Yannis Ritsos (1909-1990). Un poète dans le siècle – Bibliographie

Yannis Ritsos (1909-1990) a traversé les drames et participé aux luttes qui ont bouleversé son pays, la Grèce. Alors que se fête le cinquantenaire de la chute de la dictature des colonels, la BnF propose un bref retour sur son parcours.
Né à Monemvassia, une presqu’île du Péloponnèse à la géographie très spectaculaire, Yannis Ritsos connaît très tôt les deuils précoces (mort de son frère et de sa mère prématurément) ou la maladie – la folie de son père et la tuberculose pour lui, qui le tient isolé dans des sanatoriums de longues années. Mais très vite aussi il découvre les joies de l’ascèse et du travail poétique tout en s’enthousiasmant pour les idéaux socialistes. Il commence à peindre et écrire dès son adolescence et milite au parti communiste à Athènes où il s’est installé après le lycée et où il occupe divers emplois dans le milieu du théâtre et de l’édition.
Buste de Yannis Ritsos à Monemvassia - wikipediacommons
 
Sa reconnaissance comme poète s’inaugure en 1936 avec le texte « Epitaphios », inspiré par une photographie de presse représentant une mère penchée en pleine rue sur le corps de son fils tué lors d’une manifestation ouvrière à Thessalonique – véritable pietà moderne. Le poème rencontre un retentissement immédiat dans tout le pays. Dès lors sa poésie sera souvent imprégnée des échos des combats et luttes fratricides que traverse le pays durant tout le XXe siècle et dans lesquels Ritsos s’engage lui-même, se mettant souvent en danger : à de maintes reprises il est déporté dans des camps de sinistre mémoire, à Limnos, Makronissos ou Aï-Strati, que ce soit durant la guerre civile (1946-1949) ou la dictature des colonels (1967-1974).
Yannis Ritsos appartient à la « génération des années 30 », qui rompt avec une littérature traditionnelle teintée de sentimentalisme et de conventions. Si les thématiques qu’il développe épousent souvent les grands moments historiques de son pays et interrogent l’identité de son peuple (Ρωμιοσύνη [1966] / Grécité [1968 dans une traduction française de Jacques Lacarrière]), il ne tourne pas le dos aux grands textes grecs de l’Antiquité : il propose par exemple une Phèdre ou un Philoctète, poèmes en prose ou pièces de théâtre.
Sa renommée internationale éclot véritablement à partir des années 1950, avec des recueils comme La sonate au clair de lune, admiré par Louis Aragon, Pierres, répétitions, barreaux (1971) ou Dix-huit petites chansons de la patrie amère (1973). Nombre de ses textes, théâtre ou poésie, sont mis en musique, notamment par Mikis Theodorakis, contribuant à sa popularité. Honoré de son vivant de multiples décorations, son œuvre fait aujourd’hui encore l’objet de nombreuses nouvelles traductions.
À l’occasion des cinquante ans de la fin de la dictature des colonels, une présentation de livres du poète est proposée en salle G de la Bibliothèque tous publics, ainsi qu’une bibliographie sélective de son œuvre.