Pour rappel, tous les sites de la BnF sont fermés les mercredis 25 décembre et 1er janvier.
Fonds Ladislas Mandel
Ladislas Mandel (1921-2006) fut, à plusieurs titres, homme du livre et de l’écrit: typographe et auteur de plusieurs ouvrages sur l’écriture, il se constitua également une remarquable bibliothèque de travail.
D’origine hongroise, né en Roumanie, il débuta sa carrière en France en 1936. Formé aux Beaux-arts de Rouen et à l’Académie Ranson de Paris, il s’intéressa d’abord à la peinture et la sculpture, puis à la restauration des monuments historiques. C’est après la guerre -durant laquelle il intégra un mouvement de Résistance-, qu’il fut engagé, en 1954, par la célèbre fonderie Deberny & Peignot. Grâce à Adrian Frutiger, il devint « dessinateur de caractères », une profession alors rendue essentielle par l’essor de la photocomposition. Adaptant d’abord des caractères existants à cette nouvelle technologie, il en créa rapidement de nouveaux. Il dut notamment sa notoriété à ses caractères à «haute lisibilité», dessinés pour l’annuaire téléphonique français («Clottes») mais aussi italien («Galfra») et américain (« Colorado »).
Ladislas Mandel poursuivit aussi tout au long de sa carrière une réflexion originale autour de l’écriture et de la typographie. Il s’opposa à l’idée d’une typographie universelle et neutre. Pour lui, chaque écriture imprimée devait au contraire refléter les spécificités de la société dans laquelle elle était née. Le Ministère de la Culture lui confia pour cela, en 1983, la création du caractère «Messidor» pour réaliser une édition des Oeuvres complètes de Victor Hugo. En 1985, Mandel fut également l’un des fondateurs de l’Atelier National de Création Typographique (ANCT), devenu par la suite l’Atelier National de Recherche Typographique (ANRT). Il participa aux rencontres typographiques de Lure, à de nombreuses conférences et collabora à plusieurs revues spécialisées. Deux ouvrages, enfin, vinrent résumer sa pensée: l’Écriture, miroir des hommes et des sociétés (1998), et Du pouvoir de l’écriture (2004), tous deux parus aux Editions Perousseaux.
Pour nourrir ses recherches, Ladislas Mandel s’appuya sur sa très riche collection personnelle. Passionné par l’écriture et la typographie humanistes, il s’inspira notamment de son propre exemplaire d’un incunable paru à Parme en 1493, Caii Julii Solini Rerum memorabilium collectaneae, enrichi de notes manuscrites, pour dessiner le «Solinus » et le «Laura», deux «caractères d’étude». C’est une partie importante de cette collection que le typographe légua à la bibliothèque de l’Arsenal -une autre partie revenant au Musée de l’imprimerie, à Lyon. En 2007, plus de 3000 documents vinrent donc enrichir les collections du département : ouvrages imprimés anciens et modernes, revues, spécimens typographiques et manuscrits provenant de toutes les régions du monde. À cet ensemble s’ajoutèrent les archives personnelles du donateur. Enfin, près de deux cents objets -cachets, poinçons, cylindres, fragments de divers supports d’écriture- complétèrent le fonds, qui offre ainsi un panorama complet de l’histoire de l’écriture et des caractères imprimés.