Participez à l'acquisition des planches originales de la B.D. historique « La bête est morte ! » de Calvo

Calvo, La Bête est morte !… Texte V. Dancette. © Éditions Gallimard
 
La BnF souhaite acquérir les 77 planches originales du dessinateur Calvo ayant servi à l’impression de la bande dessinée La Bête est morte ! La guerre mondiale chez les animaux en 1944-1945. Pour soutenir cette acquisition majeure destinée à entrer à la Réserve des livres rares, faites un don avant le 31 décembre 2024 ! 
 

La bête est morte  !, l’Histoire en direct

Calvo, La Bête est morte !… Texte V. Dancette. © Éditions Gallimard

Chef-d’œuvre d’Edmond-François Calvo (1892-1957), La Bête est morte ! occupe une place éminente dans l’histoire française du neuvième art. Le scénario est dû à la collaboration de l’éditeur Victor Dancette (1900-1975) et du journaliste Jacques Zimmermann (1902-1951), un des premiers lauréats du prix Albert Londres.

Récit d’histoire immédiate conçu sous l’Occupation, dans la clandestinité, La Bête est morte ! relate les événements de la Seconde Guerre mondiale sous forme d’une fable animalière : des lapins et des écureuils figurent les Français, des loups les Allemands, des hyènes les Italiens, etc.

 

Les opérations militaires et les événements politiques sont exposés en détail, mais aussi la Résistance intérieure et extérieure ainsi que la vie quotidienne des civils (rationnement, exode, torture, exécutions, massacres de Tulle et d’Oradour-sur-Glane, etc.) ou les camps de prisonniers.

La Bête est morte ! est notamment la première bande dessinée à évoquer, à travers les camps de concentration et d’extermination, le sort des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Ainsi peut-on lire que « les hordes du Grand Loup avaient commencé le plus atroce des plans de destruction des races rebelles, dispersant les membres de leurs tribus dans des régions lointaines, séparant les femmes de leurs époux, les enfants de leurs mères, visant ainsi l’anéantissement total de ces foules inoffensives qui n’avaient commis d’autre crime que celui de ne pas se soumettre à la volonté de la Bête

Calvo, La Bête est morte !… Texte V. Dancette. © Éditions Gallimard

 

Calvo, La Bête est morte !… Texte V. Dancette. © Éditions Gallimard

L’œuvre est constituée de deux albums publiés en août 1944 et en juin 1945 : le premier, de 32 pages, est intitulé Quand la Bête est déchaînée et a été conçu, selon les mots de l’achevé d’imprimer, « entre Le Vésinet et Ménilmontant, dans la gueule du Grand Loup, au groin du Cochon décoré, et sans l’autorisation du Putois bavard » ; le second, Quand la Bête est terrassée, compte 48 pages et a été « conçu sous l’Occupation et réalisé dans la liberté ».

 

Bande dessinée exceptionnelle par sa dimension historique, La Bête est morte ! l’est également par ses qualités graphiques et esthétiques. La mise en images est très spectaculaire, usant de tous les moyens graphiques disponibles pour donner au récit sa puissance dramatique. Le dessin, réaliste dans la violence et l’horreur, contribue néanmoins à adoucir la narration par la figure animale et l’anthropomorphisme : rondeurs innocentes des écureuils et des lapins, loup tout droit sorti des Trois petits cochons de Disney réalisé en 1933, ou encore arbres humanisés.
La Bête est morte ! marque aussi l’avènement d’une technique d’illustration nouvelle dans l’œuvre de Calvo : aquarelles et gouache conjuguées sont appliquées à même la planche, en couleurs directes, produisant de lumineux tableaux aux couleurs franches et éclatantes, dans un très large éventail chromatique.

