Monnaies et médailles

Les monnaies sont rassemblées sur le site Richelieu, au département des Monnaies, médailles et antiques. Dans le cadre de travaux de rénovation du site Richelieu, les deux tiers de la collection sont indisponibles, un tiers de la collection reste consultable dans le département. Une partie importante est accessible également sur Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF. 

 

Monnaies grecques et provinciales romaines

La collection des monnaies grecques et provinciales romaines compte près de 122 000 exemplaires d’or, d’argent et de bronze. Ce fonds couvre un large champ géographique et chronologique. Il comprend les toutes premières monnaies, frappées en Asie Mineure à partir de la fin du VIIe siècle avant J.-C., les numéraires des cités et royaumes grecs des époques archaïque, classique et hellénistique (VIe – Ier siècle av. J.-C.) localisés autant sur le pourtour méditerranéen qu’au Proche-Orient ainsi que les séries de monnaies provinciales émises sous l’Empire romain (fin du Ier siècle av. J.-C. – fin du IIIe siècle ap. J.-C.). S’y ajoutent les monnayages de peuples non grecs tels ceux des Phéniciens, des Perses achéménides, des Carthaginois, des Parthes ainsi que ceux d’Arabie et d’Ibérie. 
 
Statère d’Erétrie (Eubée), argent, vers 525-500 av. J.-C

Monnaies grecques

Tétradrachme d’Athènes (Attique), argent, seconde moitié du Ve siècle av. J.-C.
La collection des monnaies grecques rassemble 80 000 monnaies émises dans l’oikoumènè, c’est-à-dire le monde grec au sens large du terme : autant les cités et royaumes grecs que les régions qui ont adopté l’usage de la monnaie tel qu’il est conçu par les Grecs. Aussi trouve-t-on aux côtés des monnayages du monde égéen et des colonies grecques les émissions du Proche-Orient, d’Arabie, d’Afrique du Nord et d’Espagne. Ce fonds rassemble les émissions depuis l’invention de la monnaie par les Lydiens à la fin du VIIe siècle avant J.-C. jusqu’à la fin de l’époque hellénistique, au Ier siècle av. J.-C.

Monnaies provinciales romaines

La série des monnaies provinciales romaines prend la suite de celle des monnaies grecques à proprement parler. Produits majoritairement dans la partie orientale du bassin méditerranéen, intégré à l’Empire romain, ces monnayages civiques ou fédéraux – principalement en bronze – maintiennent les traditions monétaires héritées des époques antérieures. Les 40 000 monnaies de la BnF sont systématiquement publiées dans la série de catalogues co-édités avec le British Museum Roman Provincial Coinage.
Drachme d’Alexandrie (Égypte), Antonin le Pieux, bronze, 142/3 ap. J.-C.
 

 Monnaies celtiques

Les monnaies du monde celtique rassemblent plus de 10 000 exemplaires constituant la première collection internationale. Ce fonds couvre les périodes du début du IVe siècle avant J.-C. jusqu’au premier siècle après J.-C. pour une zone s’étendant de l’Île de Bretagne jusqu’aux rives de la Mer noire ; la Gaule formant toutefois le corps principal de cet ensemble.
 
 

Monnaies romaines

La collection des monnaies romaines réunit environ 100 000 exemplaires. Cet ensemble, l’un des plus imposants à l’échelle internationale, se divise en deux sections : les monnaies républicaines et les monnaies impériales. Le numéraire de la République romaine débute vers 300 av. J.-C. et s’achève avec l’accession d’Auguste au Principat en 27 av. J.-C. Cette date marque l’inauguration du monnayage qualifié d’impérial. L’Empire, qui s’étend sur plus de cinq siècles (jusqu’en 476 ap. J.-C. en Occident) est traditionnellement subdivisé en fonction des dynasties qui se succèdent. Le numéraire romain est essentiellement formé de bronze et d’argent sous la République, l’or occupe sous l’Empire une place croissante, et devient même prépondérant en valeur aux IVe et Ve siècles. 
 

Monnaies républicaines

«Aes signatum», trident avec des rubans, vers 300-270 av. J.-C

Le fonds des monnaies républicaines comprend environ 23 000 exemplaires, ce qui en fait le premier au monde d’un point de vue quantitatif. Constitué par la collection des rois de France – environ 4 000 exemplaires – augmentée du millier de deniers du trésor d’Arbanats légué par le duc de Luynes en 1862, la collection change de nature par l’apport exceptionnel de la collection du baron d’Ailly . Ce collectionneur, savant autant que mécène, légue en 1877 l’immense documentation qu’il avait rassemblée et qui apporte à elle seule plus de 17 000 monnaies.

