Emmanuel Carrère - Bibliographie
Scénariste, journaliste, comédien, biographe, exégète, romancier, cinéaste, documentariste, Emmanuel Carrère a traversé toutes les écritures – y compris celle de la Bible (avec son ouvrage Le Royaume, 2014) -, qui l’ont conduit, à parts égales à se raconter et à raconter la vie des autres… Publié aux éditions P.O.L, il a construit en près de quarante ans une œuvre émouvante et dense, chronique du temps et baromètre du moi de l’écrivain contemporain.
Trois tropismes émergent : le premier, de nature en partie autobiographique, pour la Russie (Un Roman Russe, 2007 ; Limonov, 2009, Voyage à Kotelnitch, 2003) ; le second pour le fantastique, et qui trouve peut-être ses origines dans la fréquentation assidue de l’œuvre de Philip K. Dick, l’un des plus grands auteurs de science-fiction auquel il consacre une biographie (Je suis vivant et vous êtes morts, 1993) ; le troisième, pour le fait-divers et le fait social, à travers sa passion pour l’enquête, en partie journalistique, sur le réel dont il tire la matière même de la fiction – notamment dans La Classe de neige (1995), porté à l’écran par Claude Miller, ou L’adversaire (2000), dont le protagoniste, Jean-Claude Romand a donné son nom à l’une des plus célèbres faits-divers de la France de la fin du XXe siècle.
Adapté à de nombreuses reprises, il a également pris en main la caméra pour se faire documentariste (Retour à Kotelnitch, 2003) et cinéaste (La moustache, 2005) ou encore prendre le stylo pour se confronter à l’écriture de fictions télévisées, notamment pour la série Les revenants (2012).
Pour Laurence Engel, présidente de la BnF : « C’est l’originalité d’une œuvre singulière et, dans le large spectre de cet auteur, le fil inventif qu’il a tissé entre la fiction et le réel qui nous a séduits. Le jury a voulu rendre hommage à une écriture contemporaine, qui revendique sa présence « dans le monde » et la capacité de la littérature à nous en faire saisir la portée onirique, un écriture qui a marqué la production littéraire des vingt dernières années ».
Pour Jean-Claude Meyer, président du Cercle de la BnF : « Emmanuel Carrère mérite bien ce dixième prix, avec son écriture vive, son imaginaire exotique, ou reflétant la vie quotidienne et pénétrant les dessous de l’âme humaine. »