 

Calvo, La Bête est morte !… Texte V. Dancette. © Éditions Gallimard

 

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Calvo, grand nom de la bande dessinée

Calvo, La Bête est morte !… Texte V. Dancette. © Éditions Gallimard


Après avoir exercé divers petits métiers parallèlement à un travail de dessinateur qui l’amena notamment à collaborer dès 1919 au Canard enchaîné, Calvo se consacra entièrement à l’activité d’illustrateur à partir de 1938. Dessinant dans différents périodiques pour la jeunesse, Calvo a développé de front deux styles graphiques très différents. L’un est réaliste, l’autre, qu’on peut qualifier de grotesque pour sa dimension de caricature, est nourri par l’influence décisive de Félix Lorioux et de Félix Jobbé-Duval, mais également par celle des cartoons américains et de Walt Disney – ce qui a valu à Calvo d’être surnommé « le Walt Disney français ».

En dépit du succès immédiatement rencontré par La Bête est morte !, la notoriété de Calvo a toutefois connu une longue éclipse. Dans les années 1970, les éditions Futuropolis l’ont tiré de l’oubli en republiant nombre de ses œuvres dont La Bête est morte !. C’est ensuite au tour de Gallimard de reprendre le titre en 1995 puis en 2007, dans un format plus proche de l’édition originale.

 

Les experts de la bande dessinée s’accordent aujourd’hui à saluer l’importance de Calvo et le caractère exceptionnel de l’album La Bête est morte !. Après le Centre Pompidou à Paris qui exposait seize planches originales de la BD dans le cadre de l’exposition « La BD à tous les étages », c’est au tour du Mémorial de l’internement et de la déportation de Compiègne de présenter au public quinze planches jusqu’au 5 janvier 2025.

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Les planches originales de La Bête est morte !

L’album original est composé 77 planches (43,5 x 32 cm) qui sont en couleurs directes et portent le texte imprimé, mis en forme, découpé et mis en page par l’illustrateur et venant recouvrir l’image. Elles sont exécutées à la plume et au pinceau à l’aide d’encre de Chine et de gouache. L’ensemble est complet de la couverture originale de l’édition intégrale de 1946 combinant collage photographique et aérographe, ainsi que de la quatrième de couverture de l’édition originale du second fascicule qui ne sera pas reprise par la suite.
Est présente la seconde version du loup redessinée pour la couverture de la réimpression du premier fascicule en janvier 1946 suite aux menaces de procès agitées par Walt Disney, qui avait estimé que la représentation d’Hitler constituait un plagiat de son Grand Méchant Loup. Calvo, en conséquence, a remplacé la truffe de l’animal par un museau rectangulaire.

À cet ensemble s’ajoutent trois compositions originales inédites.
 

Calvo, La Bête est morte !… Texte V. Dancette. © Éditions Gallimard

 

Les planches originales de La Bête est morte ! La guerre mondiale chez les animaux, dont le prix d’acquisition est de 875 000 €, seront conservées à la Réserve des livres rares.

  • Planche 2

    Seconde version du loup redessinée pour la couverture de la réimpression du premier fascicule en janvier 1946 suite aux menaces de procès agitées par Walt Disney. La truffe est remplacée par un museau rectangulaire. 
    Calvo, La Bête est morte !… Texte V. Dancette. © Éditions Gallimard

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  • Planche 11

    Le recueil, réalisé par Calvo lui-même, est relié en demi-chagrin. Les planches sont contrecollées sur de fins cartons bleus montés sur onglets. Leur format (43,5 x 32 cm) est un cinquième plus grand que celui de l’impression. Elles sont en couleurs directes et portent le texte imprimé, mis en forme, découpé et mis en page par l’illustrateur, qui n’hésite pas à recouvrir son dessin.

    Extrait : « C’est là qu’il mit au point une nouvelle forme d’attaque consistant à lancer en avant d’énormes et immondes chenilles écrasant tout, crachant le feu et semant la mort partout, désorganisant les arrières, pendant que le gros des forces barbares suivait sans se fatiguer les pattes, dans des engins roulant tout seul. »
    Calvo, La Bête est morte !… Texte V. Dancette. © Éditions Gallimard

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  • Planche 18

    Le temps du récit est celui de l’Histoire en cours. Dans cette fable animalière, les Français sont des lapins et des écureuils et le général de Gaulle est Notre Grande Cigogne nationale ; les Allemands sont des loups [le Grand Loup n’est autre qu’Adolf Hitler, le Cochon décoré Hermann Göring et le Putois bavard Joseph Goebbels], les Russes sont des ours blancs, les Anglais des bouledogues, les Américains des bisons, les Japonais des singes…

