La collection de presse conservée à la BnF

La collection de presse conservée à la BnF est riche de 247 000 titres dont le plus ancien, La Gazette de Théophraste Renaudot, débute en 1631. Elle s’accroît depuis lors par dépôt légal et par acquisitions, reflétant fidèlement l’histoire de la presse en France.

Si on pose en définition préalable de la presse une périodicité des publications allant du quotidien au trimestriel (périodicité établie par la Commission Paritaire des Publications et Agences de presse) et une exigence thématique dite «d’intérêt général» permettant d’englober, outre les titres d’information générale, des publications spécialisées généralistes (l’instruction, l’éducation, l’information, la récréation du public relèvent du caractère d’intérêt général), la BnF conserve près de 247 000 titres de presse signalés comme publiés sur le territoire français dans toutes ses extensions (anciennes colonies, territoires ultramarins) et dans toutes les langues. Cette collection qui débute en 1631 avec le premier titre journal publié en France, l’hebdomadaire fondé par Théophraste Renaudot, La Gazette, s’accroît depuis lors annuellement par le dépôt légal. En 2017, 15 948 nouveaux titres de presse sont ainsi entrés dans la collection qui occupe aujourd’hui près de 44 Km linéaires dans les magasins des différents sites de la BnF.

 

 

 

Développement de la presse en France

Pour entrer plus avant dans le détail de la collection, commençons par revenir sur quelques jalons de l’histoire de la presse en France. C’est au XVIIe siècle qu’apparaissent les premières publications périodiques avec La Gazette, en 1631, qui deviendra en 1762 La Gazette de France, organe officiel du ministère des Affaires étrangères publiant des informations à caractère politique. En 1665, Le Journal des savants, sous le patronage de Colbert, se donne pour dessin de «faire savoir ce qui se passe de nouveau dans la République des lettres» (numéro de janvier 1665). Le titre supprimé en 1792, est rétabli en 1816. Enfin, le Mercure Galant qui est fondé en 1672, devient le Mercure de France en 1724 et existe encore aujourd’hui. Durant le «siècle des lumières», les publications périodiques se développent. Vers 1780 on compte une cinquantaine de titres publiés à Paris et une trentaine en province. C’est en 1777 que paraît le premier quotidien français, Le Journal de Paris. Avec la Révolution française et l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui définit le principe de la liberté de la presse, des centaines de titres naissent relatant au quotidien l’évolution des événements. Parmi les plus connus on peut citer le Journal des débats et décrets, l’Ami du peuple, ou le Patriote français. Un coup d’arrêt est donné à cette progression par Bonaparte dès le début du Consulat avec la publication au Moniteur Universel d’arrêtés encadrant sévèrement le nombre de titres d’information politique à Paris et en province.

 

Néanmoins, du fait de l’industrialisation des tirages et de la réduction des prix de vente, la presse écrite connaît un âge d’or au 19e siècle. La IIIe République accompagne ce mouvement avec la loi du 29 juillet 1881 qui installe en France le régime de la presse le plus libéral au monde. Les tirages et le nombre de pages augmentent, la presse quotidienne s’ouvre à un foisonnement de nouvelles rubriques, romans feuilletons, essais, reportages, informations spécialisées, tandis que la presse d’opinion fait son apparition. A la fin siècle et jusqu’en 1914, on compte en France plusieurs milliers de titres. 

Si les gros tirages tels Le Petit Parisien, Le Petit journal, Le Matin, L’Intransigeant, etc., résistent au bouleversement du premier conflit mondial, la guerre anéantit un grand nombre de titres plus fragiles. Le paysage qui se reconstitue pendant l’Entre-deux guerres est marqué par l’expansion de la presse magazine et de la presse quotidienne régionale.

