Les Pays-Bas sont cette année les invités d’honneur du
37e Marché de la Poésie à Paris. C’est l’occasion pour nous de découvrir et de lire la poésie de langue néerlandaise.
Représentant 0,5 % de la production éditoriale néerlandaise et flamande, la poésie y est très marginale. Elle est pourtant très vivante. De nombreux événements sont organisés, comme le festival Poetry International, la Semaine de la poésie (Poëzieweek) et, aux Pays-Bas comme en Belgique, un Poète national est désigné tous les deux ans – aujourd’hui respectivement Tsead Bruinja (né en 1974) et Els Moors (1976).
Après la Seconde Guerre mondiale, le Mouvement de Cinquante – Vijftigers – a profondément changé la poésie néerlandaise en prônant une poésie expérimentale et engagée. Gerrit Kouwenaar (1923-2014) en a fait partie, se tournant plus tard vers une poésie plus hermétique et autonome où la langue n’est plus un moyen de communication mais plutôt matière de création.
Les années 1960 sont davantage marquées par une poésie néoréaliste, avec en particulier K. Schippers (1936). Dans les années 1970, on assiste à la fois à une résurgence d’une poésie aux formes plus traditionnelles et à un retour vers un certain hermétisme. Celui-ci sera rejeté dans la décennie suivante par des poètes comme Elly de Waard (1940) ou René Huigen (1962).
Dans les années 1980 ont surgi des poètes devenus incontournables : Arjen Duinker (1956), observant le quotidien, K. Michel (1958), usant d’une langue exubérante, Eva Gerlach (1948), à la poésie très personnelle et au ton ironique, et Anneke Brassinga (1948) qui aborde dans un vocabulaire riche les thèmes de la nature, de l’amour et du langage.
À partir des années 1990, de nombreux festivals et événements sont organisés. Désormais, la poésie non seulement s’écrit mais se met aussi en scène, comme c’est le cas notamment pour Ester Naomi Perquin (1980) et Hagar Peeters (1972).
Plus traditionnelle dans sa forme que la poésie française, la poésie néerlandaise d’aujourd’hui est peut-être plus concrète, s’ancre davantage dans le réel, le quotidien et les expériences personnelles. Ainsi les poèmes de Mustafa Stitou (1974) décrivent la vie urbaine et l’exotisme. Hester Knibbe (1946) traite dans un langage limpide des thèmes comme la mort, la fugacité, le chagrin. Alfred Schaffer (1973) écrit sur les hommes ordinaires, les animaux, l’actualité tout en introduisant une notion d’aliénation. Les poétesses Lieke Marsman (1990), Marieke Lucas Rijneveld (1991), Radna Fabias (1983) et Simone Atangana Bekono (1991) inscrivent leur poésie dans l’actualité politique et l’identité féminine.
Plusieurs poètes seront présents du 5 au 9 juin 2019 au Marché de la Poésie à Paris afin de faire découvrir la vivacité et la grande diversité de la poésie néerlandaise d’aujourd’hui.
À cette occasion, la Bibliothèque nationale de France propose une bibliographie sélective de plusieurs poètes, néerlandais et flamands, dont les recueils ou les poèmes sont disponibles en libre-accès de la salle G (Bibliothèque tous publics) sur le site François-Mitterrand. Elle mentionne également quelques ressources disponibles en ligne.