    Extraits : « Mais quelle magnifique solidarité se révélait à l’occasion de ce désastre ! Partout on accueillait à pattes ouvertes les malheureux réfugiés. On les couchait, on les ravitaillait, on les consolait. »

    « Nos fidèles alliés les Bull-dogs n’avaient pas encore eu le temps d’arriver en grand nombre. Il avait d’ailleurs été bien entendu à l’avance que nous nous chargions de la lutte sur terre. Acculés dans un de nos ports, les premières troupes qu’ils avaient tenu à nous envoyer dès le début des hostilités se battaient à un contre dix et défendaient notre sol comme s’il avait été le leur. »
    Calvo, La Bête est morte !… Texte V. Dancette. © Éditions Gallimard

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  • Planche 24

    La Résistance intérieure et extérieure ainsi que la vie quotidienne des civils sont peintes crument sous le fard de l’anthropomorphisme. 
    La Bête est morte ! est la première bande dessinée à évoquer le sort des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale et constitue dans la littérature pour la jeunesse et dans l’histoire de la bande dessinée un événement qui restera sans équivalent pendant des décennies, jusqu’à la publication dans les années 1980 de Maus, le célèbre roman graphique d’Art Spiegelman sur l’expérience des camps de la mort.

    Extrait : « Et nos chers prisonniers ! Au lieu de nous les rendre après que nous ayons déposé les armes, ils les maintenaient dans une captivité déprimante, avec une alimentation insuffisante, et ne leur laissant passer qu’au compte-goutte les nouvelles de leurs familles. Bien plus, nous sachant anxieux de leur sort, ils nous menaçaient de représailles sur nos chers absents chaque fois que nous n’acceptions pas une nouvelle brimade inventée par leur machiavélique hypocrisie. »
    Calvo, La Bête est morte !… Texte V. Dancette. © Éditions Gallimard

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  • Planche 19

    Cette planche évoque l’intervention italienne, les Italiens étant représentés par des hyènes.
    En représentant les protagonistes par des animaux, Calvo reprend un procédé familier de l’écriture des moralistes, celui de la fable animalière pour lui donner une résonance neuve : ce qui était par tradition un instrument de la satire des mœurs devient le langage de la dénonciation des désastres de la guerre et des crimes de l’Histoire.

    Extrait : « C’est au moment où nous étions terrassés par le Loup, à l’heure où nous demandions grâce que cette Hyène infecte se rua sur nos mères, nos femmes et nos enfants. »
    Calvo, La Bête est morte !… Texte V. Dancette. © Éditions Gallimard

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  • Planche 21

    Les camps de prisonniers, la collaboration, sont également évoqués. Le Putois Bavard dont il est question dans la quatrième vignette n’est autre que Joseph Goebbels.

    Extrait : « Suivant une tactique que le Grand Loup aviat pris la peine d’exposer avant la grande tuerie, il essayait de nous duper en remplaçant nos vrais chefs ou en les doublant par des traîtres qui acceptaient de nous gouverner au profit de l’envahisseur. »
    Calvo, La Bête est morte !… Texte V. Dancette. © Éditions Gallimard

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  • Planche 22

    La plume du caricaturiste se décèle dans les portraits transposés des acteurs historiques tel Winston Churchill, ici dans la première vignette.
    La mise en images de l’ensemble est époustouflante. Elle alterne cases de formats variés, insert de vignettes rondes, pleines pages débordantes, doubles planches virtuoses composées en plongée, véritables tableaux fourmillant de détails. Calvo bouscule l’organisation traditionnelle de la page et accentue par là même la dynamique du dessin et le rendu du mouvement qui tend vers l’animation. Le découpage audacieux s’accommode ingénieusement de la densité du texte séquencé par une numérotation pour en faciliter la lecture.

