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Jean-Claude Mourlevat, le plaisir de créer
Le cycle de masterclasses littéraires proposé par la BnF, France Culture et le Centre national du livre accueille le 31 mai Jean-Claude Mourlevat, premier écrivain français pour la jeunesse récompensé en 2021 par le prestigieux prix ALMA (Astrid Lindgren Memorial Award) – parfois désigné sous l’appellation « Nobel de la littérature jeunesse ».
Né en 1952, le raconteur d’histoires qu’est Jean-Claude Mourlevat a eu plusieurs vies avant d’écrire : enseignant d’allemand pendant quelques années, il décide en 1986 de suivre une formation d’art dramatique à Paris et se passionne tout particulièrement pour le théâtre clownesque. En 1987, il crée et interprète en solo un spectacle clownesque jeune public, Anatole, suivi en 1990 par Guedoulde, dans lequel un clown muet en quête d’amour prend vie sur les planches. Puis c’est l’expérience du collectif, avec la compagnie Metafor de Montbrison, qui lui permet de s’essayer à la mise en scène et de constater combien il aime tirer les ficelles, construire et organiser une pièce, choisir sa tonalité.
Le plaisir créatif l’amène tout naturellement à écrire des livres. Le premier, en 1997, est l’album Histoire de l’enfant et de l’œuf, publié chez Mango jeunesse et récemment réédité. Mais c’est avec ses troisième et quatrième romans, L’Enfant océan et La Rivière à l’envers, publiés par Pocket jeunesse en 1999 et 2000, qu’il rencontre le succès et devient écrivain à plein temps. Son œuvre est riche de 17 titres à ce jour, essentiellement des romans, pour tous les âges. Souvent drôle et fantaisiste, voire burlesque, comme en témoignent La Bataille de Cornebique, La Prodigieuse Aventure de Tillmann Ostergrimm ou encore La Troisième Vengeance de Robert Poutifard, Jean-Claude Mourlevat sait aussi emprunter les habits de la comédie policière animalière avec Jefferson, son dernier titre paru, ou se montrer particulièrement facétieux en jouant avec les nerfs du jeune lecteur. Dans L’Homme à l’oreille coupée, un homme va tous les soirs à l’auberge pour s’enivrer ; lorsqu’on lui demande comment il a perdu son oreille, il raconte chaque soir une histoire différente. Depuis la publication du roman, son auteur a reçu des centaines de courriers d’enfants lui demandant comment l’oreille a été perdue, « en vrai » !
Sa plume se teinte également de gravité lorsqu’elle emprunte les chemins du conte : la quête, les rencontres, les obstacles, la magie sont des motifs qui l’inspirent et qui traversent L’Enfant océan, inspiré par Le Petit Poucet, La Rivière à l’envers, ou encore Le Chagrin du roi mort. Il se retrouve dans cette forme simple, accessible mais puissante : ses textes sont envoûtants, ses récits initiatiques poétiques, et son imagination débordante emporte à chaque fois le lecteur, prêt à chercher avec Annie, héroïne de Terrienne, le chemin vers un monde parallèle. Formidablement incarnées dans Le Combat d’hiver, résistance, solidarité et valeurs humanistes sont au cœur d’une œuvre propre à toucher petits et grands, à chaque âge de la vie. Ses histoires, plébiscitées par les lecteurs et par la critique, sont traduites en de nombreuses langues. Son travail le conduit dans différentes villes et villages de France métropolitaine mais aussi à La Réunion, en Grèce, en Russie, en Chine… Il aime rencontrer ses lecteurs dans les écoles, les salons du livre, et leur lire ses ouvrages à haute voix – mû par un goût du collectif et du partage qui transparaîtra sans aucun doute dans la Masterclasse du 31 mai, animée par Marie Sorbier, productrice à France Culture.
Emmanuelle Kabala
Article paru dans Chroniques n° 94, avril-juillet 2022