Monnaies impériales

La collection des monnaies impériales comprend environ 80 000 exemplaires. Elle provient pour une part significative de l’ancienne collection des rois de France, augmentée ensuite par les saisies de la Révolution française et, plus récemment, par l’intégration d’ensembles (trésors) représentatifs. Ne sont considérées comme « impériales romaines » que les séries émises sous l’autorité de l’Etat central, à Rome en premier lieu, à Lyon ou dans d’autres ateliers placés sous le contrôle direct de l’administration impériale. Les monnaies locales, appelées provinciales, qui perpétuent des traditions antérieures en même temps qu’elles affichent bien souvent le portrait de l’empereur, sont classées au fonds grec.

Aureus d’Auguste, 27 av. J.-C

Monnaies byzantines et de l’Orient latin

Hyperpère, Jean III Doukas Vatatzès, Empire de Nicée, Magnésie

La collection de monnaies byzantines comprend environ 6 000 monnaies d’or, d’argent et de bronze, issues de l’ancienne collection des rois de France, de la collection du byzantiniste Gustave Schlumberger, d’autres legs et d’acquisitions récentes. Elle est l’une des plus importantes au monde après celles de Dumbarton Oaks (Washington, DC), du British Museum et du Barber Institute (Birmingham). « Byzantin » est ici entendu selon la périodisation classique chez les numismates, à partir du règne d’Anastase Ier (491-517) contemporain de la disparition de l’Empire romain d’Occident (476), et jusqu’à la chute de Constantinople en 1453.

 

Monnaies françaises médiévales et modernes

La collection des monnaies françaises rassemble plus de 50 000 exemplaires en or, argent ou billon (alliage argent-cuivre). Ce fonds comprend les monnaies mérovingiennes (Ve-VIIIe siècles), carolingiennes (VIIIe-Xe siècles) et capétiennes (depuis Hugues Capet jusqu’à Louis XVI), ainsi que les monnaies modernes – postérieures à 1793 – de la collection Claudius Côte, un grand collectionneur du XXe siècle, et le dépôt légal de la monnaie courante.

 

 

Monnaies mérovingiennes 

La collection des monnaies mérovingiennes rassemble 3902 monnaies d’or, d’argent et de bronze émises entre le Ve siècle et le début du règne de Pépin le Bref (751). Elle s’est constituée dès le XIXe siècle à partir de grandes collections léguées ou acquises (Ponton d’Amécourt, Belfort) et de découvertes archéologiques, notamment de quelques grands trésors essentiels dans la connaissance que nous avons du monnayage de cette période de l’histoire de France (trésor de Bais, de Nice-Cimiez). Un catalogue de la collection a été établi à la fin du XIXe siècle par Maurice Prou, qui est encore à ce jour une référence, et dont le Catalogue général et Gallica proposeront bientôt une mise à jour.

 

 

Tremissis de Dagobert Ier (622-638)

Monnaies carolingiennes

Charlemagne, denier de Poitiers.

Les monnaies carolingiennes (2764 numérisées) ont été émises du VIIIe au Xe siècle, depuis le règne de Pépin le Bref (roi des Francs de 751 à 768) jusqu’à Hugues Capet (roi des Francs en 987). On y trouve ainsi des monnaies émises sous Charlemagne (742-814), Louis le Pieux (778-840), Lothaire 1er (795-855) ou encore Charles le Chauve (823-877). Il s’agit principalement de monnaies d’argent émises dans une multitude d’ateliers du royaume carolingien. Le type de ces monnaies est assez fixe : croix, monogramme, temple, nom de l’atelier. Il existe cependant des pièces exceptionnelles parmi ces monnaies, comme celle qui représente le buste de Charlemagne.

 

 

Monnaies féodales

Les monnaies féodales ou seigneuriales étaient frappées par des seigneurs laïcs ou ecclésiastiques possédant le droit de monnayer au même titre que les rois et les empereurs. Ce fonds rassemble actuellement plus de 10 000 monnaies et offre un panorama des entités féodales dans les limites géographiques de la France actuelle, de la fin du IXe jusqu’au milieu du XIIe siècle. Certaines régions, comme la Savoie et l’Alsace, sont particulièrement bien représentées dans les collections.