    Extrait : « Des Cigognes portées par le vent de la résistance avaient aussi pu se réfugier au-delà de l’eau et elles y menaient grand tapage, ameutant le monde à notre secours. Leurs récits faisaient frémir d’indignation nos frères des contrées ensoleillées qui commençaient à s’organiser en vue d’une délivrance lointaine encore, mais absolument certaine. »

    « Ces premiers essais de résistance se trouvèrent bien vite solidement étayés par l’arrivée des plus décidés de chez nous qui, s’évadant du sol envahi et même audacieusement des camps de prisonniers n’avaient plus qu’un seul but : travailler à la délivrance de la patrie. Ceux-là étaient des «durs» et le sort du pays était maintenant en bonnes mains. »
    Calvo, La Bête est morte !… Texte V. Dancette. © Éditions Gallimard

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  • Planche 27
    Calvo - Planche originale de La Bête est morte?! La guerre mondiale chez les animaux © Christie’s
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  • Planche 30

    La Bête est morte ! La guerre mondiale chez les animaux, conçue sous l’Occupation, dans la clandestinité, est constituée de deux grands albums : Quand la Bête est déchaînée publié en août 1944 et Quand la Bête est terrassée publié en juin 1945.
    Calvo, La Bête est morte !… Texte V. Dancette. © Éditions Gallimard

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  • Planche 61
    Calvo - Planche originale de La Bête est morte?! La guerre mondiale chez les animaux © Christie’s
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  • Planche 68

    La Libération est proche, l’histoire tire à sa fin. Calvo s’inspire du célèbre tableau d’Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple.
    La Bête est morte est qualifiée graphiquement de « moment unique dans l’histoire de la BD française » par l’éditeur et historien Didier Pasamonik.

    Extrait : « Nos rues se couvrirent soudain de barricades où le pistolet du Lapin futé de la zone côtoyait comiquement l’arquebuse du Lapin cossu des quartiers bourgeois, car le soulèvement faisait l’unanimité chez nous et il n’était plus questions de tribus, de castes ou de naissances. Tous les poils vibraient à l’unisson. »
    Calvo, La Bête est morte !… Texte V. Dancette. © Éditions Gallimard

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  • Planche 72

    Dernière page du second album, conçu, selon les mots de l’achevé d’imprimer, « sous l’occupation et réalisé dans la liberté ».
    Calvo, La Bête est morte !… Texte V. Dancette. © Éditions Gallimard

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La restauration de l’édition originale en images

Les deux fascicules originaux de La Bête est morte ! édités par les Éditions G.P en 1944/1945 et alors entrés par dépôt légal à la BnF sont passés entre les mains expertes de Sonia Ozanne, restauratrice à l’atelier du département des Estampes et de la photographie. Ils seront ensuite numérisés et mis en ligne dans Gallica pour une consultation intramuros (accessible uniquement dans les salles de lecture des différents sites de la BnF) début 2025.

 

La bande dessinée à la BnF

La BnF est engagée dans une volonté de représentation forte des chefs-d’œuvre de la bande dessinée française du XXe siècle. Elle a bénéficié de deux grands dons, celui d’Albert Uderzo et de son épouse pour les ensembles de planches originales d’albums d’Astérix le Gaulois, ainsi que celui de François Schuiten et Benoît Peeters pour le cycle des Cités obscures.

Conservés à la Réserve des livres rares, ces ensembles sont venus compléter la très grande richesse de la BnF en matière de bande dessinée (120 000 albums), dont les premières productions éditoriales sont d’abord entrées au titre du dépôt légal de l’image.

Catalogue de l’exposition «Astérix à la BnF !» - BnF

 

Aujourd’hui, la BnF conserve la plus grande collection de bandes dessinées en Europe pour le domaine franco-belge et propose 9 000 albums en accès libre et gratuit dans la salle Ovale du site Richelieu. 

 

 

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Monnaie. Aureus, Domitien, Rome - Ier siècle - BnF, département des Monnaies, médailles et antiques

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  • un don de 20 € coûte 6,8 € après déduction fiscale
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  • un don de 500 € coûte 170 € après déduction fiscale

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Pour plus d’informations, contactez-nous au 01 53 79 46 60 ou donateur@bnf.fr

 

 

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Galerie Mazarin – Musée de la BnF - © Guillaume Murat / BnF
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