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Un festival 100 % Ribes
« L’extravagance, la fantaisie, la dérision sont des issues de secours qui peuvent nous permettre de fuir l’esprit de sérieux dans cette forteresse de la réalité où bien souvent on cherche à nous enfermer, confie Jean-Michel Ribes. C’est pourquoi j’ai souhaité que La Bibliothèque parlante soit placée sous le double signe de l’émotion et de l’humour. Un pas de côté : c’est ce que nous permettent de faire des formes de pensée dégagées de tous carcans. Avec un impératif catégorique : la liberté de ton et de parole. Et une arme fatale : le rire ! » Pour cette nouvelle édition du festival de la BnF, le metteur en scène et réalisateur a réuni autour de lui sa bande de comédiens : Pierre Arditi, André Dussollier, François Morel, Annie Gregorio, Christine Murillo… « J’ai commencé à travailler à 18 ans avec Copi, Arrabal, Savary… Mes meilleurs amis étaient Gérard Garouste et Roland Topor, avec qui j’ai collaboré pendant 25 ans. Nous avons vécu plus qu’une amitié, une fraternité, tissée de nos affinités et notamment de notre désir de rester en dehors ce qui était alors le bon goût, c’est-à-dire le goût dominant. »
Insolence et provocation
Pour le programme de La Bibliothèque parlante, Jean-Michel Ribes confie avoir concocté une sorte de mise en musique de ce qui lui importe dans l’écrit. Pour la soirée d’ouverture, vendredi 31 mai, une lecture-cabaret fera entendre des textes de Roland Dubillard, Raymond Queneau, Roland Topor, Alexandre Vialatte, Georges Fourest…, accompagnés au piano par Reinhardt Wagner. Suivra, samedi 1er juin, une lecture associant des extraits de Rabelais et d’Alfred Jarry, réunis en frères d’insolence par-delà les siècles qui les séparent. « Rapprocher les créateurs de Pantagruel et d’Ubu, figures de géants devenues mythiques, permet de mettre en lumière d’autres points communs de ces auteurs : leur goût pour l’invention langagière, pour l’excès, pour la provocation…, poursuit le metteur en scène. “Nous avons l’art pour ne point mourir de la vérité” écrivait Nietzsche. C’est pour moi une phrase essentielle. L’art doit œuvrer à faire sortir des vérités établies. Il est là pour défricher et faire découvrir de nouveaux territoires. » C’est ce à quoi Jean-Michel Ribes s’est employé pendant 20 ans à la direction du Rond-Point, ouvrant grand ses portes à la création contemporaine, hybridant les genres, défendant l’écriture dramatique d’aujourd’hui et ce qu’il appelle « le rire de résistance ».
Fête des mots et de l’humour
De résistance, il sera également question dans le film qu’il considère comme « son meilleur », Chacun pour toi, réalisé en 1994 avec Jean Yanne et Albert Dupontel, diffusé dimanche 2 juin après-midi. L’histoire se passe dans la Tchécoslovaquie de l’époque du Rideau de fer et raconte sur un mode cocasse comment la créativité et la liberté malmenées trouvent un chemin pour s’exprimer par… la coiffure. Pour clore ce week-end de fête des mots et de l’humour, l’Ouvroir de littérature potentielle (Oulipo) conviera le public à une performance intitulée C’est un métier d’homme, dont la direction artistique est confiée à l’écrivain Hervé Le Tellier, avant une dernière séance de lecture en Zigzag dans laquelle Jean-Michel Ribes convoquera une fois encore ces textes qui le font vivre !
Retrouvez Téléchat, l’émission culte des années 1980 !
Ton décalé, parodie du journal télévisé, satire du consumérisme : l’émission pour enfants Téléchat, créée par Roland Topor et Henri Xhonneux, est restée dans les mémoires de toute une génération. Diffusé à partir de 1983 dans l’émission Récré A2 sur Antenne 2, le magazine quotidien de cinq minutes traitait de « l’actualité des objets » à travers des reportages, des interviews, des pages de pub présentées notamment par deux marionnettes d’animaux anthropomorphes, le chat Groucha au bras plâtré et la belle autruche Lola. Un montage d’une sélection des 234 épisodes que comporte la série est à découvrir dans le hall du site François-Mitterrand pendant la durée du festival.
Sylvie Lisiecki
Article paru dans Chroniques n°100, janvier-mars 2024