Le site Richelieu : un palais au cœur de Paris
Au fil du temps, de prestigieux architectes comme Henri Labrouste, Jean-Louis Pascal et Michel Roux-Spitz se succèdent et transforment le lieu. Confiée aux architectes Bruno Gaudin et Virginie Brégal, appuyés par les architectes des monuments historiques Jean-François Lagneau et Michel Trubert, la démarche de rénovation du site s’inscrit dans la lignée des grands architectes de la Bibliothèque. Elle révèle l’histoire des lieux tout en dotant les espaces du confort moderne, pour ouvrir le bâtiment sur la ville et accueillir un public toujours plus large.
Découvrez dans cette page les espaces rénovés au cours de ce chantier majeur.
Le jardin Vivienne
Au cœur du Paris historique, dominé par le minéral et les bâtiments, manquant de surfaces plantées, un nouveau jardin voit le jour sur le site Richelieu. L’aménagement du jardin Vivienne a été conçu par l’artiste et jardinier Gilles Clément, Antoine Quénardel, paysagiste concepteur, et Mirabelle Croizier, architecte du patrimoine. Leur projet, intitulé Hortus papyrifer, introduit de nombreuses plantes papyrifères connues pour intervenir dans l’élaboration de supports d’écriture et d’impression : mûrier, bambou, papyrus. Ce jardin trace ainsi un lien évident avec la Bibliothèque, lieu de conservation emblématique des œuvres sur papier.
Le jardin est établi exactement là où le cardinal Mazarin a fait aménager le jardin de son palais au XVIIe siècle. Disparu au XVIIIe lorsque la Bourse des valeurs s’installe dans la galerie Mansart, il est recréé au milieu du XIXe siècle par Henri Labrouste, qui recompose un espace de verdure « à la française » autour d’un bassin agrémenté d’une fontaine centrale qui dessinait quatre parterres de gazon.
Les cheminements actuels évoquent ces grandes orientations et sont traités de façon à dialoguer avec les façades de l’hôtel Tubeuf et de l’aile Mansart, en reprenant au sol des parements de briques d’argile aux teintes variées. La fontaine a été transformée en bassin agrémenté de plantes aquatiques, qui offrent un milieu spécifique et un habitat écologique nouveau.
Le hall Vivienne et l’escalier d’honneur
Le hall Vivienne se compose de trois espaces. Le premier héberge la nouvelle banque d’accueil et correspond à une ancienne salle d’exposition, la salle Mortreuil, dont le mur ouest, donnant sur l’escalier, a été supprimé pour offrir plus de lisibilité aux volumes et faciliter les circulations.
L’escalier d’honneur occupe le second espace. Le premier escalier est élevé par Robert de Cotte au XVIIIe siècle. Jean-Louis Pascal le remplace au début du XXe siècle, en conservant certains panneaux de la rampe. Les parties historiques de cet escalier ont été soigneusement démontées au début des travaux en 2017. Création originale de Bruno Gaudin, l’escalier actuel, spirale de métal, libère la perspective et permet de desservir les étages accessibles au public, en préservant la lumière naturelle qui arrive depuis une verrière zénithale.
Enfin, un troisième espace fait la jonction avec le hall Labrouste. Le vide central voulu par Labrouste pour apporter de la lumière naturelle a été recréé en équipant le palier de l’étage de carreaux de verre. Entre les deux baies d’accès au hall Labrouste, un grand plan audiotactile permet aux visiteurs de s’orienter sur le site.
La salle Ovale
Salle emblématique de la BnF I Richelieu, la majestueuse salle Ovale devient le symbole de l’ouverture du site.
