Pour rappel, tous les sites de la BnF sont fermés le mercredi 1er janvier.
À l’occasion du 40e anniversaire de l’abolition de la peine de mort, la BnF consacre une exposition à la bibliothèque de celui qui en fut le principal artisan, Robert Badinter. Miroir des engagements d’une vie et reflet de passions multiples, cette collection figure parmi les plus emblématiques de l’histoire des crimes et des peines en France.
L’exposition en détails
Il y a 40 ans, Robert Badinter portait devant les assemblées le texte de loi abolissant la peine capitale. Son combat pour l’abolition a marqué la mémoire collective, mais il ne peut résumer à lui seul la personnalité d’un homme qui a été tour à tour avocat, enseignant, homme politique, président du Conseil constitutionnel, et toujours écrivain. Son goût pour les livres et les documents d’archives l’ont conduit à constituer une collection personnelle qui est avant tout le reflet de ses passions : une vocation assumée « d’hugolâtre », la soif de comprendre la période révolutionnaire et ses grands hommes, le souci de documenter le combat pour l’émancipation des Juifs, l’affaire Dreyfus ou la condition pénitentiaire. La BnF expose à la bibliothèque de l’Arsenal plus de 80 documents issus de cet ensemble : autant de pièces qui tracent en creux le portrait d’un homme, qui a fait de l’humanisme et de sa passion pour la justice le moteur de toute une existence.
Un reflet des intérêts de Robert Badinter
La collection de Robert Badinter constitue un ensemble majeur consacré à l’histoire du crime et des peines : législation et traités criminels, manuscrits relatifs à la prison, complaintes criminelles, documents d’archives et œuvres graphiques. Cette collection se situe au croisement des différents métiers exercés par Robert Badinter dans la sphère du droit et de la justice. Elle témoigne surtout de l’intensité d’une carrière aux multiples facettes, et reflète ses intérêts tant professionnels qu’intellectuels et personnels, où le livre et l’écriture occupent une place de choix.
L’exposition distingue cinq ensembles, comme autant de portes ouvertes sur la collection, le parcours, les combats et les passions de Robert Badinter.
La lettre de la Constitution et la Déclaration des droits de l’homme
Robert Badinter a réuni l’intégralité des éditions des textes constitutionnels français. On trouve dans sa collection nombre de pièces rares, comme le texte du 3 septembre 1791, éphémère Constitution libérale. Cet ensemble comporte un spectaculaire exemplaire calligraphié de la Déclaration des droits de l’homme datant de 1790. Il reflète également l’intérêt pour la figure de Condorcet dont Robert et Élisabeth Badinter ont été les biographes.
Bastille, bagnes, prisons. La condition pénitentiaire
Le second fil rouge de cette collection touche à la prison et à la condition pénitentiaire à différentes époques. C’est tout d’abord l’ombre de la Bastille, dont la bibliothèque de l’Arsenal conserve les archives, qui domine cette question. Mais il existe d’autres lieux de détention, oubliés ou chassés de la mémoire collective, comme les bagnes portuaires de métropole, sur lesquels Robert Badinter a ressemblé des documents signifiants, à l’image du très bel ensemble graphique du peintre Letuaire, qui restitue la mémoire du bagne de Toulon.
Hommes et femmes devant la justice
La collection comporte des pièces fortes par ce qu’elles disent du parcours d’hommes et de femmes confrontés à la justice. Une lettre de cachet, un mandat d’arrêt signé par Robespierre, une complainte criminelle ou un extrait des archives du bagne portent avec eux autant de tragédies individuelles. À travers ces documents est restaurée l’humanité des hommes et des femmes aux prises avec la justice au fil des siècles.
La peine de mort et son abolition
L’ensemble rassemblé par Robert Badinter sur la peine de mort et son abolition est particulièrement symbolique. La BnF conserve dans ses fonds le manuscrit du discours prononcé devant l’Assemblée nationale le 17 septembre 1981. Ces feuillets fragiles couverts d’une écriture décidée sont exceptionnellement montrés au public à cette occasion. De multiples aspects de ce thème sont par ailleurs évoqués par les pièces réunies par Robert Badinter, depuis la pratique de la peine capitale sous l’Ancien Régime, l’évocation du docteur Guillotin, mais également les souvenirs personnels de son combat victorieux en 1981. Cet admirateur de Victor Hugo détient également des témoignages forts du combat inlassable de l’auteur du Dernier Jour d’un condamné au service de cette cause.
Contre le racisme, pour l’émancipation
Dans la lutte de Robert Badinter contre le racisme viennent se superposer démarche historique et engagement politique. Cet ensemble présente des documents interrogeant notamment le processus complexe d’émancipation-assimilation porté par la Révolution française au bénéfice des Juifs, cet objet historique auquel il a consacré son ouvrage Libres et égaux. L’émancipation des Juifs, 1789-1791. Sa collection est aussi le reflet d’un intérêt constant pour l’affaire Dreyfus, épisode fondateur, tant pour l’avocat que pour l’homme de gauche. Les documents présentés dans cette section rappellent la mémoire et les actions d’Alfred Dreyfus, Émile Zola, Georges Clemenceau ou Jean Jaurès : Une du journal L’Aurore portant le célèbre « J’accuse », exemplaire de La Vérité en marche de Zola dédicacé à Jaurès…
L’éclairage apporté par les collections patrimoniales de la BnF
La bibliothèque de l’Arsenal abrite les archives de la Bastille, source clé pour étudier la justice d’Ancien Régime. Avec d’autres pièces rares et remarquables, à l’image d’un projet de réforme pénale émanant du lieutenant du roi de la Bastille ou encore une édition sur vélin du fameux livre de Beccaria, Des délits et des peines, elles sont au cœur du propos de l’exposition qui s’attache aussi à des parcours individuels – embastillé, femme infanticide, bagnards. Les collections patrimoniales de la BnF éclairent ainsi la démarche d’un collectionneur qui, bien qu’il récuse le terme de bibliophile, s’est montré pionnier dans la constitution d’une collection sans pareille consacrée à l’histoire du crime et des peines.
Commissariat
Olivier Bosc, directeur de la bibliothèque de l’Arsenal, BnF
Une passion pour la justice. Dans la bibliothèque de Robert Badinter
Broché, 96 pages, 40 illustrations, 16,5 x 24 cm
30 €
Informations pratiques
Entrée libre et gratuite
Horaires
De mardi à dimanche
12 h – 19 h
Accès
Bibliothèque de l’Arsenal
1, rue de Sully – 75004 Paris
Entrée de l’exposition au bout de la rue de Sully (porte avec bannière)
Vidéo – Entretien avec Robert Badinter
Conférences
Revue de presse
Manuscrits, livres, gravures, correspondances… Les 80 documents présentés à la bibliothèque de l’Arsenal témoignent de la richesse de ce parcours, dont le fil rouge est la passion que Robert Badinter voue depuis le plus jeune âge à la justice et aux grands hommes qui ont su porter cet idéal.