La roue à livres de l'Arsenal
Comment s’en servait-on ?
Nous avons tous en tête les roues à livres que l’on peut voir dans les enluminures médiévales, montées sur un axe vertical autour duquel l’utilisateur peut faire tourner un plateau rempli de livres. Ces roues-là sont des meubles faits pour l’étude dans une bibliothèque médiévale.
La roue à livre de l’Arsenal ressemble plutôt à un lutrin. Elle est constituée de deux croix qui tournent autour d’un axe horizontal, et de quatre pupitres qu’un mécanisme d’entraînement par rouage maintient toujours inclinés à 45 degrés.
C’est un meuble massif, en bois de noyer, comportant quelques ornements sculptés (des ailerons à volutes, des feuilles d’acanthe, des grappes de fleurs et de fruits).
Elle était utilisée dans le chœur de l’église du couvent des Capucins dont elle provient : elle avait donc un usage liturgique. On disposait sur les tablettes inclinées les livres contenant les chants de l’office ou de la messe en cours. En actionnant la roue, on faisait passer rapidement sous les yeux du ou des célébrants les livres nécessaires, déjà ouverts aux pages correspondant au moment de la célébration.
Quelle est son origine ?
Le principe de ce type de pupitre rotatif à rotation verticale a été inventé par l’ingénieur Agostino Ramelli dans les années 1580 et semble avoir rencontré un important succès au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, surtout en Europe centrale. Très peu de ces roues ont été conservées. On n’en dénombre guère plus d’une dizaine dans le monde, dont celle de l’Arsenal qui est l’une des plus anciennes.
Elle a été fabriquée dans les années 1620 et provient du couvent parisien des Capucins, situé la rue Saint Honoré et aujourd’hui disparu. Le meuble s’y trouvait jusqu’à la Révolution française. avant d’être saisi en 1790, puis transféré la même année dans le dépôt littéraire de Saint-Louis-la-Culture, et enfin en 1798 dans ce qui est aujourd’hui la bibliothèque de l’Arsenal, où elle est toujours conservée. Cette roue est l’une des plus anciennes connues, mais aussi l’une des plus célèbres ! Elle est en effet évoquée dans un long poème de Victor Hugo, L’Âne, où l’animal, satirisant toutes les bibliothèques de Paris, parle de «l’Arsenal qui fait, lorsque l’on le secoue, Tourner tant de néant sur son pupitre à roue !».