La construction de la salle Ovale a été entreprise en 1897 par Jean-Louis Pascal, et achevée en 1932 par Alfred Recoura. Elle a été inaugurée en décembre 1936 par le président de la République Albert Lebrun. Entre 1999 et 2016, elle accueille à la fois la salle de références bibliographiques du site Richelieu pour la BnF, et la salle de lecture de la bibliothèque de l’INHA. Elle est fermée pour travaux en septembre 2016 et rouvre en 2022 pour devenir enfin une salle en libre accès
Inscrite au titre des monuments historiques, la salle impressionne par ses dimensions : un ovale de 43,70 m sur 32,80 m, 18 m de hauteur. Le plafond est composé d’une verrière centrale entourée d’un élégant entrelacs de feuilles d’acanthes dorées, la partie supérieure de l’ovale est percée de seize oculi (œils-de-bœuf) vitrés entourés de mosaïques. Grâce aux dalles de verre posées au sol, qui n’ont pu être conservées dans le projet du fait de la mise en sécurité des espaces, la lumière dispensée par la verrière pouvait pénétrer jusque dans le magasin situé au sous-sol, appelé « crypte Pascal ». Au-dessus de chacun des oculi vient s’inscrire le nom d’une ville célèbre pour sa portée symbolique dans l’histoire des civilisations et des bibliothèques. Ces ouvertures circulaires surmontent les arcades, soutenues par seize paires de colonnes cannelées, à chapiteaux ioniques, en fonte. Tout autour de la salle sont disposés des casiers à petits compartiments, et au-dessus, le long des murs courent trois étages de rayonnages avec balcons et planchers en fer à claire-voie.
La salle a bénéficié d’une restauration exemplaire, portant notamment sur la gigantesque verrière, les oculi vitrés et les mosaïques. Les tables Recoura ont été réinstallées au sein d’un nouvel aménagement conçu et réalisé par les architectes.
La restauration de la salle Ovale a bénéficié du soutien de plus de 2 700 donateurs.
Pour découvrir la salle Ovale et ses collections, avant, pendant et après votre visite, rendez-vous sur notre site internet dédié à partir du 12 septembre ! Les bibliothécaires vous guident à travers des sélections thématiques et des coups de cœur lecture.
Avec l’achèvement des travaux de rénovation du site Richelieu, la salle Ovale va retrouver sa destination originelle de salle de lecture ouverte à tous. Une bibliothèque pleinement au service de ses lecteurs offre à la consultation des fonds riches et variés mais également un mobilier adapté aux heures de lecture et d’étude. Afin de répondre à ce besoin, la BnF s’est associée au Mobilier national pour la création originale d’une chaise. Cette collaboration exceptionnelle a permis de confier le dessin de cette assise au designer Patrick Jouin. L’Atelier de recherche et de création (ARC) du Mobilier national en a conçu le prototype. Les 160 postes de lecture de la salle Ovale seront équipés de cette chaise éditée par le fabricant basque ALKI et accessible au grand public.
La galerie Mansart - galerie Pigott
La galerie Mansart, dite « galerie basse » du cardinal Mazarin, abritait à l’origine les collections de sculptures antiques du cardinal. C’est une pièce rectangulaire de 45,40 m de longueur et 6,30 m de largeur, avec un plafond voûté à 5,95 m.
Comme la galerie Mazarin située immédiatement au-dessus, elle présente à l’origine un riche décor de stucs et peintures réalisé en 1649 par Alessandro Salucci et Vincent Adriaenssen Leckerbetien, dit Il Manciola, pour la voûte, et Le Tellier et Paolo Gismondi pour les murs.
Elle est occupée à partir de 1724 par la Bourse des valeurs, puis par le Trésor public. Affectée à la Bibliothèque en 1828, elle devient la salle de lecture du cabinet des Estampes en 1854 après sa restauration par Henri Labrouste. Elle est ensuite restaurée et réaménagée par Michel Roux-Spitz en 1938 pour devenir un espace d’expositions temporaires. Si la voûte est bien conservée, les décors muraux ont quasiment tous disparu, à l’exception des fresques situées à côté de la fenêtre en fond de galerie (extrémité sud). La galerie Mansart a bénéficié d’une restauration d’envergure, sous la maîtrise d’ouvrage déléguée de l’OPPIC, et d’un aménagement muséographique, sous la conduite des agences Gaudin et 8’18, pour redevenir, en 2022, une galerie d’expositions temporaires. Elle n’est accessible au public que durant ces périodes d’expositions.
La galerie Mansart a été restaurée grâce au soutien de la Paccar Foundation.
Le hall Labrouste
Le hall Labrouste se situe dans le prolongement du hall Vivienne. Dallage du sol en marbre clair avec cabochons ronds rouges et bordure verte, revêtements en pierre dure des murs et bas-reliefs incrustés de disques en marbre poli : son esthétique fait écho aux vestiges de Pompéi et aux tombeaux étrusques.
