Hommage à Jacques Roubaud (1932-2024)

Jacques Roubaud est mort le 5 décembre 2024, jour de son 92^e anniversaire, et sera désormais définitivement excusé aux réunions de l’Oulipo, dont il était un membre éminent depuis sa cooptation en 1966, sur proposition de Raymond Queneau. Il était aussi mathématicien, ce qui a nourri avec bonheur sa façon de concevoir et d’utiliser les contraintes oulipiennes.

La tristesse, c’est le sentiment qui domine chez tous ceux qui ont eu la chance de croiser le chemin de Jacques Roubaud, à l’annonce de sa disparition. Vivacité, intelligence, humour étaient les sentiments que vous laissait un échange même bref avec lui. Arrivé au grand âge il demeurait fulgurant et incisif. Avec lui disparaît un acteur et un témoin clé de cette grande aventure collective et littéraire que fut l’Oulipo entre liberté et contrainte. La Bibliothèque de l’Arsenal, à laquelle il a donné ses papiers et manuscrits en 2016, peut se prévaloir d’un long parcours en sa compagnie. L’exposition Oulipo de 2014, dont Claire Lesage fut commissaire, en est l’un des fruits, veillant à donner, comme marque de fabrique, la part belle au collectif.

Il laisse une œuvre aussi importante que diverse, à la fois émouvante, savante et ludique. Sa poésie lui vaut plusieurs distinctions prestigieuses : le Grand Prix national de la poésie en 1990, le Grand Prix de littérature Paul-Morand de l’Académie française en 2008 et le Prix de poésie de l’Académie Goncourt pour l’ensemble de son œuvre en 2021. Mais il est aussi l’auteur de romans (la trilogie d’Hortense), d’écrits autobiographiques (la série Le Grand incendie de Londres), d’essais, etc.