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Le manuscrit de « Notre-Dame de Paris » présenté lors de Festival de la BnF 2019
Notre-Dame de Paris, un roman rédigé dans l’urgence
Le manuscrit du livre emblématique de Victor Hugo compte 455 feuillets, initialement volants et reliés en volume longtemps après la publication du roman. Comme pour la plupart des écrits de Hugo, il s’agit du seul état du texte, donné à la fois comme la première rédaction et la dernière, celle-là même qui a été confiée à l’imprimeur pour l’édition originale.
Loin des superpositions de ratures des manuscrits de Flaubert, ou de l’expansion organique en « paperoles » de ceux de Proust, Notre-Dame de Paris offre l’aspect d’une rédaction continue, avec peu de corrections, d’ajouts ou de suppressions.
Cette apparence reflète la genèse du roman : Hugo s’était engagé en 1828, auprès de l’éditeur Gosselin, à fournir sous peu un grand roman historique dans le genre de Walter Scott, roman qu’il prétendait quasi-achevé alors qu’il n’était encore qu’à l’état d’idée. Au printemps 1830, l’éditeur ne voyant toujours rien venir, passe de l’impatience à la colère, menaçant l’écrivain d’écrasantes pénalités si le roman ne lui est pas livré à la fin de l’année. Hugo entreprend la rédaction le 25 juillet, mais la révolution des « Trois Glorieuses » puis la naissance de sa fille Adèle l’interrompent pendant un mois. L’essentiel du roman fut ainsi écrit dans l’urgence en quatre mois, entre septembre 1830 et janvier 1831.
Le fonds Victor Hugo au département des Manuscrits de la BnF
Par ce codicille ajouté en 1881 à son testament, Victor Hugo accomplissait un geste fondateur : il était, dans le domaine français, le premier écrivain à léguer l’ensemble de ses manuscrits à une institution publique. Ce geste était par ailleurs profondément cohérent avec sa pratique d’écrivain : depuis son adolescence, il avait pris soin de conserver les manuscrits de tous ses textes littéraires, critiques ou politiques. Sa malle aux manuscrits, sauvée par Juliette Drouet lors du coup d’Etat du 2 décembre 1851, l’avait même accompagné dans ses deux décennies d’exil à Bruxelles, Jersey puis Guernesey. En confiant ces milliers de pages à la Bibliothèque nationale, c’est le témoignage de toute une vie de création et d’engagement qu’il léguait à l’humanité.
Si la volonté de Hugo fut assez fidèlement respectée par ses exécuteurs testamentaires, il fallut néanmoins près de 70 ans pour que l’intégralité des manuscrits inventoriés à la mort de l’écrivain rejoigne enfin la Bibliothèque nationale. Le fonds comprend aujourd’hui la quasi-totalité des œuvres poétiques, romanesques et théâtrales de l’auteur, ses textes critiques et historiques, ses articles et discours, de très nombreux carnets personnels, notes et fragments, et plusieurs centaines de dessins.
Depuis les années 1950, la Bibliothèque nationale n’a cessé d’enrichir ce fonds par une politique continue d’acquisitions qui se poursuit aujourd’hui : plusieurs carnets, des brouillons de L’Homme qui rit, des procès-verbaux de séances de spiritisme, l’immense correspondance avec Juliette Drouet… Ces manuscrits et dessins sont régulièrement présentés dans d’importantes expositions en France et à l’étranger ; leur numérisation puis leur mise en ligne dans la bibliothèque numérique Gallica sont venues accomplir le rêve hugolien d’un accès universel à son oeuvre.
Premières éditions et premières éditions illustrées de Notre-Dame de Paris (1831-1844)
A cette occasion, nous présenterons également les premières éditions, témoins exceptionnels issus de la Réserve des livres rares.
La première édition
Notre-Dame de Paris parut en mars 1831 chez l’éditeur Gosselin, impatient de publier un texte que l’auteur s’était initialement engagé à fournir deux ans plus tôt déjà. Pensée comme un « roman dramatique » dans l’esprit de Walter Scott, l’œuvre fut assez bien accueillie sans toutefois connaître immédiatement le succès énorme auquel elle était destinée. Mais sans attendre, Gosselin redoubla dès 1831 l’édition originale en deux volumes au format in-8° d’une édition en quatre volumes au plus modeste format in-12.
Victor Hugo avait signé dès novembre 1828 un contrat avec Charles Gosselin, éditeur des traductions françaises de Walter Scott, aux termes duquel il devait livrer cinq mois plus tard un roman de sujet médiéval. Il ne s’acquitta de son engagement qu’en janvier 1831. L’édition originale parut au mois de mars, tirée à 1100 exemplaires
La Première édition illustrée
L’année suivante, Victor Hugo fit paraître chez Eugène Renduel, l’un des éditeurs attitrés de l’école romantique, une nouvelle édition, augmentée de trois chapitres inédits – parmi lesquels le célèbre chapitre intitulé « Ceci tuera cela », dont le mot prophétique annonçait « que le livre de pierre, si solide et si durable, allait faire place au livre de papier, plus solide et plus durable encore. » Si la formule « voulait dire : L’imprimerie tuera l’architecture », la préface n’en était pas moins un vigoureux plaidoyer pour la sauvegarde des monuments architecturaux du passé : « Inspirons, s’il est possible, à la nation l’amour de l’architecture nationale. C’est là, l’auteur le déclare, un des buts principaux de ce livre. »
Publiée parallèlement à une édition en livraisons, cette édition en volume est dite « keepsake » par analogie avec les keepsakes anglais, recueils littéraires de petit format illustrés de gravures. Destinée à servir de livre d’étrennes, elle fit souvent l’objet de reliures soignées, volontiers ornées d’un décor « à la cathédrale » faisant écho à la planche d’illustration qui représentait la façade de la cathédrale.
Et la première édition réellement illustrée
Cette édition, présentée par ses éditeurs comme la première « édition réellement illustrée du chef-d’œuvre de Victor Hugo », imprimée « avec toutes les ressources que présente la typographie moderne », contient 21 gravures sur acier et 34 gravures sur bois tirées sur papier teinté, d’après des dessins d’artistes tels que Tony Johannot et Charles-François Daubigny et de peintres d’histoire comme Ernest Meissonier et Auguste Steinheil. Elle est contemporaine des projets de restauration de Notre-Dame de Paris, dont les travaux, confiés aux architectes Eugène Viollet-le-Duc et Jean Baptiste Lassus, commenceront en 1845. La planche intitulée « Claude Frollo, Esmeralda et Gringoire en bateau » offre une vue du chevet et de la flèche surmontant la croisée du transept, démontée au XVIIIe siècle et que Viollet-le-Duc entreprendra de recréer en 1858.
L’illustration du roman se limita d’abord à de simples vignettes ornant les pages de titre. C’est en 1836 seulement que Renduel publia une première édition illustrée – édition dite « keepsake » –, qui comptait, en plus du frontispice, onze planches signées d’artistes renommés de l’époque romantique tels que Tony Johannot, Auguste Raffet ou Louis Boulanger et gravées sur acier par les frères Finden. À cette édition dite « keepsake », de petit format, succéda en 1844, chez Perrotin et Garnier frères, une édition monumentale illustrée de 55 planches hors-texte. Avec elle s’est durablement fixée une imagerie du roman dont resteront tributaires nombre d’éditions ultérieures.
Une présentation exceptionnelle lors du Festival de la BnF 2019
Lecture exceptionnelle de Charles Berling, enregistrement en direct de l’émission radiophonique «La Dispute» France Culture et projections sur les Tours, la BnF rend hommage à Notre-Dame de Paris.
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