La salle Labrouste
Classée monument historique depuis 1983, cette salle réalisée entre 1861 et 1868, pièce maîtresse d’un grand projet de réorganisation de la Bibliothèque nationale, est le chef-d’œuvre de l’architecte Henri Labrouste.
Henri Labrouste reprend le principe d’une structure métallique, expérimentée pour la bibliothèque Sainte-Geneviève, mais dans un registre formel totalement différent, rappelant ici l’Orient byzantin. La salle est éclairée par neuf coupoles revêtues de carreaux de faïence qui diffusent une lumière uniforme dans la salle. Les coupoles reposent sur des arcs en fer ajourés retombant sur seize colonnes de fonte élancées, contribuant à l’effet de légèreté extraordinaire de cet espace. En 1864, le paysagiste Alexandre Desgoffe réalisa les tableaux au-dessus des rayonnages latéraux qui représentent une nature verdoyante, destinés à inspirer aux lecteurs une sensation de calme et de détente. Trente-six médaillons d’hommes de lettres de tous pays ornent le pourtour de la salle.
Initialement, la salle était dépourvue d’éclairage artificiel, par crainte des risques qu’aurait pu faire courir un éclairage au gaz. Lors de l’arrivée de l’électricité, dans les années 1920, furent installées des lampes qui ont été conservées, certaines dotées d’abat-jour en opaline.
Dans le cadre des travaux de rénovation, conduits sous la supervision de l’architecte Bruno Gaudin et l’architecte en chef des Monuments historiques Jean-François Lagneau, c’est toute la structure mais aussi les peintures et le mobilier qui ont été rénovés. Ils ont été nettoyés en profondeur afin de redonner à la salle sa splendeur d’origine, sans modifications.
Le plancher en chêne a été refait à l’identique, le plancher d’origine étant trop abîmé pour être conservé.
La bibliothèque de l’INHA est désormais installée dans cette salle.
Le magasin central
Derrière la salle Labrouste, les deux cariatides monumentales du sculpteur Joseph Perraud marquent l’entrée du cœur fonctionnel des installations de Labrouste : le grand magasin central. Créé en 1865, le magasin central des imprimés est à l’époque révolutionnaire dans sa conception. Il marque la séparation entre les espaces de lecture et les espaces de stockage mais reste cependant visible de la salle.
Avec quatre étages et un sous-sol, 2,30 m de hauteur par étage pour éviter les échelles, des niveaux en caillebotis pour que la lumière y pénètre depuis le toit vitré, des liaisons pratiques entre toutes les sections, ce magasin fera référence pendant de longues années. Il conservera les collections d’imprimés de la BnF pendant 130 ans avant leur déménagement en 1998 vers le site François-Mitterrand. Conçu pour abriter 1,2 million de volumes, le magasin est déjà insuffisant dès son inauguration. Mais sa conception verticale, sa proximité avec la salle de lecture et un ingénieux système de transport des ouvrages permettent une efficacité et une rapidité de services impossibles jusqu’alors.
Bruno Gaudin et Jean-François Lagneau l’ont restauré en lui restituant son apparence d’origine et ont répondu à cette nouveauté majeure dans l’histoire du lieu, l’ouverture au public. Bruno Gaudin a ainsi conçu une série de meubles contemporains : des présentoirs, des postes de consultation debout, des places individuelles de lecture assise totalement intégrés au sein des rayonnages historiques ainsi qu’une série de tables de trois, quatre ou six places.
Pour la première fois de son histoire, ce magasin est accessible aux lecteurs, sur trois niveaux. La bibliothèque de l’INHA y offre une soixantaine de places de lecture et la possibilité de consulter en accès libre plusieurs dizaines de milliers d’ouvrages en histoire des arts.
La cour d’honneur
La cour d’honneur est bordée d’édifices appartenant à des époques différentes. La façade avec perron situé face à l’accès par la rue de Richelieu date du XVIIIe siècle ; classée monument historique, elle est le seul vestige extérieur des travaux de l’architecte Robert de Cotte. L’aile nord, à gauche de l’entrée, également élevée par Jules-Robert de Cotte sur les plans de son père, fut reconstruite en 1877 par l’architecte Pascal, sur le modèle ancien.
