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Pierre Henry, pionnier des musiques concrète et électronique
Compositeur majeur du XXe siècle et novateur radical, Pierre Henry est considéré avec Pierre Schaeffer comme le père de la « musique concrète ». Après sa mort en 2017, sa famille a fait don à la BnF de l’intégralité de son œuvre. Une série d’événements célèbre cet automne l’apport extraordinaire que constitue l’entrée de ce fonds au département Son, vidéo, multimédia de la BnF.
Les relations entre Pierre Henry et la BnF sont anciennes. Dès 2007, souhaitant assurer la conservation et la pérennisation de son œuvre, le compositeur sollicite les compétences de l’institution. L’expertise dans le domaine analogique et numérique nécessaire à ce projet, la connaissance des supports sonores anciens et le souci de préserver la totale intégrité de l’œuvre ont fait de la BnF un interlocuteur privilégié.
Une première convention est signée avec Pierre Henry, prévoyant la numérisation et la sauvegarde de l’ensemble des 240 œuvres majeures et des 300 œuvres « d’application » associées (pièces destinées à la danse, au théâtre, au cinéma, à la publicité). Parmi celles-ci, la Symphonie pour un homme seul réalisé avec Pierre Schaeffer (1950), Utopia (2007), la Messe pour le temps présent (1967) ou encore la Dixième symphonie (1979), qui sont autant de jalons au fil d’un parcours foisonnant de recherches, d’invention et de créativité.
Des milliers d’heures d’enregistrement
Après la disparition du compositeur en 2017, l’intégralité de son œuvre rejoint les collections de la BnF, soit 8 702 boîtes de bandes magnétiques contenant plus de 18 000 bobineaux, 3 950 cassettes audionumériques au format R-DAT (Rotary Digital audio tape), ainsi que près de 400 disques à gravure directe, cassettes audio, ou fichiers numériques. À ces milliers d’heures d’enregistrement s’ajoutent de nombreux documents d’archives représentant plus de 34 000 pages, contenant toute la genèse de ces différentes compositions et sont indispensables à l’interprétation des œuvres.
Un fonds fragile en cours de numérisation
Les documents de l’immense phonothèque du compositeur versée à la BnF sont souvent fragiles et nécessitent l’usage de moyens de lecture en voie d’obsolescence. Il y avait donc urgence, pour conserver ce fonds, à le numériser ou à le transférer afin de pouvoir le mettre à la disposition des chercheurs et des musiciens. Dans le programme de numérisation entamé depuis quelques années, les éléments analogiques magnétiques du fonds Pierre Henry sont numérisés en très haute définition au format DSD (Direct Stream Digital).
Une série d’événements en hommage au compositeur
Pour célébrer ce don fait à la Bibliothèque nationale de France, un ensemble de manifestations a rendu hommage au cours de l’automne à Pierre Henry, tout en dévoilant des aspects moins connus de son œuvre :
- le samedi 16 octobre une table ronde (à revoir en vidéo), puis une après-midi de diffusion d’« inédits » sur les enceintes du studio SON/RE de Pierre Henry ont été suivies dans la soirée d’une carte blanche donnée à NSDOS et Molécule, créateurs sonores, performeurs et musiciens inspirés par le compositeur.
- le mardi 19 octobre, à l’occasion de la séance du « Cinéma de midi », trois courts métrages sur des musiques de Pierre Henry ont été projetés : Les Mobiles de Calder, de Carlos Vilardebo (1966) ; Aube, de Jean-Claude Sée (1950) ; Fait à Coaraze, de Gérald Belkin (1964).
La description de ces archives est consultable en ligne sur le catalogue BnF-Archives et manuscrits :
- Don Pierre Henry - Premières œuvres, le GRMC (1944-1957)
- Don Pierre Henry - Studios Apsome (1958-1981)
- Don Pierre Henry - Studio SON/RÉ (1982-2017)
Son-Ré, l’atelier de Pierre Henry : visite dans l’atelier du studio de Pierre Henry, compositeur majeur du XXe siècle, considéré comme le père de la la «musique concrète».
Pascal Cordereix et Luc Verrier
Article paru dans Chroniques n° 92, septembre-décembre 2021