Les secrets du portrait de Sarah Bernhardt par Jules Masson

Dans la Rotonde du Musée de la BnF se trouve un magnifique portrait de Sarah Bernhardt, peint par Jules Masson. Nous vous racontons son histoire.
 
Portrait de Sarah Bernhardt par Jules Masson, 1889 - © Élie Ludwig / BnF

Qui est Sarah Bernhardt ? 

Tragédienne mythique du tournant des XIXe et XXe siècles, Sarah Bernhardt a été une artiste totale, à la fois comédienne, metteur en scène, sculptrice, peintre et écrivain. Née en 1844, elle intègre le Conservatoire à l’âge de quinze ans. Après des débuts difficiles, elle est engagée au Théâtre de l’Odéon en 1866. Elle connaît un grand succès en 1869 avec Le Passant, une pièce de François Coppée, et devient une des comédiennes les plus en vues de la scène parisienne en triomphant dans Ruy Blas de Victor Hugo en 1872. Elle poursuit sa carrière à la Comédie-Française, puis dans différents théâtres parisiens, comme le Théâtre Sarah-Bernhardt, qu’elle dirige de 1899 à sa mort en 1923. Curieuse et aventurière, elle entreprend des tournées sur les cinq continents pendant plus de quarante ans. Partout, elle est accueillie comme une star. Le public est hypnotisé par son jeu, et en particulier par ses scènes d’agonie.

Sarah Bernhardt dans Théodora, pièce de Victorien Sardou. Photographie de Paul Nadar, vers 1884
 

Un tableau inspiré d’une photo

Sarah Bernhardt, drapée de blanc. Photographie de Félix Nadar, vers 1859-1862 

Tout au long de sa carrière, Sarah Bernhardt a diffusé son image par le biais de photographies, affiches, portraits peints et produits à son effigie. Félix Nadar réalise une célèbre photographie d’elle autour de 1859-1862, lorsqu’elle est encore adolescente. Accoudée à une colonne, la jeune Sarah porte un ample burnous et adresse un regard mélancolique au photographe. Quelque trente ans plus tard, Jules Masson peint un portrait de Sarah Bernhardt, aujourd’hui conservé au département des Arts du spectacle, en s’inspirant de la photographie de Nadar. 

 

Les secrets du tableau

Le fond doré évoque les icônes religieuses et contribue à sacraliser la comédienne, alors âgée de quarante-cinq ans et au sommet de sa carrière. Sarah Bernhardt, qui pratiquait la sculpture, aurait elle-même réalisé le cadre orné de branches de rosier.

La devise de Sarah Bernhardt, « Quand même », apparaît en haut à droite du tableau, sous un masque de tragédie. La comédienne aurait adopté cette devise, révélatrice de son fort caractère, à l’âge de neuf ans, après avoir réussi à sauter au-dessus d’un fossé réputé infranchissable. Victorieuse, elle se serait écriée rageuse : « Si, si, je recommencerai, quand même, si on me défie encore ! Et je ferai toute ma vie ce que je veux faire ! » Femme libre, excentrique et audacieuse, Sarah Bernhardt aura su être fidèle à cette devise jusqu’à la fin de sa vie. 

Portrait de Sarah Bernhardt par Jules Masson, 1889 - BnF