C’est à Henri Labrouste que l’on doit la physionomie actuelle de cet espace, avec les façades néoclassiques sud et ouest de cette cour, élevées entre 1870 et 1872. En 1867, il élève au sud un vestibule d’entrée (actuel hall Labrouste) pour donner accès à la nouvelle salle de travail. La galerie de verre conçue par l’architecte Bruno Gaudin relie désormais les espaces accessibles au public au premier étage de la Bibliothèque et offre aux visiteurs une vue plongeante inédite sur la cour. Elle mène à la salle de lecture des Manuscrits et relie les deux parties du site et l’ensemble des espaces muséaux. Cette galerie permet de créer un parcours cohérent sur l’ensemble du premier étage et s’inscrit pleinement dans la volonté d’ouvrir largement le site. Henri Labrouste lui-même avait installé en son temps une galerie de liaison en bois. La création de Bruno Gaudin en constitue la réinterprétation moderne.
Sous le porche d’entrée, quatre statues symbolisent les quatre départements historiques de la Bibliothèque : L’Imprimerie par Jules Jacques Labatut, La Gravure par Jean- Baptiste Hugues, La Calligraphie par Jules Coutan et La Numismatique par Just Becquet.
Le hall Roux-Spitz
Symbole du travail de « tissage » effectué par l’architecte Michel Roux-Spitz pour la Bibliothèque, ce hall créé entre 1936 et 1947 fait le lien entre des espaces du XVIIe siècle restaurés (galerie Mansart et galerie Mazarin) et des espaces qu’il conçoit pour le département des Estampes et celui des Cartes et plans, installés dans l’hôtel Tubeuf entièrement réaménagé. Roux-Spitz recouvre ainsi les nouveaux murs de béton par du stuc et installe un dallage en pierre et marbre. Les portes sont en chêne ciré et leur encadrement en pierre d’Hauteville.
Les travaux récents ont élargi les deux paliers, au rez-de-chaussée et à l’étage principal. Bruno Gaudin a mis en place deux parois vitrées pour donner à voir la structure créée par Roux-Spitz, qui a conservé les façades XVIIe de l’hôtel Tubeuf mais a évidé le bâtiment pour y installer huit étages de magasins.
Au rez-de-chaussée, Bruno Gaudin a créé un nouveau magasin des cartes de grand format visible à travers une paroi vitrée. Au fond du hall se trouve un élégant escalier avec un jour central de 1,57 m de diamètre, inscrit à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques. Au premier étage, le palier est décoré de bas-reliefs du sculpteur Marcel Gaumont, et l’on peut apercevoir un magasin aménagé par Roux-Spitz pour les collections de la Réserve des Estampes. À l’étage supérieur, La Dame au bain, une baigneuse de marbre blanc d’Alfred-Auguste Janniot, orne l’espace qui dessert la salle de lecture des Cartes et plans, des Estampes et de la photographie. Les dimensions de l’œuvre sont telles qu’il a fallu attendre son installation avant d’achever les murs et la toiture de cette partie du bâtiment.
Le musée de la BnF
Héritière des collections des rois de France depuis Louis XI, la Bibliothèque réunit dès l’origine, outre des manuscrits et des imprimés, des objets de diverse nature. Un témoignage du début du XVIe siècle atteste la présence, dans la « librairie » de Blois, non seulement de livres aux précieuses reliures mais aussi d’objets. La grande variété des collections de la Bibliothèque fut définitivement affirmée à l’époque de Colbert avec le transfert du cabinet des Médailles du roi rue Vivienne et l’acquisition de la collection de dessins et d’estampes de l’abbé de Marolles en 1667.
