Pablo Neruda (1904 – 1973)

À l’occasion du cinquantenaire du coup d’État au Chili, le 11 septembre 1973, par la junte dirigée par le général Pinochet, la BnF propose une bibliographie consacrée au poète et prix Nobel de littérature Pablo Neruda, assassiné par les militaires peu de jours après le coup d’État.
 
Pablo Neruda (1904 - 1973) - BnF

Pablo Neruda est né en 1904, à Parral, dans la vallée centrale du Chili. D’origine modeste, il grandit auprès d’un père ouvrier, mais ne connaît pas sa mère biologique qui décède d’une tuberculose deux mois après sa naissance. Intéressé par la langue française, il entame des études universitaires de littérature et de français en 1921.

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Les années de formation: la découverte des grands poètes occidentaux

Dès 1923, il publie son premier recueil de poésie, Crepusculario, qui suscite déjà la curiosité et l’intérêt du public comme de la critique. Au début des années 20, dans la ville de Temuco, il rencontre la poète Gabriela Mistral qui lui fera découvrir les grands noms de la poésie russe, sources d’influence pour l’auteur. Plus tard, en Europe, il côtoiera quelques-uns des grands écrivains espagnols de la génération de 1927, parmi lesquels Federico García Lorca, Rafael Alberti, Miguel Hernández, mais aussi le français Louis Aragon qu’il rencontre à Paris en 1937.

Un poète diplomate

L’auteur de Veinte poemas de amor y una canción desesperada (1923), de Residencia en la tierra (1935), de Canto general (1950) ou encore de Odas elementales (1954), développe, en parallèle de son activité d’écrivain, une carrière de diplomate et d’homme politique. Il soutient ainsi la candidature du socialiste Salvador Allende pour les élections de 1970, après avoir lui-même renoncé comme candidat du parti communiste. Quelques années auparavant, élu sénateur du Chili, ses positions d’opposant au gouvernement de Gabriel Gónzalez Videla lui avaient valu de passer plusieurs années en exil en Europe, au tournant des années 50.

La consécration par le prix Nobel

Considéré comme l’une des voix les plus importantes de la littérature en langue espagnole, il reçoit le prix Nobel de littérature en 1971. C’est alors le troisième écrivain d’Amérique latine à recevoir la prestigieuse distinction (après sa compatriote et amie Gabriela Mistral en 1945 et l’écrivain guatémaltèque Miguel Ángel Asturias en 1967). Lorsque la nouvelle lui parvient, il est ambassadeur du Chili en France. De retour dans son pays, un hommage lui est rendu au Stade national de Santiago le 5 décembre 1972. C’est ce même stade qui servira, quelques mois plus tard, de camp de concentration pour les opposants au régime de Pinochet. Cet hommage national constitue la dernière apparition publique du poète qui décède le 23 septembre 1973, quelques jours après le coup d’État et le renversement du gouvernement de Salvador Allende.

Le 13 décembre 1972, lorsqu’il concluait son discours de remise du prix Nobel à Stockholm, le poète délivrait un message d’espoir et de confiance en déclarant :

« Ce n’est qu’avec une ardente patience que nous conquerrons la cité splendide qui donnera lumière, justice, dignité à tous les hommes. Ainsi la poésie n’aura pas chanté en vain. »

À cinquante ans de la disparition du poète, et alors qu’un groupe d’experts a confirmé en début d’année que son décès était lié à l’empoisonnement par une bactérie retrouvée dans son corps, ses mots résonnent de manière visionnaire et tragique, et nous invitent à découvrir ou à redécouvrir son œuvre.