La BnF rend hommage à la photographe Marie-Laure de Decker, disparue le 15 juillet dernier, à l’âge de 75 ans.
En 1967, alors jeune mannequin, elle s’était lancée dans la pratique de la photographie en portraiturant de nombreux artistes tels que Man Ray, Marcel Duchamp ou Roland Topor dont elle était proche. Devenue correspondante de guerre au Vietnam en 1970, elle entre à l’agence Gamma en 1973 et couvre le conflit au Tchad entre 1975 et 1979 : à cette occasion, elle sort de la logique de l’instantané de guerre ; ses reportages, au long cours, impliquent une relation forte aux populations locales, relation qu’elle a cultivée tout au long de sa vie. Après des reportages de société en URSS, aux Etats-Unis puis en Chine, elle devient photographe de plateau notamment pour Maurice Pialat et les films de Catherine Deneuve. Dans les années 1990, elle couvre la fin de l’Apartheid, tout en réalisant des commandes dans la publicité et dans la mode, pour le magazine Vogue.
Le département des Estampes et de la photographie de la BnF conserve la mémoire de son travail au Tchad, sous la forme d’une série de tirages entrés par dépôt légal en 1976 : pour ces très beaux portraits, des combattants tchadiens ont pris la pose pour elle, en armes, hiératiques et dignes, devant un simple drap tendu, selon les modalités en pratique dans les studios africains. L’acquisition d’autres photographies de Marie-Laure de Decker pour les collections était en cours d’officialisation au moment de son décès : son célèbre autoportrait à l’appareil-photo ainsi que 16 portraits réalisés par elle dans les années 1960-1970. De Man Ray à Roland Topor, de Niki de Saint Phalle à Martial Raysse en passant par Erro, Roberto Matta, Jacques Monory ou encore Chi Sang Long, ces portraits viendront enrichir son œuvre à la BnF tout en s’inscrivant dans la tradition de collecte, par le département, de portraits des artistes dont il conserve les œuvres.