Dès lors, livres, images et objets furent conservés dans un même lieu sous l’autorité du garde de la bibliothèque du Roi. L’aménagement du cabinet du Roi en 1741, ouvert aux visiteurs, en fait le premier véritable « musée » de Paris. Succédant au musée du département des Monnaies, Médailles et Antiques (1917-2016), le nouveau musée de la Bibliothèque nationale de France embrasse désormais toute l’étendue des collections de la Bibliothèque. Il se déploie au premier étage sur 1 200 m², dans une muséographie élégante et contemporaine conçue par l’agence Guicciardini & Magni (Florence, Italie) en harmonie avec les espaces historiques qui l’accueillent. Ce sont près de mille œuvres au total, parfois méconnues et cependant toutes emblématiques des collections de la Bibliothèque, que le musée propose aujourd’hui à la délectation des visiteurs, dont environ cent cinquante sont renouvelées régulièrement.
Plus d’informations sur le Musée de la BnF
Salle des Colonnes – salle Fondation Leon Levy
Située à l’arrivée de l’escalier sur le palier de l’étage principal, la salle des Colonnes évoque la disposition d’un temple antique. Elle a été dessinée par Jean-Louis Pascal comme un écrin pour accueillir les riches collections antiques auxquelles elle est encore consacrée aujourd’hui.
Dès les origines, les collections de la BnF sont rassemblées dans le but de comprendre l’histoire et les civilisations de l’Antiquité, celles des mondes grec et romain mais aussi d’autres cultures. Le déchiffrement du phénicien et du palmyrénien, les premières découvertes de l’archéologie scientifique française ont lieu dans ces murs. C’est cet esprit qui a guidé la présentation des collections dans cette salle.
Cabinet précieux – salle Sisley-d’Ornano
Le Cabinet précieux est également l’œuvre de Pascal. Son plafond est orné de quatre grandes médailles dorées qui évoquent le cœur des collections du département des Monnaies, médailles et antiques. Y sont présentées des collections principalement métalliques : médailles, bijoux, pierres gravées, vaisselle d’apparat en métaux précieux.
Le Cabinet précieux a été restauré grâce au soutien de la Fondation Sisley-d’Ornano.
Plus d’informations sur le Musée de la BnF
La salle de Luynes
Aménagée par Jean-Louis Pascal entre 1902 et 1906, la salle de Luynes conserve la totalité de la collection offerte par le duc de Luynes en 1862, principalement constituée d’objets antiques ainsi que d’œuvres aussi exceptionnelles que l’épée de Boabdil. Le don de sa collection a été la source la plus importante d’enrichissement du cabinet des Médailles au XIXe siècle. La collection est répartie dans les vitrines selon plusieurs thématiques.
La salle de Luynes a été restaurée grâce au soutien de la Fondation Andreas Mentzelopoulos.
La salle Barthélemy
Cette salle au décor d’acajou a été construite au début du XXe siècle pour conserver les quelque 600 000 monnaies et médailles du Cabinet et permettre leur étude. Ancienne salle de lecture du département des Monnaies, Médailles et Antiques, la salle Barthélemy tient son nom de l’abbé Barthélemy (1753-1795), érudit, orientaliste, qui put sauver au péril de sa vie, à la Révolution, les collections du cabinet du Roi qui lui avaient été confiées. C’était aussi un magasin, puisqu’une partie des immenses collections de monnaies du département étaient conservées dans les médailliers répartis sur le pourtour de la pièce sur trois niveaux.
Cette salle conserve le décor et le mobilier créés par Pascal dans le style Louis XVI au début du XXe siècle et inscrits à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Plus d’informations sur le Musée de la BnF
Le salon Louis XV
Aménagé au milieu du XVIIIe siècle pour accueillir la collection royale de monnaies et de pierres gravées, le salon Louis XV est, dès sa création, ouvert aux visiteurs érudits ainsi qu’aux curieux. Il peut ainsi être tenu pour le plus ancien musée parisien.
Son décor et son mobilier XVIIIe constituent un ensemble unique au monde et font de cet espace une exceptionnelle period room du siècle des Lumières.
Le décor mural est constitué d’un ensemble de peintures du XVIIIe siècle représentant les muses et leurs protecteurs, réalisées par les plus grands artistes de l’époque, qui avaient leurs ateliers dans les murs de la Bibliothèque royale. François Boucher a peint en 1742 les quatre dessus de porte, dont trois trumeaux ont été réalisés par Carle Van Loo en 1745. Charles Natoire exécute la même année les trois autres trumeaux. Deux grands portraits en majesté complètent l’ensemble : un portrait de Louis XV peint dans les ateliers de Versailles et une copie du XIXe siècle du portrait de Louis XIV par Hyacinthe Rigaud. Les encadrements des tableaux en bois doré datent eux aussi du XVIIIe siècle.
