Pour rappel, tous les sites de la BnF sont fermés les mercredis 25 décembre et 1er janvier.
Les jeux vidéo à la BnF
Le dépôt des jeux vidéo à la BnF
Depuis 1992, les éditeurs des documents multimédia ont l’obligation de déposer leur production à la BnF. Au titre du dépôt légal du web, sont ainsi collectés les sites des créateurs et éditeurs de jeu. Avec plus de 22 000 titres, la collection des jeux vidéo de la BnF est l’une des premières collections publiques françaises en ce domaine. À ce titre, le département Son, vidéo, multimédia s’attache à compléter ses collections du patrimoine vidéoludique par des acquisitions : jeux anciens parus avant l’instauration du dépôt légal, exclusivités japonaises ou encore jeux indépendants contemporains.
Le département bénéficie également de dons de particuliers ou d’institutions, tel celui en 2011 des Médiathèques de la ville de Metz, parmi les premières en France à avoir prêté des jeux vidéo. Le plus ancien jeu conservé par la BnF, édité pour la première console de salon, la Magnavox Odyssey, remonte à 1974. Il est conservé dans la collection Charles Cros.
Chaque année la collection s’enrichit d’environ un millier de jeux.
C’est ainsi une collection unique qui s’est constituée au fil du temps. La France est d’ailleurs l’un des rares pays à avoir inclus les jeux vidéo dans le périmètre du dépôt légal. À juste titre, car l’industrie vidéoludique est de première importance en France, en termes d’emplois et de revenus. Le pays de la « French Touch » est aussi le berceau de grands éditeurs de renommée internationale. Nombreux sont les Français à s’adonner quotidiennement à ce loisir, chez eux ou dans les transports, sur ordinateur, console ou téléphone ou tablette. L’e-sport est aussi une pratique en plein essor et en cours de professionnalisation. La préservation de cette production culturelle s’inscrit donc naturellement dans les missions de la BnF, qui participe ainsi à la reconnaissance de moins en moins contestée de ce 10e art.
Tout conserver : des premiers jeux aux jeux dématérialisés
Tous les supports qui ont jalonné l’histoire du jeu vidéo sont présents dans les collections, de la cartouche pour Atari 2600 au disque Blu-ray pour PlayStation, en passant par la cassette logicielle ou les disquette. Au total, plus de 35 000 supports sont conservés par la BnF qui est également riche de nombreuses éditions « collector ».
Au même titre que les imprimés, les jeux vidéo sont conservés dans des conditions très contrôlées, pour assurer leur conservation pour les siècles à venir.
Désormais, une part croissante de la distribution des jeux vidéo se fait sous forme dématérialisée. La BnF est confrontée à de nouvelles formes de patrimoine vidéoludique : contenus additionnels à télécharger, applications mobiles, jeux indépendants qui choisissent la distribution sur plateformes de ventes en ligne… Ces évolutions constituent un véritable défi pour la BnF, qui se doit d’assurer la continuité de la collecte ainsi que la conservation et la consultation pérennes des jeux vidéo. Des partenariats avec des acteurs majeurs de l’édition devraient permettre à terme de collecter ces contenus innovants.
Le jeu vidéo dans les archives de l’internet
Au titre du dépôt légal du web, instauré par la loi DADVSI de 2006, sont collectés des sites sélectionnés en lien avec le jeu vidéo. Il s’agit aussi bien des sites des professionnels, créateurs et éditeurs de jeu que de sites spécialisés créés par des amateurs, journalistes ou universitaires.
Le développement des « archives de la jouabilité » est aussi à l’étude : récupération d’archives, enregistrements de témoignages, sauvegardes de sites web et de vidéos de parties… pour documenter les jeux en ligne actuels qu’il sera difficile de consulter à l’avenir et notamment garder trace de jeux non déposables ou archivables comme les MMORPG et autres jeux en ligne.
Des vidéos sont également collectées depuis 2010 sur les plateformes dédiées (Dailymotion, YouTube) pour documenter les pratiques et les parcours de jeu.
