Esprit libre et anticonformiste, elle a pu être comparée à Rimbaud, parce qu’elle a commencé de façon fulgurante avec un premier livre publié à vingt ans : La belle bête (1959), aussi encensé pour ses qualités d’écriture que critiqué pour son immoralité.
Elle obtient en 1966 les prix Médicis et France-Québec pour Une saison dans la vie d’Emmanuel, roman qui sonde l’intimité d’une famille québécoise à l’époque dite de la « Grande noirceur ».
Mais c’est surtout de Faulkner qu’elle pourrait être rapprochée, par sa faculté d’élever à la dimension tragique les destins obscurs de ses contemporains. Marie-Claire Blais choisit de faire parler des figures oubliées ou méprisées, du côté du bien comme du mal, innocents comme bourreaux, avec une force empathique remarquable.
Elle a écrit plus de vingt romans, des pièces de théâtre et plusieurs recueils de poésie, dont Manuscrits de Pauline Archange (1968), Une liaison parisienne (1975), Tête blanche (1980), Visions d’Anna (1982), Pierre (1986), Un jardin dans la tempête (1990). À partir de 1995, s’ouvre l’un des grands moments de son œuvre, avec le cycle romanesque Soifs, écrit comme une grande rêverie, construit comme une saga, où les flux de conscience d’une multitude de personnages se croisent, dans un dialogue de sourds, mais une langue « de l’âme pour l’âme ».
Unanimement considérée comme l’une des grandes voix de la littérature francophone d’Amérique du Nord, Marie-Claire Blais a été récompensée par de nombreux prix, dont le prix Belgique-Canada en 1976 pour l’ensemble de son œuvre, le prix Athanase-David en 1982, le prix de l’Académie française en 1983, le prix Prince de Monaco en 2002 et le prix Matt-Cohen du Writer’s Trust of Canada en 2007, remis pour la première fois à un écrivain francophone.
La Bibliothèque nationale de France lui rend hommage en exposant une sélection de ses livres dans la salle H de la Bibliothèque tous publics.
