Destinée à être placardée sur un mur et à frapper la vue du passant, l’affiche est le support d’annonce d’un évènement ou celui d’un message, publicitaire, administratif, légal ou politique. La prépondérance de l’image et l’usage de la chromolithographie à la fin du XIXe siècle ont permis l’essor de l’affiche illustrée et partant, le développement de la collection d’affiches du département des Estampes et de la photographie. Ce fonds, qui continue régulièrement de s’enrichir, est constitué essentiellement grâce au dépôt légal imprimeur, complété par des dons et des achats. Il offre un véritable panorama de l’affiche illustrée.
Une impression dans l’air du temps
- L’affiche, en tant qu’image imprimée, peut être considérée comme une estampe. Ainsi, toutes les techniques accompagnent l’histoire de l’affiche illustrée : la gravure sur bois, sur cuivre ou sur acier, la lithographie, la chromolithographie qui est utilisée massivement de la fin du XIXe siècle aux années 1960, puis l’offset ou la sérigraphie qui passent longtemps par la photogravure et aujourd’hui par le numérique.
- Par nature rattachée à un événement, l’affiche fait partie des ephemera. Le département conserve des affiches de tous les formats (de 60 x 40 cm à 300 x 400 cm) et portant sur tous les sujets : produits commerciaux les plus variés (alimentation, boissons, automobiles, mode…), presse et édition, transports et tourisme, spectacles (café-concert, danse, cirque..), politique et histoire.
- La collection d’affiches relève de l’histoire visuelle mais permet aussi de témoigner de la vie économique, politique, sociale, culturelle d’une époque.
Des œuvres d’artistes et de professionnels
- L’affiche peut être associée aux œuvres de « grands noms », déterminants pour son histoire. Ainsi, Jules Chéret, dès 1866, fait figure de pionnier. Son œuvre, dont le département conserve un ensemble important, marque le début d’un véritable âge d’or.
- Dans le sillage de Chéret, en effet, des dessinateurs, illustrateurs, imprimeurs-lithographes, artistes-peintres ont participé à l’essor de l’affiche artistique. Le département conserve de très beaux œuvres de Toulouse-Lautrec, des nabis (Bonnard) ou encore de Steinlen et Mucha.
- Le domaine de l’affiche s’est rapidement professionnalisé. Leonetto Cappiello, au début du XXe siècle, puis A.M. Cassandre, Charles Loupot, Jean Carlu durant l’Entre-deux-guerres, établissent les grands principes d’un graphisme qui obéit à des lois de lisibilité et de mémorisation. Une démarche que poursuivent plus tard de grands affichistes comme Raymond Savignac ou Bernard Villemot.
- Les mots désignant le créateur d’affiches ont évolué : de l’illustrateur des débuts, on est passé progressivement à celui d’affichiste ou de dessinateur publicitaire. Aujourd’hui, le terme de graphiste ou designer graphique s’applique à un auteur qui, outre l’affiche, peut travailler tous les supports de la communication visuelle, dans le cadre d’une commande. Le département porte une attention toute particulière au graphisme d’auteur.
Une mémoire et un imaginaire collectifs
- Dans le fonds d’affiches du département, on retrouve des œuvres comme Moulin-Rouge, La Goulue de Toulouse-Lautrec ou Le Chat Noir de Steinlen qui sont entrées dans la mémoire de tout un chacun. De même, certaines figures publicitaires telles que la petite fille du chocolat Menier de F. Bouisset, le Bibendum Michelin de O’Galop ou La Vache qui rit de B. Rabier sont devenues de véritables icônes, aisément reconnaissables, repères familiers de plusieurs générations, par-delà l’histoire sociale.
- Dans des registres très différents, on peut citer aussi les affiches de cinéma, de 1895 jusqu’à aujourd’hui, ou encore les sérigraphies artisanales réalisées en mai 68 par l’Atelier populaire de l’École des Beaux-Arts, qui font désormais partie d’un patrimoine commun.