La bibliothèque est un espace de paroles et d’échanges. Tour de Babel, mémoire du monde, plusieurs noms lui ont été donnés. Elle peut être aussi source d’interprétations. Ainsi certaines œuvres littéraires sont considérées comme appartenant à un seul pays, à une seule identité. En étudiant l’œuvre magistrale de Cervantès L’ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, Alberto Manguel cherche à démontrer que ce livre, qualifié comme œuvre fondamentale de la littérature espagnole, contient des indices des origines mauresques et juives de l’Espagne.
Ce pays a connu une conquête arabe de plus de huit siècles. La chute de l’empire Maure se solda par l’avènement d’un roi chrétien espagnol. Les arabes et juifs qui y résidaient se virent alors contraints soit de se convertir au christianisme, soit de s’exiler. Ceux qui optèrent pour la conversion vécurent de terribles moments d’humiliation et même de répression.
Au-delà de l’origine arabe de l’auteur de Don Quichotte, Cid Hamet Ben Engeli, un des personnages, un morisque (arabe converti au christianisme), rencontré par le chevalier appuie d’autant plus le versant arabe de l’œuvre. Ce personnage confie à Don Quichotte sa tristesse de ne pas être considéré comme originaire d’Espagne. Cette allusion n’est pas anodine lorsque nous prenons conscience de la date de publication de l’ouvrage : 1615, c’est-à-dire en pleine période répressive des Morisques. Le choix du maintien de ce personnage par Cervantès prouve son refus de se soumettre au pouvoir. Le déplacement identitaire de l’œuvre exercé par la suite atteste la volonté de faire disparaître le pendant contestataire de Cervantès. Dans ce cas et dans beaucoup d’autres, le politique saisit la littérature et tente d’effacer les vérités inscrites. Pourtant le livre a un autre rôle, celui de nous faire accepter l’autre.
La bibliothèque est un espace de paroles et d’échanges. Tour de Babel, mémoire du monde, plusieurs noms lui ont été donnés. Elle peut être aussi source d’interprétations. Ainsi certaines œuvres littéraires sont considérées comme appartenant à un seul pays, à une seule identité. En étudiant l’œuvre magistrale de Cervantès L’ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, Alberto Manguel cherche à démontrer que ce livre, qualifié comme œuvre fondamentale de la littérature espagnole, contient des indices des origines mauresques et juives de l’Espagne.
Ce pays a connu une conquête arabe de plus de huit siècles. La chute de l’empire Maure se solda par l’avènement d’un roi chrétien espagnol. Les arabes et juifs qui y résidaient se virent alors contraints soit de se convertir au christianisme, soit de s’exiler. Ceux qui optèrent pour la conversion vécurent de terribles moments d’humiliation et même de répression.
Au-delà de l’origine arabe de l’auteur de Don Quichotte, Cid Hamet Ben Engeli, un des personnages, un morisque (arabe converti au christianisme), rencontré par le chevalier appuie d’autant plus le versant arabe de l’œuvre. Ce personnage confie à Don Quichotte sa tristesse de ne pas être considéré comme originaire d’Espagne. Cette allusion n’est pas anodine lorsque nous prenons conscience de la date de publication de l’ouvrage : 1615, c’est-à-dire en pleine période répressive des Morisques. Le choix du maintien de ce personnage par Cervantès prouve son refus de se soumettre au pouvoir. Le déplacement identitaire de l’œuvre exercé par la suite atteste la volonté de faire disparaître le pendant contestataire de Cervantès. Dans ce cas et dans beaucoup d’autres, le politique saisit la littérature et tente d’effacer les vérités inscrites. Pourtant le livre a un autre rôle, celui de nous faire accepter l’autre.
Avec le soutien de la Fondation Simone et Cino del Duca - Institut de France