Lola Lafon - Bibliographie
D’origine franco-russo-polonaise, Lola Lafon, née le 26 janvier 1974 dans le nord de la France de parents communistes et professeurs de littérature (son père, Henri, est spécialiste de Diderot et du XVIIIe siècle), grandit à Sofia, Bucarest, puis Paris. Elle souhaite d’abord être danseuse et apprend à New York la danse et les techniques théâtrales.
Après des publications dans des fanzines (Apache) et autres revues alternatives, elle publie ses premières nouvelles dans des revues littéraires à partir de 1997. Son premier roman, Une fièvre impossible à négocier, est publié en 2003 par Frédéric Beigbeder aux éditions Flammarion. En 2014, elle passe chez Actes Sud pour La Petite Communiste qui ne souriait jamais (2014), qui rencontre un grand succès. Son dernier roman, Chavirer (2020), a remporté plusieurs prix de lecteurs, notamment le prix du Roman des étudiants France Culture-Télérama.
Lola Lafon est également musicienne ; au début des années 2000, elle a fondé le groupe Leva ; elle a enregistré deux albums : Grandir à l’envers de rien (2006) et Une vie de voleuse (2011). La sortie de ses romans, dont certains ont été adaptés pour le théâtre ou le cinéma, est souvent l’occasion de monter des spectacles littéraires, musicaux et chorégraphiques. En 2014, elle crée à Avignon, avec la danseuse étoile Marie-Agnès Gillot, le spectacle Irrévérence(s).
De ses parents, de sa jeunesse militante et de son expérience intime, marquée par un viol, elle garde des convictions chevillées au corps et se définit elle-même comme « anarcho-féministe ». « Mon parcours politique m’a guérie de toute littérature engagée », dit-elle, mais en ajoutant que toute littérature est politique. Qu’ils évoquent Nadia Comăneci ou Patricia Hearst, sa jeunesse blessée ou d’autres trajectoires féminines singulières, comme celle de Cléo, danseuse à la fois victime et coupable de Chavirer, ses six romans interrogent la violence et les mensonges de la société à l’égard des femmes. Ils décrivent aussi les poisons du capitalisme, la prédation exercée par les puissants sur les plus faibles et les compromissions de ceux qui se taisent.
Pour écrire les « fièvres impossibles à négocier », les silences collectifs et les mots qui n’ont pas été dits, Lola Lafon utilise une langue simple, au plus près du corps et des sensations, tout en renouvelant à chaque roman le dispositif formel utilisé. De la danse elle dit avoir gardé l’« obsession que cela ne se voie pas, l’effort ». Si elle travaille beaucoup, à partir souvent d’une énorme documentation, c’est pour essayer de parvenir à un résultat qui ait l’air simple et facile. Entre utopie, réel et résistance, ses romans sont ancrés dans la réalité d’aujourd’hui.