 

La Seconde guerre mondiale voit le rétablissement de la censure visant la presse communiste, et la partition des publications entre les titres préexistants au conflit qui se replient en zone Sud (Le Figaro, La Croix, Le Temps, etc.) et des titres collaborationnistes qui font leur apparition en zone Nord (Je suis partout, Le Cri du peuple, Signal, etc.). Parallèlement, plus de 1 000 titres de presse clandestine sont publiés, souvent sou forme de simples feuilles. Après la Libération les difficultés économiques alliées aux déchirures profondes de la société française entraînent la disparition d’une majorité des titres et la reconfiguration du paysage global de la presse française. Les quotidiens les plus importants reprennent des tirages importants avec la Ve République, tandis que le marché des magazines connaît une forte expansion.

À partir du milieu des années 70, la récession, le développement de la télévision, bientôt le développement du numérique et des titres de presse gratuits entraînent une baisse régulière du nombre tirage de la presse payante.

 

Conservation et communication de la collection de presse

Il ressort de ce rapide historique que les tranches chronologiques les plus volumineuses de la collection de presse conservée à la BnF sont les années 1880 à 1944, qui représentent près de 35% du fonds, et les années 1944 à 1990 qui représentent près de 39% du fonds. En raison des difficultés liées au traitement des flux de fascicules entrés par dépôt légal, des dégradations liées au papier, à l’encre et aux formats des publications, ces fonds sont particulièrement fragiles.

Afin d’en assurer la conservation et une meilleure communication, des campagnes de microfilmage ont été menées par l’établissement à partir de la fin des années 1950. Le nombre de titres de journaux microfilmés est ainsi estimé à 5,5% du total de la collection. De même, la numérisation en masse de la presse libre de droit a débuté partir de 2005 avec les 22 grands quotidiens sélectionnés dans le cadre du programme Jeanneney (plus de 2 millions de pages pour les titres Le Temps, La Croix, L’Humanité, Le Figaro, Le Figaro littéraire, Le Monde diplomatique – années 1954-1977 disponibles en version numérisée dans les emprises de la BnF sur Gallicaintramuros –, Le Journal des débats, La Presse, Le Petit parisien, Le Gaulois, Le Matin, Le Petit journal, Le Constitutionnel, L’Univers, L’Aurore, Le Petit journal illustré, L’Action française, L’Echo de Paris, L’Intransigeant, La Justice, Le Populaire de Paris, Le Siècle). 

 

Les actions de numérisation de la presse se sont poursuivies depuis lors, menées conjointement par la BnF et par sa filiale BnF-Partenariats, mais aussi par le  projet Europeana Newspapers. Aujourd’hui, plus de 7 000 titres sont numérisés (cote catalogue NUMP) représentant près de 3% du total de la collection. Ils sont accessibles en ligne grâce à trois plateformes de diffusion, Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF et de ses partenaires, RetroNews qui est un site de presse éditorialisé, et Europeana Newspapers qui donne accès à des journaux de toute l’Europe.

La collection de presse conservée à la BnF est donc constituée de plusieurs ensembles : une collection papier ; une collection numérique constituée par numérisation d’originaux et de microformes ; une collection numérique collectée via le dépôt légal de l’internet ; une collection microfilmée constituée soit par microfilmage des originaux, soit par acquisition de microfilms. Les supports physiques, originaux papier ou reproductions microformes, sont répartis entre différents départements. Majoritairement au département Droit, économie, politique qui conserve près de 70% de la collection de presse. Viennent ensuite les départements Philosophie, histoire, sciences de l’homme avec 10% de la collection, Littérature et arts 7%, Sciences et techniques  5%, et enfin le site de l’Arsenal qui conserve également près de 5% des titres de presse de la BnF.

 

Cet article est disponible en version anglaise sur le blog du projet NewsEye (A Digital Investigator for Historic Newspapers). Ce projet, dont la BnF est partenaire, vise faciliter l’accès à la presse ancienne pour la période 1850-1950 sous forme numérique pour l’ensemble des publics. Il bénéficie de financements européens dans le cadre du programme Horizon 2020.

 

Les données concernant la collection de presse conservée à la BnF sont issues du rapport : «La presse physique et numérique à la BnF : états des lieux et perspectives», par Catherine Aurérin et Aline Girard, remis en mars 2018 à la Présidente et la Directrice générale de la BnF.