfère nommer « écriture de soi », en hommage au « livre intérieur » de Marcel Proust, « le seul dont l’impression ait été faite en nous par la réalité même ». Ses romans suivants, Dans ces bras-là, qui reçoit en 2000 le prix Femina et le prix Renaudot des lycéens, L’Amour, roman, Ni toi ni moi et Romance nerveuse sont animés par la volonté d’exprimer une vérité personnelle en s’appuyant sur une constante exigence stylistique et formelle. Son dernier roman, Celle que vous croyez (2015) s’interroge sur les formes nouvelles des surprises de l’amour au temps des réseaux sociaux et des sites de rencontre.
Elle a aussi publié des essais, notamment Quelques-uns (1999), une rêverie sur la matière des mots dont le titre est emprunté à Beckett. Plusieurs de ses romans ont fait l’objet d’adaptations théâtrales, et Celle que vous croyez a été adapté à l’écran en 2019 par Safy Nebbou avec Juliette Binoche dans le rôle principal.
Depuis 2002, Camille Laurens a également une activité de chroniqueuse dans différents quotidiens : Le Grain des mots (2003) reprend ainsi les textes de la chronique qu’elle a tenue dans L’Humanité en 2002 et 2003. Tissé par mille (2008) reprend l’ensemble des émissions qu’elle a produites sur France Culture entre janvier 2005 et juillet 2006. En en 2014 et 2015, elle tient une chronique dans Le Monde et depuis septembre 2015 une chronique mensuelle dans Libération. Officier des Arts et Lettres, elle est aussi membre du jury du prix Femina.