La BnF face à l’accroissement continu de ses collections
Indissociablement liée à celle de la France, son histoire est celle d’un accroissement continu des collections, des publics et des espaces qui les accueillent. La Bibliothèque n’a cessé de s’agrandir pour s’adapter à l’arrivée de plus en plus massive des collections imprimées, ainsi qu’à celle de nouveaux supports comme les œuvres photographiques et phonographiques, les œuvres audiovisuelles puis informatiques et numériques - qui augmentent de façon significative le volume du dépôt légal.
La BnF répond à une mission patrimoniale de première importance, impliquant de maintenir ses collections dans des conditions de conservation optimales, afin de pouvoir les communiquer au public, les valoriser sous forme physique et numérique et les transmettre aux générations futures. Elle conserve ainsi 41 millions de documents, a accueilli 1,5 million de visiteurs sur ses sites en 2023 et comptabilise plus de 45 millions de visites annuelles en ligne dans son écosystème numérique. La BnF a su, au fil des années, développer ses activités en s’appuyant sur des techniques et technologies de pointe, associées à son expertise scientifique internationalement reconnue. Elle a réalisé sur son site historique Richelieu un important programme de rénovation et de transformation lui permettant d’ouvrir en 2022 un musée et de rendre l’une de ses salles historiques, la salle Ovale, entièrement accessible à tous les publics.
Ce nouveau projet parisien a rencontré un important succès public et a été salué par la presse nationale et internationale.
Confrontée à l’accroissement significatif et constant de ses collections, la BnF choisit de redéfinir son schéma stratégique immobilier, ainsi que l’implantation de ses collections, débouchant sur la définition du « projet Amiens ».
Saturation des espaces de stockage et enjeux de conservation
Les magasins de collections de la BnF, d’une capacité supérieure à 500 kilomètres linéaires sont aujourd’hui saturés dans l’ensemble de ses sites. Les entrées de collections, en particulier par dépôt légal, ne cessent de croître au fil des ans, à un rythme correspondant aujourd’hui à 4 à 6 kilomètres linéaires par an. Pour ces deux raisons, il est devenu urgent de construire des magasins supplémentaires. À défaut, la constitution et la préservation de la mémoire nationale, telle qu’elle s’élabore à travers les productions éditoriales sur tous supports, serait rendue impossible.
Un pôle d’excellence pour la restauration et la numérisation des collections
La création du futur pôle de conservation est aussi l’occasion pour la BnF d’affirmer son rôle dans le champ des métiers d’art. À Amiens, un nouveau pôle d’excellence pour la conservation et la numérisation des collections sera ainsi installé. La BnF compte en effet plus de 15 ateliers au sein de ses emprises, où travaillent plus d’une centaine d’agents spécialisés dans plusieurs métiers d’art indispensables à la préservation de ses collections : relieurs, doreurs, restaurateurs, préparateurs, photographes, etc. Un laboratoire de recherche spécialisé dans l’expertise physico-chimique des documents et le contrôle qualité des traitements, des matériaux et des environnements de conservation et d’exposition, complète cet ensemble d’équipements.
À Amiens, ce sont près de 1 800 m² qui seront dédiés aux ateliers permettant de réaliser tous les traitements nécessaires à la conservation du patrimoine national (restauration, numérisation, traitements techniques etc.) et de répondre de manière plus efficace et amplifiée aux enjeux de conservation, de sauvegarde et de mise à disposition, mais aussi de rayonnement de ces collections.
La mise en place d’ateliers de numérisation à proximité des magasins facilitera par ailleurs la conservation et la numérisation en masse des documents. Une attention particulière sera bien sûr accordée aux collections de presse présentes dans le Conservatoire national de la Presse : les espaces seront adaptés pour la numérisation des collections de presse, et notamment celles de grand format. Pôle d’excellence, le site d’Amiens concentrera tout le savoir-faire de la filière du livre. Il sera le point de départ de propositions de visites et d’ateliers, à destination notamment du monde éducatif et de l’université, dans le cadre de l’importante action que mène la BnF en matière d’éducation artistique et culturelle, permettant de valoriser et de faire découvrir les métiers de cette filière.
Rationalisation du parc immobilier
L’activité de la BnF s’organisant autour de ses collections, la perspective de la construction d’un nouveau site de conservation s’est accompagnée d’une réflexion sur son dispositif d’ensemble, de manière à maintenir et améliorer les conditions de conservation des collections, les conditions de travail du personnel et les conditions d’accueil du public. Le nouveau pôle de conservation s’inscrit dans une stratégie immobilière renouvelée, définie par un Schéma Directeur Immobilier (SDI) finalisé en 2021. À travers cette démarche, l’institution se projette sur le long terme, à horizon 2060. En cela, la réflexion engagée marque une nouvelle étape, après la construction du site François-Mitterrand. Le futur pôle de conservation, d’une capacité de 280 kilomètres linéaires, doit occuper un rôle central dans ce dispositif et évoluer au gré des besoins de l’institution, aussi bien en termes de collections qu’en termes de services associés.
Gestion dynamique des collections
L’augmentation massive des collections, l’impossibilité matérielle de les conserver toutes à proximité immédiate des salles de lecture impliquent une réflexion sur l’implantation des collections et leur gestion dynamique. Il s’agit d’implanter les collections en fonction de leur nature et de leurs usages, qui peuvent être amenés à évoluer, en mettant au plus près des salles de lecture et des équipes scientifiques les collections les plus sollicitées.
Cette nouvelle gestion des collections s’effectue selon des critères objectifs (fragilité et préciosité des documents, niveau de consultation par le public, collection déjà numérisée…) appliqués aux collections actuellement conservées et se prolonge par une réflexion et des expérimentations sur les collections entrantes. La construction du nouveau centre de conservation est au cœur de cette démarche, passant par l’élaboration d’une doctrine d’implantation des collections définie par les différents départements de collections de la BnF. Les collections qui seront conservées à Amiens resteront accessibles aux lecteurs, sous forme numérique ou en communiquant les originaux sur les sites parisiens de la BnF grâce à un système performant de navettes quotidiennes. Un espace de consultation, accessible sur rendez-vous, permettra également aux chercheurs d’utiliser les collections qui y seront conservées, de toute nature, mais notamment les collections de presse.