Enfin, le salon actuel étant légèrement plus grand que le salon d’origine, Jean-Louis Pascal fait réaliser au début du XXe siècle quatre peintures représentant des Amours dans les angles du salon. Il reprend scrupuleusement dans les boiseries et trophées en stuc le décor d’origine du XVIIIe siècle, toujours visible dans la partie du salon d’origine qui subsiste dans l’hôtel de Nevers.
Afin de pouvoir conserver des collections toujours plus importantes, lors de la réinstallation du salon dans son emplacement actuel, Jean-Louis Pascal a fait ajouter deux médailliers centraux au début du XXe siècle, copiés sur le modèle des médailliers XVIIIe. Le mobilier se compose de six petits médailliers et deux grands médailliers en applique aux murs, comportant chacun une console d’applique qui supporte une table de marbre rose chantourné et un placard à deux battants. Au centre se trouve une table aux dimensions exceptionnelles.
Médailliers et table ont été exécutés en 1742 par les ateliers de menuiserie Verberckt. Quinze chaises et fauteuils cannés du XVIIIe siècle signés Louis Cresson complètent l’ensemble.
Le salon Louis XV a été restauré grâce au soutien de donateurs et de mécènes :
- Dai Nippon Printing
- T. Kimball Brooker Foundation
- Stavros Niarchos Foundation (SNF)
- Fondation Evergète
- French Heritage Society - Iron Mountain
La Rotonde et la galerie Auguste Rondel
La Rotonde est un espace du musée situé au bout de la galerie de verre, dans l’aile Richelieu. L’aménagement et le décor d’origine, conçus et réalisés par Henri Labrouste entre 1870 et 1875, ont été préservés, et restaurés. Elle abritait jusqu’en 1998 un magasin de la Réserve des livres rares, où étaient notamment conservés les exemplaires de la Bible de Gutenberg. Désormais ouverte à tous, elle propose une scénographie propice à la présentation temporaire de certains ensembles significatifs des collections de la Bibliothèque.
Grâce à une large porte vitrée, la Rotonde offre une perspective sur la galerie Auguste Rondel, magnifique magasin du XIXe siècle, où est désormais conservé l’essentiel de la collection de ce mécène passionné, à l’origine des fonds du département des Arts du spectacle. Cet ancien magasin de la Réserve des livres rares a été lui aussi construit par Henri Labrouste entre 1870 et 1872. C’est un espace imposant, long de 44 m et large de 9,60 m, dont les poutres en métal et les compartiments du plafond sont peints en gris et rouge. Sur certaines solives figure le nom de personnalités ayant marqué l’histoire de la Bibliothèque. Les murs sont habillés de lambris de chêne sur toute la hauteur.
Au bout de chaque travée, des vitrines-pupitres permettaient d’exposer les reliures les plus précieuses de la Réserve et sont désormais dédiées aux collections des Arts du spectacle.
La galerie Mazarin
Vestige du palais Mazarin, la galerie éponyme, l’un des joyaux du site Richelieu, est le cœur battant du nouveau musée de la BnF.
C’est l’un des très rares exemples de galerie baroque encore conservés en France. Parfaitement superposée à la galerie Mansart, située à l’étage inférieur, la galerie Mazarin a conservé en grande partie l’ordonnancement du XVIIe siècle. Elle est classée au titre des monuments historiques.
La galerie fut construite par François Mansart entre 1644 et 1646, à la demande de Mazarin, qui y installa ses riches collections de peintures et de sculptures. Le cardinal, de retour d’Italie, en confia la restauration à deux peintres italiens, Giovanni Francesco Romanelli et Gian Francesco Grimaldi.
