"Une sale histoire" : la première trace phonographique de rap français

La BnF conserve un exemplaire du 45 tours Une sale histoire, édition française de «Change the Beat», morceau sorti en 1982, maintes fois samplé et devenu culte pour les DJ de l’époque. Focus sur un disque qui a marqué les débuts de la musique hip hop.

 

Produit par Jean Karakos et Bernard Zerki pour la société Celluloïd en 1982, «Une sale histoire» est la version française de «Change The Beat» morceau réunissant Fab-5-Freddy, célèbre graffeur new-yorkais, Bill Laswell (producteur et leader du groupe Material) et Futura 2000 (qui illustre le dos de la pochette). Ce titre, dans sa version américaine, s’est déjà imposé comme l’un des sons cultes des DJ, avec le gimmick «Change The Beat», et la phrase «This stuff is really fresh», qui sera plusieurs fois reprise par d’autres artistes, notamment dans un scratch par Grand Mixer D.ST sur le tube «Rock it» d’Herbie Hancock. 
L’une des particularités du disque «Une Sale Histoire» est qu’il constitue la première trace phonographique de rap en français, interprété par l’Américaine Ann Boyle, aka Beside, qui n’est pas créditée sur le 45 tours français hormis pour le design de la pochette. C’est pourtant elle qui rappe les couplets traduits sur l’une des versions du titre, dite «Female version» : «C’est lui, Fab-5-Freddy, détective privé, toutes les femmes qu’il suit elles lui courent après».
Avec cette French version, les éditeurs s’attendent à un succès dans l’Hexagone. Ils vont cependant déchanter après la première diffusion du titre sur la radio Europe 1… En effet, les premiers mots de la chanson («Change de beat», traduction du gimmick «Change The Beat») sont mal interprétés par les auditeurs, qui jugent alors la chanson obscène. Une erreur de phonétique qui empêchera le titre d’atteindre le succès escompté.
 

Entretien avec Jean Karakos