Le mythe dont vous êtes le héros

Les élèves de sixième du collège Lavoisier ont fait le déplacement en métro depuis Pantin avec leur professeure de français et latin. Sous la houlette de Maëlys Robin, médiatrice culturelle à la BnF, ils découvrent les salles du musée. « Ça ressemble à Versailles ! », s’exclame l’un d’eux en entrant dans le salon Louis XV.

Zeus et son « truc avec des piques »

Maëlys attire leur attention sur l’un des trumeaux peints par Carle Van Loo, consacré aux protecteurs des muses : Apollon, représenté sous les traits de Louis XV, est entouré d’Hermès et Héraclès. Les élèves sont invités à reconnaître leurs attributs – caducée, peau du lion de Némée. « Aujourd’hui, on va observer attentivement des objets antiques » : de vitrine en vitrine, Maëlys fait identifier les différentes figures mythologiques visibles sur les objets exposés. Ici, Athéna et son casque de guerrière, là Poséidon et son trident puis Artémis avec son arc et son carquois. S’ils hésitent sur le nom du « truc avec des piques » que Zeus tient dans la main droite (le foudre !), ils sont en revanche très au fait des aventures de Thésée dont on peut suivre les péripéties au fil des vases grecs donnés à la Bibliothèque par le duc de Luynes en 1863. En une heure de visite, les objets antiques du musée prennent vie et font surgir quantité de récits mythologiques, de l’histoire de Perséphone à celle d’Atlas, en passant par l’odyssée d’Ulysse.

« Je contre-attaque avec la sandale d’Hermès »

Les collégiens rejoignent ensuite l’espace pédagogique pour mettre à profit ce qu’ils viennent de voir. Chacun choisit une figure de référence – héros, monstre ou divinité – à dessiner sur une carte dotée de points de magie, force et intelligence. Apolline hésite entre Pégase, l’Hydre et le Cyclope qu’elle trouve tous « très cools ». « Je te conseille l’Hydre, lui souffle son enseignante, parce que le Cyclope n’est pas malin et que Pégase, à part voler, il ne sait pas faire grand-chose… » Une fois leur personnage prêt, les joueurs, constitués en équipe, s’affrontent à l’aide des cartes qu’ils ont en main : attaques et défenses, pièges et nectars contribuent à pimenter l’action.

Le niveau sonore de la salle augmente à mesure que les élèves se prêtent au jeu. Dans un coin de la pièce, c’est une bataille sans merci qui se déroule entre, d’un côté, Mathis-Thésée et Matias-Zeus, et, de l’autre, Eliott-Hadès et Praveen-Héraclès. La carte « pomme de discorde » fait perdre plusieurs points de vie à Héraclès. « Je contre-attaque avec la sandale d’Hermès ! », rugit Hadès. Passant de table en table, Maëlys conseille les jeunes joueurs et précise certaines règles. Avec sa collègue Mathilde Champmartin, elle a imaginé et réalisé cette visite-atelier en s’appuyant sur une intelligence artificielle, notamment pour réaliser le graphisme des cartes et pour tester le jeu grâce à des simulations de parties. Ces visites rencontrent depuis l’automne dernier un grand succès auprès des classes comme auprès des familles accueillies le samedi et pendant les vacances scolaires. « Il existe une version simplifiée du jeu pour les enfants à partir de 6 ans, explique-t-elle. On nous demande souvent s’il est commercialisé : ce n’est pas encore le cas, mais on y réfléchit. » En attendant de pouvoir y jouer à la maison, il faut donc venir le tester sur le site Richelieu !

Mélanie Leroy-Terquem

Article paru dans Chroniques n° 103, avril-juillet 2025