Hammershøi à la BnF
Intérieur. Strandgade 30, 1901, huile sur toile, 66 x 55 cm. Francfort-sur-le-Main, Städel Museum, propriété du Städelschen Museums-Verein e.V. © Städel Museum - ARTOTHEK
Paysage (vue de Refsnæs), 1900, huile sur toile, 63 x 78 cm. Stockholm, Thielska Galleriet. Thielska Galleriet/Tord Lund
Bien que citadin, Hammershøi séjourne à la campagne pendant un à deux mois durant l’été. Ses paysages toujours très dégagés révèlent ainsi son style particulier. Il néglige les détails non essentiels à ses yeux et opte pour une composition articulée autour des lignes horizontales et de la ligne d’horizon ce qui donne la sensation d’une extension en largeur. La profondeur est donnée par la sensation d’espace ainsi créé. Le premier plan semble presqu’effacé tandis qu’une minutie absolue est accordée aux nuages et certains détails délicatement traités du plan médian - quelques arbres ou moulins. Ses paysages dégagent de fait une désarmante sensualité.
Huile dit aussi Repos, 1905, huile sur toile, 49,5 x 46,5 cm. Paris, musée d’Orsay, achat avec la participation de Philippe Meyer, 1996. Photo © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / René-Gabriel Ojéda
À partir des années 1880, il suit la tendance générale de la peinture danoise et délaisse peu à peu la peinture de paysage pour les tableaux d’intérieur et leur scène de vie intime d’où émane, chez lui, une douce mélancolie. On y retrouve sa touche si singulière : le dépouillement de la pièce de tout objet superflu et une composition originale où les lignes jouent un rôle décisif. En 1890, il se fiance avec Ida Ilsetd, la sœur d’un de ses amis peintres, puis ils se marient en 1891. Cette rencontre joua un rôle essentiel tant dans sa vie personnelle qu’artistique : c’est sa femme qui figure sur la majorité de ses tableaux. Même de dos, elle est reconnaissable à l’ondulation de ses cheveux sur sa nuque.
Rayon de soleil dans le salon, III, 1903, huile sur toile, 54 x 66 cm. Stockholm, Nationalmuseum, Suède. Photo: Erik Cornelius/Nationalmuseum
Vilhelm Hammershøi construisait ses tableaux lentement pour mieux saisir les vibrations lumineuses. L’appartement dans lequel il emménagea autour de 1898 lui offrit l’occasion de capter les évolutions de l’ensoleillement danois, grâce aux tailles variables des pièces et leur différente orientation : les lumières bleues-grises de l’automne, le soleil blanc du printemps et l’éclat de l’été. Ces vues d’intérieur, leur variations de lumières et toujours ses choix esthétiques de compositions dépouillées - quelques meubles empires et parfois un tableau accroché aux murs - donnèrent les œuvres majeures qui font sa renommée actuelle.
Clarisse Taubin, Département Littérature et art