Le disque le plus ancien est un disque souple monoface à caractère littéraire : Aragon vous parle. Il s’agit d’une publicité de 1959 pour Les Lettres françaises dont Aragon est le directeur. Sur ce disque, Aragon récite Elsa. Le disque le plus récent a pour titre Chirac pour Paris : une chanson de M. Page et P. Piot enregistrée en 1977, destinée à convaincre les parisiens d’élire Jacques Chirac maire de Paris.
Le fonds propose un grand nombre de disques « cadeau », produits promotionnels destinés à fidéliser une clientèle : des chansons « tubes », des succès de l’époque de parution, mais interprétés par de parfaits inconnus, et le plus souvent destinés à le rester, leur nom n’étant quasiment jamais mentionné. C’est le cas de Milliat (les pâtes), Disco-Bana (le chocolat Banania), Disco-Paic (lessive), Armor (papier carbone et fournitures pour machine à écrire), Disco-Kohler (chocolat), Disques bleus (emballages Speed)…
Dans certains cas, comme le Disco-Andros de la célèbre confiture, il ne s’agit pas d’un « cadeau » pur et simple, il faut collationner des points et payer, en plus !
La plupart de ces disques ont pour but la promotion du produit lui-même. Les produits concernés sont extrêmement variés : des banques (Crédit Agricole, Crédit Lyonnais…), des voitures (Peugeot, Citroën…), de la nourriture pour chiens et chats (Petfoods et Unisabi pour Canigou et Ronron), des alcools (Marie-Brizard…), des musées (Grévin), des syndicats professionnels (SDPP Syndicat des distributeurs pétroliers avec deux chansons « Assaisonnement » et « Pompistes »), des vêtements (Pronuptia ou Eminence), des éditeurs (Fayard, pour le livre de Madame Soleil Ma vie et mes secrets )…
Les marques ont pu disparaître et il n’est pas toujours facile d’identifier le produit vanté. D’autres existent encore : il est intéressant de voir l’évolution de leur publicité.
Quelques marques n’ont pas hésité à employer les grands moyens comme cette publicité Favorythmes pour les sacs et bagages Favo où un grand nombre de vedettes de l’époque ont enregistré quelques mots flatteurs ; pour Bayard (une marque de prêt-à- porter masculin), l’acteur Jean-Claude Pascal a interprété une de ses chansons et posé en mannequin sur la pochette-album du disque. Mais le morceau de bravoure est le disque de Salvador Dali qui, avant de vanter le chocolat Lanvin, a déclamé L’Apothéose du dollar pour le Crédit commercial de France.
Certains disques ont été réalisés pour la formation interne des concessionnaires et détaillants de la marque : Saviem, Schneider-Laden, Singer, l’Alsacienne. Le disque souple est alors utilisé comme le sera la vidéo plus tard, pour la communication interne à l’entreprise.
Légers, faciles à empiler, pratiques à distribuer et à glisser dans les boites aux lettres, ces disques souples en plastique de 17 cm de diamètre, innovation des années 50, évoqueront sans doute des souvenirs à toute une génération de lecteurs de cet article.
Conservés à la Bibliothèque nationale de France, ils sont devenus des objets patrimoniaux – témoins de la société de consommation des années 50 aux années 70 et des débuts d’une certaine forme de publicité sur les marques utilisant des objets de la vie quotidienne des Français. Leur écoute est possible, en bibliothèque de recherche, pour les chercheurs et les professionnels qui veulent étudier les marques et leur histoire.