La galerie Mazarin a été restaurée grâce au soutien de donateurs et de mécènes :
- Caisse d’Épargne Île-de-France
- Banque Hottinguer
- French Heritage Society - Florence Gould Foundation
- Fondation TotalEnergies - Fondation du Patrimoine
- Carnegie Corporation of New York
- Patrick A. Gerschel Foundation
- David and Susan Rockefeller
La chambre de Mazarin
Si Mazarin eut bien deux chambres dans son palais, aucune ne correspond à celle aujourd’hui appelée « chambre de Mazarin », qui était plutôt une antichambre à l’époque du cardinal. Réalisée entre 1650 et 1655, cette pièce a conservé un plafond de douze panneaux peints de figures allégoriques et de thèmes mythologiques. Les deux principaux, réalisés par Michel Dorigny, représentent La Fortune et La Félicité publique. Ses murs sont couverts de boiseries hautes en bois peint datant du XVIIIe siècle, où sont représentées les vertus cardinales (prudence, tempérance, force d’âme, justice) et théologales (foi et espérance, la charité n’étant pas représentée). La chambre de Mazarin est classée au titre des monuments historiques, et a fait l’objet d’une restauration intégrale en 2018-2019 sous la direction de l’architecte en chef des monuments historiques Michel Trubert. Accessible sur visite guidée, elle reste le passage pour accéder à la salle de lecture de la Réserve des Estampes.
Les salles de lecture des départements spécialisés
La salle de lecture des départements de la Musique et des Manuscrits
Située à l’étage de l’aile Robert de Cotte, cette salle est aménagée par Jean-Louis Pascal de 1880 à 1886 pour le département des Manuscrits, en lieu et place de la salle de lecture publique créée par Visconti en 1833 et réaménagée par Labrouste. D’une superficie de près de 350 m², elle est percée de fenêtres ouvrant sur la cour d’honneur et s’inspire très largement des galeries historiques du XVIIIe siècle, dont elle reprend l’ordonnancement. Les boiseries sont pour partie des remplois des boiseries originales du XVIIIe, pour partie des copies parfaites du XIXe. La salle est desservie par deux remarquables escaliers à vis, très ouvragés. Inscrite à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques, cette salle a été entièrement restaurée en 2016. Elle abrite depuis 2022, outre le département des Manuscrits, celui de la Musique, qui se partagent les places de lecture de part et d’autre de la banque centrale. Elle n’est pas accessible à la visite (hors journées exceptionnelles), mais peut être admirée par le sas vitré.
La salle de lecture des départements des Manuscrits et de la Musique a été restaurée grâce au soutien de Mark Pigott.
La salle de lecture des Cartes et Plans, des Estampes et de la Photographie
Créée en 1947 par Michel Roux-Spitz, cette salle est jusqu’à sa fermeture en 2016 la salle de lecture du département des Estampes et de la photographie exclusivement. La salle bénéficie d’un éclairage naturel homogène grâce à une verrière zénithale coiffée d’une toiture en shed avec vitrage orienté au nord, qui empêche la diffusion directe de la lumière. Les murs et les piliers de la salle sont revêtus de pierre d’Hauteville, donnant une tonalité blonde sur laquelle se détache le mobilier en chêne foncé.
Grâce à la restauration de grande ampleur du site, les visiteurs peuvent désormais découvrir les coulisses de la Bibliothèque, notamment le magasin de la Réserve conçu par l’architecte Roux-Spitz dans les années 1930, qui abrite une partie des collections les plus précieuses du département. Quelques objets évocateurs des collections (bureau, appareil photo, appareil à vues d’optique…) y sont présentés dans un écrin de verre
Depuis 2022, la salle rassemble le département des Cartes et plans et le département des Estampes et de la photographie.
La salle de lecture des arts du spectacle
Entièrement redessinée et réaménagée par l’agence Gaudin en 2016, la salle de lecture des Arts du spectacle offre, grâce à la douceur naturelle des bois clairs du décor et du mobilier, un cadre sobre et confortable, propice à l’étude. Dotée d’une superficie de 200 m², elle compte vingt-huit places de lecture dont six adaptées à la consultation de documents de grand format (affiches, maquettes…). Deux postes audiovisuels permettent de visionner les captations de spectacle conservées par le département. Dans l’espace salon, on peut feuilleter les nouvelles acquisitions et une sélection de revues. En accès libre, une offre enrichie et renouvelée de près de 5 000 ouvrages embrasse les différents arts de la scène.