La BnF souhaite ainsi accompagner le développement des sciences du jeu (ou « games » ou « play studies »), ce champ de recherche pluridisciplinaire très actif notamment dans la sphère francophone (France, Belgique, Suisse, Canada…). Depuis 2005, le département de Son, vidéo, multimedia accueille des chercheurs associés spécialisés dans le jeu vidéo, qui travaillent dans des conditions privilégiées sur ces collections encore méconnues. Le fonds est aussi ouvert aux professionnels du secteur, qui s’intéressent aux productions passées ou aux ressources variées de la BnF pour inspirer et alimenter leurs créations.
Certains jeux vidéo sur les supports les moins fragiles ou sur les plus récents sont consultables sur les consoles des constructeurs (consoles Sega et Nintendo, consoles portables comme la Game Boy ou de dernières générations…). Cependant, afin d’assurer la meilleure conservation des supports possible et de pallier l’obsolescence progressive des machines et des systèmes d’exploitation, la BnF privilégie l’accès aux jeux par émulation. L’émulation consiste à simuler sur un ordinateur actuel l’environnement du logiciel d’origine.
En chiffres
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20 000jeux vidéo
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40 000supports (cartouches, disquettes, etc.)
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55consoles
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1000nouveaux jeux chaque année
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1cycle « Rendez-vous du jeu vidéo »
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1dispositif de réalité virtuell
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1cycle « Nouvelles écritures »
Pour faire une recherche : la salle P
La collection historique est accessible, sur accréditation, dans la salle P de la bibliothèque de recherche, pour toute personne qui mène une recherche (universitaires, journalistes, professionnels…). Une documentation spécialisée sur les jeux vidéo (ouvrages et magazines français et étrangers) est également proposée.
Le mode d’accès originel aux jeux reste documenté grâce à la collection Charles Cros, qui compte 1400 appareils de lecture et de reproduction du son, de la vidéo et du multimédia (On y trouve un exemplaire de la Magnavox Odyssey (l’édition commercialisée en France en 1974), une cinquantaine d’autres consoles de salon et portables, ainsi que des objets connectés comme le lapin Nabaztag. La visite en est possible sur rendez-vous.
Pour jouer, la salle A
Une centaine de jeux vidéo récents sont à disposition de tous les publics, en salle A, sur PC, tablettes et consoles. La réalité virtuelle est également consultable via un casque dédié. Tous les samedis et dimanches après-midi, il est aussi possible de jouer à plusieurs sur grand écran. Des ouvrages thématiques sur le jeu vidéo sont également consultables. Une sélection de jeux vidéo destinés au jeune public est accessible en salle I.
Une collection valorisée
Plusieurs types d’opérations mettent en avant ce fonds unique au monde :
- Organisation d’événements autour du jeu vidéo. Notamment les « rendez-vous du jeu vidéo », plusieurs fois par an, en lien avec des chercheur(e)s : play-conférences, présentations d’ouvrages, séminaires… Quelques exemples de conférences :
En 2019, la BnF a aussi hébergé le festival Indiecade Europe.
- Partenariats avec les professionnels du secteur et les différentes structures qui les regroupent.
- Collaborations avec les associations qui œuvrent à conserver la mémoire du patrimoine vidéoludique, par des actions complémentaires à celles de la BnF.
- Présence de la BnF lors de manifestations emblématiques : stand à la Paris Games Week, participation à des colloques internationaux…
Cycle de conférences à la BnF
En 2020, la saison « Fantasy » a été organisée en prolongation de l’exposition consacrée à Tolkien. Le département Son, vidéo, multimédia a organisé plusieurs conférences et play–conférences complétées par des animations en salle A (réalité virtuelle, sélection de jeux vidéo, projection de films) illustrant ce thème.
La programmation culturelle de la BnF propose chaque année des conférences autour du patrimoine vidéoludique (cycles « Nouvelles Écritures », « Rendez-vous du Jeu vidéo »…).
- À la BNF, les jeux vidéo se font une place à côté des manuscrits anciens Les Échos – Août 2017
- Vidéo de la table ronde « Jeux vidéo : tous dépendants ? » Agence française pour le jeu vidéo – Juin 2019