Apocalypse – Immersion numérique dans le récit apocalyptique

À côté des nombreux chefs-d’œuvre provenant des fonds de la BnF comme des plus grandes collections européennes publiques et privées, l’exposition Apocalypse. Hier et demain donne à voir, grâce à des dispositifs numériques, des créations qui ont joué un rôle essentiel dans la diffusion de l’Apocalypse de Jean et de son iconographie du Moyen Âge jusqu’à aujourd’hui.

Plus d’informations sur l’exposition Apocalypse

Christ (sur un cheval blanc) lutte contre 3 cavaliers de l’Apocalypse (ff. 108v-109r), Beatus de Saint-Sever - BnF

 

La première partie de l’exposition plonge le visiteur au cœur des visions de Jean de Patmos en suivant le fil des différents épisodes qui les composent, des sept sceaux au Jugement dernier. Sculptures, peintures, vitraux et manuscrits enluminés témoignent de la résonance du texte au Moyen Âge et explicitent le sens originel d’un récit tout entier tendu vers la révélation. À cette occasion, deux créations médiévales majeures sont particulièrement mises en lumière grâce à des dispositifs numériques : la tenture de l’Apocalypse, aujourd’hui conservée par la DRAC Pays-de-Loire au château d’Angers, et le Beatus de Saint-Sever, fleuron des collections du département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France.

L’Apocalypse grandeur nature

Réalisée à la fin du XIVe siècle, la monumentale tapisserie de l’Apocalypse s’étendait à l’origine sur 140 mètres de long et 6 mètres de haut, soit 840 m² de superficie totale. Les panneaux qui la composent étaient régulièrement exposés dans la nef ou le transept de la cathédrale d’Angers à l’occasion de fêtes religieuses, afin que les fidèles découvrent, en une série de tableaux saisissants, les différentes étapes du récit biblique. « Si un prêt exceptionnel nous permet de montrer quelques fragments rarement présentés de la tenture de l’Apocalypse, il nous paraissait important de rendre compte du choc physique que produit l’ensemble de l’œuvre lorsqu’on y est confronté, explique Jeanne Brun, commissaire générale de l’exposition. C’est pourquoi nous avons choisi de projeter dans l’exposition les images, à l’échelle, de plusieurs panneaux photographiés en très haute définition. »

Le Beatus de Saint-Sever comme on ne l’a jamais vu

Sur les cimaises, sont également projetées des enluminures extraites du Beatus de Saint-Sever. Ce manuscrit, réalisé durant la seconde moitié du XIe siècle, est l’une des plus riches et somptueuses Apocalypses que nous a légué le Moyen Âge. « Ces images, polarisées autour de la lutte entre le Bien et le Mal, et de la victoire finale du premier sur le second ont inspiré quantité de chercheurs et artistes au cours des siècles, parmi lesquels Georges Bataille ou Pablo Picasso qui s’en est nourri pour réaliser Guernica », note Charlotte Denoël, cheffe du service des Manuscrits médiévaux et commissaire de l’exposition. À la présentation du manuscrit original s’ajoute la possibilité pour les visiteurs de feuilleter un fac-similé numérique enrichi de traductions et d’animations qui donnent vie aux figures très expressives de cette extraordinaire illustration du récit apocalyptique.

Mélanie Leroy-Terquem

L’Apocalypse dont vous êtes le héros

Après Le Royaume d’Istyald, lancé en 2019 à l’occasion de l’exposition sur J.R.R. Tolkien, la BnF propose un nouveau jeu vidéo, Mission Apocalypse, disponible en ligne gratuitement à partir du 5 février.

Le moine Beatus de Liébana en a perdu son latin : le manuscrit enluminé de son commentaire sur l’Apocalypse est sens dessus dessous ! Vous seul pouvez l’aider à y remettre de l’ordre : il vous faudra pour cela résoudre une série d’énigmes – rendre à chacun des cavaliers de l’Apocalypse son cheval et son attribut, rassembler les symboles des évangélistes, etc. Pour mieux le familiariser avec le récit et les motifs apocalyptiques, Mission Apocalypse plonge le joueur dans un univers graphique inspiré des enluminures du sublime Beatus de Saint-Sever, conservé dans les collections de la Bibliothèque et présenté dans l’exposition Apocalypse. Hier et demain. Nourri par les explications de la conservatrice Charlotte Denoël, cheffe du service des Manuscrits médiévaux et commissaire de l’exposition, le studio français indépendant La Belle Games a conçu un jeu vidéo accessible à tous depuis le site des Essentiels de la BnF (essentiels.bnf.fr).

Article paru dans Chroniques n° 102, janvier-mars 2025