Pour rappel, tous les sites de la BnF sont fermés les mercredis 25 décembre et 1er janvier.
La BnF consacre une exposition aux manuscrits écrits dans des contextes extrêmes d’enfermement, de péril, de détresse, de folie, ou de passion. Quelque 150 manuscrits sont exposés, parmi lesquels on découvre des billets et notes de personnalités et d’auteurs connus. Feuillets et notes d’André Chénier, Napoléon Ier, Alfred Dreyfus, Guillaume Apollinaire ou Nathalie Sarraute y côtoient les mots d’anonymes, simples soldats, prisonniers, hommes et femmes ordinaires. Un propos sensible et encore jamais tenu dans une exposition.
L'exposition en détails
Qu’il s’agisse d’une lettre écrite en 1639 sur une écorce de bouleau, faute de papier, par un missionnaire au Canada, des derniers mots d’André Chénier avant d’être guillotiné, du journal de Marie Curie après le décès de son mari, de l’inscription portée par un détenu sous l’assise d’une chaise de la Gestapo ou de lettres d’Antonin Artaud, la valeur patrimoniale de ces textes réside en ce qu’ils offrent les souvenirs palpables d’histoires individuelles ou collectives extraordinaires. Dépositaires d’émotions non contenues, de sentiments pris sur le vif, ces billets, notes et lettres, rédigés souvent dans l’urgence, expriment ce que les manuels d’histoire ou les ouvrages critiques ne peuvent restituer : la façon dont des événements susceptibles de faire vaciller une existence ont été vécus de l’intérieur.
« Mais je garde mon crayon et mon carnet que je défends au péril de ma vie. Ce petit carnet qui contient là une preuve de ma triste vie. »
Anonyme, Carnet noir de l’Occupation
L’exposition s’organise selon quatre thèmes - prison, passion, péril, possession - quatre P qui évoquent ici les situations les plus difficiles auxquelles un être humain puisse être confronté. Au-delà des différences de circonstances dans lesquelles ces écrits ont été produits, tous témoignent d’une confiance désespérée dans les mots pour soutenir ce qui reste de vie encore possible quand tout, autour, vient l’infirmer.
Au fil du parcours, le visiteur découvre une sélection d’écrits profondément bouleversants. Écritures microscopiques, tourmentées, feuillets minuscules, papiers et encres de fortune sont autant de particularités graphiques et matérielles par lesquelles ces manuscrits font corps avec les événements vécus. La détresse, la folie, la passion s’y révèlent, non seulement dans le contenu textuel mais aussi dans la forme même de l’inscription.
L’exposition présente aussi bien des textes de personnalités ou d’écrivains célèbres, parmi lesquels Pascal, Sade, Marie -Antoinette, Auguste Blanqui, Stéphane Mallarmé, Henri Michaux, ou encore Marie Curie, Antonin Artaud, Arthur Adamov, Germaine Tillion et Jean-Dominique Bauby , que ceux d’inconnus ayant traversé des épreuves similaires. S’ils peuvent faire sens en tant qu’œuvre littéraire, les mots sont ici surtout une tentative désespérée de dire l’indicible. Ils sont l’expression de ce qui est véritablement en jeu pour un être humain, dans une guerre comme dans un hospice, dans toutes les épreuves qui menacent son humanité même : sa propre survie.
Commissariat :
Laurence Le Bras, conservatrice, département des Manuscrits, BnF
Catalogue de l’exposition Manuscrits de l’extrême. Prison, passion, péril, possession
BnF Editions
Infos pratiques
En raison du plan Vigipirate, seule l’entrée Est du site est accessible.
Horaires
Mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi :
10h00 - 19h00
Dimanche :
13h00 - 19h00
Fermé le lundi et les jours fériés. Fermeture des caisses à 18h.
Accès
Bibliothèque François-Mitterrand
Quai François Mauriac,
75706 Paris Cedex 13
Tarifs
Galerie
Revue de presse
Écrits avec de l’encre ou du sang, ces manuscrits exceptionnels de personnages célèbres ou anonymes, présentés par la Bibliothèque nationale de France François-Mitterrand, témoignent de ces instants tragiques où le destin bascule dans l’abîme. Frissons garantis.Lire l’article
Ils ont été écrits dans l’urgence, en prison, sur le chemin de la déportation, par des célébrités ou encore par des anonymes.
Sous un titre aussi beau qu’il est éloquent, Manuscrits de l’extrême expose à la Bibliothèque nationale de France des écrits rédigés dans la dernière urgence, dans le plus grand désarroi, au moment suprême où l’on va mourir, à l’instant de se perdre dans le délire, de s’anéantir dans la douleur ou la passion.
« Extrême » charrie le pire en politique, mais le meilleur en émotion. Comme j’aimerais vous faire partager la mienne à visiter l’exposition Les Manuscrits de l’extrême à la Bibliothèque nationale ! Des mots écrits dans des états d’extrêmes passions, douleurs ou détresses.
Ce sont ces documents absolus, ces documents miraculeusement recueillis et chéris que l’exposition de la Bnf nous confie pour que nous puissions à notre tour témoigner de ce qui a été…
Les Manuscrits de l’Extrême : didactique et transversale, mêlant littérature, histoire, politique, religion, découvertes, l’exposition offre une très belle et saisissante scénographie, dans des espaces aux teintes sourdes qui favorisent l’intimité avec le texte exposé.
La matérialité des manuscrits est très émouvante. Certains éléments au-delà des oeuvres sont magnifiques. Il est très fort d’écouter les textes, lire leur retranscription, et surtout de voir les objets. Stéphane Corréard