La collection de Jeanne Lagarde, une femme férue de théâtre et d’opéra
En 1936, Jeanne Lagarde lègue à la Bibliothèque de l’Arsenal l’essentiel de sa bibliothèque personnelle. Cet ensemble, qui compte plus de 5 500 ouvrages et fascicules de journaux et revues, rejoint les collections de l’Arsenal en 1938.
Constitué de belles éditions du XVIIIe mais surtout du XIXe siècle, souvent illustrées et bien reliées, ce fonds majoritairement littéraire et historique peut offrir au premier abord l’image d’une collection assez peu «originale». Tous les grands auteurs sont présents, par leurs œuvres complètes notamment, ainsi que les principaux titres de la presse générale illustrée des années 1880-1930 (Le monde illustré, La petite illustration…)
Les goûts personnels de la donatrice émergent toutefois au détour de fréquentes et abondantes notes manuscrites, ou à travers quelque édition enrichie de coupures de presse. Ces indices dressent le portrait d’une femme férue de théâtre et d’opéra, mais aussi amatrice, d’une certaine façon, de «biographie». Textes dramatiques et partitions dévoilent ici une distribution, révèlent là un détail personnel concernant les auteurs et interprètes… Des corrections rageuses sont parfois même apportées à des ouvrages historiques. Si la bibliothèque compte peu d’ouvrages rares (quelques mémoires galants des XVIIe et XVIIIe siècles), on y relève quelques belles provenances (Pierre Louÿs) ou envois (Victor Hugo, Jules Claretie).
La plupart des ouvrages portent l’ex-libris suivant: «Odiate e aspettate; ex-libris Jeanne Lagarde Guéret», qui fait référence à la devise de Catherine de Médicis. Quelques ouvrages sont pourtant dédicacés non à Jeanne Lagarde, mais à Albert, son époux. On relève aussi un nombre important d’albums de caricatures. Bien que la presse féminine soit particulièrement représentée (Le magazine des demoiselles, Le moniteur de la mode…), on peut s’interroger quant à l’identité réelle du collectionneur (Jeanne Lagarde ou le couple Lagarde?) et aux principes de constitution de cette bibliothèque. Il faut pourtant se contenter des pistes que nous offrent les ouvrages eux-mêmes…