Julio Cortazar (1914-1984)

À l’occasion des quarante ans de la disparition du grand écrivain argentin Julio Cortazar, la BnF lui rend hommage.

 

Entre Europe et Amérique du Sud

Julio Cortázar naît en Belgique en 1914 de parents argentins. À la fin de la Première Guerre mondiale, la famille retourne vivre en Argentine, à Buenos Aires, que Julio Cortázar, âgé alors de 4 ans, découvre pour la première fois. Son père, qu’il ne reverra plus jamais, quitte le foyer familial peu après leur arrivée tandis que sa mère, sensible et imaginative, l’élève dans la tendresse. Très jeune, il est nourri par un environnement empli d’un « fantastique quotidien » qui fera, plus tard, le terreau de ses œuvres ; tandis que les jeunes garçons de son âge jouent au football, il s’intéresse quant à lui déjà à la magie des mots. 
Julio Cortázar, 1967. © Wikimedia commons

traduction et littérature fantastique

C’est sa mère qui lui transmet son amour pour la France, notamment au travers de la culture, la littérature, la musique et la langue. Parfaitement francophone, il fait des études à l’École normale de Buenos Aires et devient professeur, puis traducteur. C’est ainsi qu’il traduit quelques-uns des plus grands auteurs français du XXe siècle : André Gide, Jean Giono ou Marguerite Yourcenar.
La lecture d’Opium : journal d’une désintoxication de Jean Cocteau est une véritable déflagration pour Julio Cortázar qui découvre, fasciné, l’avant-garde littéraire et artistique européenne. Mécontent de l’arrivée au pouvoir de Juan Perón, il décide de partir et s’installe à Paris en 1951. Il publie peu après en Argentine son recueil de contes fantastiques intitulé Bestiaire, immédiatement salué par la critique. C’est seulement une dizaine d’années plus tard qu’il est publié pour la première fois en France avec son roman Les gagnants (1960).

Pour Julio Cortázar, qui a toujours écrit en langue espagnole, le fantastique n’est pas le contraire du réel ou du vrai, mais bien plutôt une forme de la réalité. Avec Marelle (1963), l’auteur bouscule les conventions traditionnelles du roman : le lecteur devient acteur de sa propre lecture en choisissant à sa guise l’ordre des chapitres, comme un puzzle.

Engagements

Dans les années 70, il est profondément marqué par la situation politique en Amérique latine, notamment au Chili, en Argentine, en Uruguay où des régimes fascistes se sont installés. Dans le Livre de Manuel (1973), il s’engage et dénonce la répression, la violence, les meurtres.

Voyageant au gré de l’Histoire en Amérique latine, notamment à Cuba ou au Nicaragua, il se considère comme latino-américain autant que comme argentin. Mais son point d’ancrage reste la France qu’il n’a jamais quittée : c’est le Président François Mitterrand qui lui accorde la nationalité française en 1981 – en même temps que Milan Kundera – après qu’il a essuyé plusieurs refus. Atteint d’une leucémie, il décède en 1984 et est inhumé au cimetière du Montparnasse. Souvent comparé à José Luis Borges, figure tutélaire des lettres argentines, Julio Cortázar s’en écarte, estimant que son fantastique est moins intellectuel que chez son illustre compatriote mais davantage issu du quotidien, tout en concédant avoir été beaucoup influencé, dans son écriture, par la rigueur borgésienne et l’économie de mots.

Les lecteurs trouveront ci-dessous une bibliographie critique des œuvres de l’écrivain.