Sophie Calle - Bibliographie
« Certains la disaient photographe, d’autres la qualifiaient de conceptualiste, d’autres encore voyaient en elle un écrivain, mais aucune de ces descriptions ne convenaient et, tout bien considéré, je pense qu’il était impossible de la ranger dans une case. »
Voilà ce que dit Paul Auster, dans son roman Léviathan du personnage de Maria qui n’est autre qu’un alias de Sophie Calle. Celui-là n’étant sans doute pas plus « vrai » ou « mensonger » que tous ceux qu’elle met en scène depuis bientôt trente ans, que ce soit dans ses phototextes, ses performances ou ses vidéos.
Avec Sophie Calle, le Sujet, décrété mort par Barthes et Foucault il y a quelques décennies, est bien de retour, mais changé, méconnaissable, fragmenté et mouvant ; à l’image même du miroir démultiplié de Prenez soin de vous, cet autoportrait polyphonique d’un temps que l’on dit volontiers de rupture…
Elle se raconte, certes, et sur le mode de ce qu’on appelle aujourd’hui l’autofiction, mais en faisant le plus souvent appel à d’autres. Que ceux-ci témoignent d’expériences analogues à la sienne ou qu’elle leur demande de se faire les interprètes du secret qu’elle divulgue. Ce qui se présentait au départ comme relevant de l’intime est ainsi rendu à une manière d’anonymat, de collectif, où chacun peut se reconnaître et s’identifier dans un processus de publicité si caractéristique que son art a pu être qualifié de « caméléon » (Anne Sauvageot) vis-à-vis d’un environnement médiatique dont elle subvertit les codes avec ironie.
Elle se raconte, certes, et sur le mode de ce qu’on appelle aujourd’hui l’autofiction, mais en faisant le plus souvent appel à d’autres. Que ceux-ci témoignent d’expériences analogues à la sienne ou qu’elle leur demande de se faire les interprètes du secret qu’elle divulgue. Ce qui se présentait au départ comme relevant de l’intime est ainsi rendu à une manière d’anonymat, de collectif, où chacun peut se reconnaître et s’identifier dans un processus de publicité si caractéristique que son art a pu être qualifié de « caméléon » (Anne Sauvageot) vis-à-vis d’un environnement médiatique dont elle subvertit les codes avec ironie.
Sophie Calle se plaît à traquer et s’approprier l’intimité des autres, à impliquer le premier venu dans ses fables et ses rituels. La banalité d’un lit défait dans une chambre d’hôtel ou d’un carnet d’adresses ramassé dans la rue est alors érigée au rang de signe, celui du mystère de l’existence d’autrui, attrayant voire érotique, et incitant à des reconstitutions dont les méthodes empruntent à l’investigation policière, telles ses emblématiques filatures.
Pour aller plus loin
- « Sophie Calle ». Galerie Perrotin
- Sophie Calle à la BnF
- Sophie Calle : « Pour moi, un livre, c’est un objet qui parle avec une exposition ». Par les temps qui courent. France Culture
- Sophie Calle : « M’as-tu vue ? ». La grande table. France Culture