Monnaies royales

Les monnaies royales, qui couvrent la période allant d’Hugues Capet (début de son règne en 987) à la mort de Louis XVI (1793), représentent un ensemble de près de 6 000 exemplaires en or, argent ou billon. L’intégralité des monnaies d’or a été numérisée, ainsi qu’une grande partie des monnaies d’argent. Les types sont très variés : agneau, couronne, écu, croix, etc. Le portrait du roi apparaît sur les pièces à partir de la fin du règne de Louis XII (vers 1514). On peut ainsi suivre l’histoire des rois de France à partir des portraits gravés sur les pièces de monnaie d’or et parfois d’argent. C’était une des rares représentations que les sujets avaient de leur souverain. Parmi les pièces les plus chargées d’histoire, on trouve l’écu d’or de Saint Louis, le franc à cheval de Jean le Bon, les testons de Louis XII – la première pièce qui porte le portrait du roi de France - ou le double louis d’or au soleil de Louis XIV.

 

Ecu d’or de saint Louis, vers 1266

 

MONNAIES MODERNES

Franc, Paris, Bonaparte Premier consul

Les monnaies modernes sont frappées entre la Révolution française (1793) et la disparition du franc (2001). Seule la collection de Claudius Côte, un numismate et amateur d’art, a été numérisée, soit un ensemble de près de 1000 monnaies représentatif du monnayage des XIXe et XXe siècles. Cette collection a été léguée à la Bibliothèque nationale en 1962. Le département des Monnaies, médailles et antiques reçoit aussi le dépôt légal de la monnaie courante émise par la Monnaie de Paris.

 

Monnaies étrangères

Monnaies étrangères occidentales

Les séries de monnaies étrangères occidentales sont importantes, à la fois pour les pays européens et pour les Amériques, en cours d’inventaire, avec une mention particulière pour les originales monnaies modifiées des Antilles et des Caraïbes. Elles proviennent pour l’essentiel de nombreux dons de grands voyageurs du XIXe siècle et de la collection Beistégui pour les plus beaux exemplaires. Certaines collections se signalent particulièrement. Les collections de monnaies italiennes, des Pays-Bas et de Russie sont très exhaustives. Les collections de monnaies espagnoles et anglaises sont d’une remarquable variété et dans une excellent état de conservation. Un important ensemble de monnaies de l’Orient latin complète ces collections.

 

Monnaies orientales

Un ensemble de plus de 55 000 monnaies des civilisations non européennes, dites « monnaies orientales », est conservé à la BnF. La majorité sont des monnaies des empires et royaumes musulmans d’Asie et d’Afrique du Nord. Le monde sinisé est représenté par les monnayages chinois, vietnamien, japonais et coréen, catalogués pour la plupart ces dernières années. Les monnayages de l’Indochine, du Cambodge, du Laos et de la Thaïlande sont proportionnellement plus abondants. Pour les périodes antiques et du haut Moyen Age, la collection de monnaies sassanides, kouchanes, hephtalites, kidarites est, pour sa qualité et sa variété, une des toutes premières au monde. Les monnaies orientales comprennent aussi de belles séries de monnaies axoumites, arméniennes, géorgiennes et turques ottomanes.

 

Monnaies obsidionales

La collection des monnaies obsidionales, ou monnaies émises pendant les sièges durant des conflits armés, rassemble près de 500 exemplaires. Elles étaient frappées en raison d’une pénurie de numéraire et permettaient ainsi de payer les troupes et de subvenir aux besoins de la vie quotidienne.

 

Monnaie de siège, Cambrai, 1581.

Jetons

Jeton de l’ordinaire des guerres, 1748

Attesté dès le XIIe siècle, le jeton – sous forme de piécette métallique de laiton ou de cuivre d’environ 30 mm – est l’instrument de compte ordinaire jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Il fonctionne par cent de jetons conservés dans une bourse et s’utilise avec une table à compter sur laquelle on « jette », on calcule, en disposant les jetons sur des lignes ou des bandes tracées à même la table ou sur le tapis qui la recouvre. Les jetons servaient ordinairement aux marchands, aux collecteurs d’impôts, aux maîtres des comptes et aux institutions financières, et plus généralement à toute personne souhaitant faire ses comptes. Dès le XVe siècle, les cours administratives distribuant à leurs membres des bourses de jetons pour l’exercice de l’année, ceux-ci peuvent prendre un caractère de rétribution ou de distinction honorifique. Ils sont alors frappés en métal précieux, or ou argent.