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Le Congrès de musique arabe du Caire de 1932
Le Congrès de musique arabe est la première manifestation d’importance internationale à se tenir sur une musique non occidentale. Nombre de personnalités sont invitées parmi lesquelles les compositeurs Bela Bartok, Paul Hindemith, les musicologues Erich Moritz von Hornbostel, Curt Sachs, Muhammad Kâmil al-Hajjâj, Mahmûd Ahmad al-Hifnî. Précisons que le principal instigateur de cette rencontre est le baron Rodolphe d’Erlanger, spécialiste de la musique arabe.
Parmi ses objectifs initiaux figure une volonté affirmée de « modernisme » et de théorisation de la musique arabe. Avec du recul, il fut aussi perçu comme une redécouverte de la tradition. Ce congrès fut l’occasion d’entendre les interprètes, solistes et ensembles, parmi les plus prestigieux des musiques arabo-maghrébines de l’époque.
342 morceaux enregistrés sur des 78 tours
Sa particularité réside dans la création d’une « Commission de l’enregistrement ». Présidée par Robert Lachman, elle est chargée de « consigner sur des disques un riche répertoire de morceaux arabes qui n’avaient pas encore été réunis », et d’établir « les règles à suivre ultérieurement pour des opérations d’enregistrement… ». L’enregistrement phonographique est désormais considéré comme un moyen d’analyse et de réflexion musicologique. 342 morceaux sont ainsi enregistrés sur des 78 tours par la marque Gramophone-His Master’s Voice pendant le Congrès, sans jamais être publiés.
L’enregistrement rarissime du concert sacré des Mawlawiyya
D’un point de vue artistique, cet ensemble se situant à la fin de la période de la nahda (la Renaissance arabe) revêt alors un caractère historique et musical d’une valeur incomparable. Au côté des musiques profanes savantes et populaires, citadines et rurales, on relève notamment un certain nombre d’enregistrements religieux rarissimes comme celui du rituel d’invocation de Dieu de la confrérie sunnite Badawiyya, celui du concert sacré des Mawlawiyya (les « derviches tourneurs ») du Caire ou encore les enregistrements de l’église copte orthodoxe égyptienne.
Philippe Stern pour le Musée Guimet, Mesdames Hercher Clément et Lavergne pour le Musée de la Parole et du Geste figurent parmi les personnalités invitées. A ce titre, en 1935, après avoir donné une collection des enregistrements sonores réalisés pendant le Congrès au Musée Guimet, à la British Library et aux Phonogrammarchiv de Berlin, le Roi Fouad 1er fait le même don au Musée de la Parole et du Geste. Il s’agit des seules collections de ces enregistrements existant au monde. Les collections du Musée de la Parole et du Geste seront intégrées à la Phonothèque nationale à laquelle succède le département de l’Audiovisuel de la Bibliothèque nationale de France. La copie des enregistrements originaux 78 tours sur supports numériques a été faite par le département Son, vidéo, multimedia de la BnF dès 1996.
En 2015, la BnF avec ABU DHABI TOURISM & CULTURE AUTHORITY a publié l’intégralité des enregistrements du Congrès de musique arabe du Caire sous la forme d’un coffret de 18 disques compacts, accompagnés d’un livret trilingue – français, anglais, arabe – de 150 pages. Il est en vente au services des Éditions de la BnF.
À l’occasion de cette édition phonographique, un concert a été donné à la BnF en octobre 2015 proposant l’interprétation par des musiciens contemporains de plusieurs extraits des musiques originales du Congrès de la musique arabe de 1932.